[1993] Banque de données
 
BD – Design et culture matérielle

Le projet Design et culture matérielle tente d'enrichir les pratiques de design de regards interculturels et intergénérationnels et ce, autant dans le contexte universitaire que communautaire. Cette volonté implique la création d'une approche particulière et d'outils méthodologiques adaptés au contexte de nos interventions. L'un de ces outils est la banque de données interactive Design et culture matérielle (1993 ) , dont le corpus est constitué d'objets conservés par diverses institutions muséales, d'objets contemporains conçus dans le cadre de nos ateliers créatifs et d'objets encore en usage dans les communautés autochtones. La présence de ces derniers a pour objectif de permettre aux participants de s'identifier au contenu de la banque de données, puisque des objets de leur propre quotidien y sont intégrés. Cette incitation à l'identification est une étape clé de la méthode développée, qui garantit l'implication des participants et leur permet de constater notre réel intérêt pour leur culture. Le visionnement à l'écran d'objets usuels connus de tous, en co-présence avec des objets traditionnels, confère tout à coup une valeur particulière au vécu des participants, les met en confiance et permet de profiler des liens entre passé et présent.

La réalisation de ce musée virtuel visait d'abord à permettre aux créateurs d'objets (designers et artisans) d'avoir accès aux témoins de la culture matérielle des peuples autochtones, amérindiens et inuit, dont la plupart sont inaccessibles puisque conservés dans les réserves des musées; et à appuyer le contenu des ateliers créatifs offerts dans les communautés autochtones en opérant une sorte de rapatriement virtuel des chefs d'oeuvre de la culture traditionnelle des participants. Ce territoire virtuel permet aux concepteurs de découvrir des principes de design développés au cours de l'histoire par des designers de leur culture traditionnelle (identification) et d'autres cultures (comparaison).   Les concepts de fonction (à quoi sert l'objet), d'expression (comment parle l'objet), d'histoire (de quel vécu parle l'objet) et de technologies (matériaux, méthodes de fabrication) sont ainsi abordés. La banque de données sert à la fois des objectifs scientifiques (catalogage, description, analyse, comparaison) et esthétiques/artistiques (compréhension globale, évaluation qualitative, expression, expérience générée). Deux cents items d'information composent le regard à multiples facettes posé sur l'objet et son système.

Si l'identité se construit par la création et par l'affirmation face au regard de l'autre, c'est par la comparaison qu'elle se consolide, ce que permet la banque de données par l'acquisition de connaissances sur les autres cultures du design, traditionnelles et contemporaines. Au corpus d'objets traditionnels, s'ajoutent les créations contemporaines réalisées dans le cadre des différents ateliers. En entrant lui-même les données relatives à sa création à la banque de données, le concepteur inscrit son projet dans une lignée temporelle. La mise en relation de sa création avec des chefs-oeuvre de l'histoire de sa propre culture démontre à chaque participant que sa création mérite de cotoyer celles des anciens, opérant ainsi un lien intergénérationnel signifiant. Nous avons pu constater que cette inscription est significative surtout pour les jeunes faisant souvent face à de graves problèmes existentiels.

Depuis 2004, la banque de données Design et culture matérielle est l'objet de nouvelles expérimentations en vue de servir à l'inventaire participatif des communautés partenaires du projet Design et culture matérielle : développement communautaire et cultures autochtones.

Débuté en 1992 grâce à l'obtention d'une subvention du réseau des universités du Québec, avec la collaboration de Céline Poisson, professeur au département de design de l'université du Québec à Montréal, qui participa au projet en 1992 et 1993; et Pierre-André Vézina, designer. Le volet nordique a été principalement subventionné par le PFSN du ministère des affaires indiennes et du Nord; et par la Fondation de l'université du Québec à Chicoutimi.