Dossier

Rencontre avec Michel Belley

Michel Belley
Entrevue réalisée par Gilles Caron

Monsieur Michel Belley a obtenu un doctorat en finances de l’Université de Rennes (1984), après avoir complété une maîtrise en finances à l’Université de Sherbrooke (1977) et un baccalauréat en administration à l’Université du Québec à Chicoutimi (1973). À l’UQAC, M. Belley a occupé diverses fonctions de nature à la fois professorales (Département des sciences économiques et administratives) et de gestion comme directeur de programme (maîtrise en gestion de projets), en plus d’avoir assumé le poste de Doyen des Études avancées et de la Recherche de 1985 à 1990. Les intérêts de recherche et d’intervention en région de M. Belley sont bien connus. Signalons au passage la présidence du fonds d’investissement AMISK de 1994-1998.

M. Belley est un authentique produit de notre Université et de notre région.

Monsieur le recteur,

Question : Le fait d’être le premier diplômé du réseau de l’Université du Québec à assumer le poste de recteur d’une Institution du même réseau vous impose-t-il un niveau de responsabilités additionnel?

Réponse : Le fait d’être le premier diplômé d’un établissement du réseau à assumer le poste de recteur n’impose pas de soi un niveau de responsabilités ou de pression additionnel. C’est peut-être là davantage le signe évident d’un ancrage dans le paysage universitaire, la concrétisation pour l’Institution d’une durée, d’une permanence. Que l’UQAC soit désormais en mesure de recruter ses propres diplômés à des postes de professeurs ou gestionnaires marque sans doute une étape importante dans le vécu institutionnel. Par ailleurs, le fait d’avoir œuvré tant comme étudiant que comme professeur et gestionnaire au sein de l’UQAC me donne une vision certainement plus intimiste de l’Institution et à cet égard m’amène à être probablement plus conscient des responsabilités qui m’incombent. Compte tenu de la proximité que j’ai pu assumer avec l’Institution au cours des ans, beaucoup me connaissent et le niveau d’attente à mon égard peut être important.

Ceci dit, le fait d’être diplômé d’une jeune institution a certainement imposé au début un niveau de responsabilités particulier. Les diplômés des premières cohortes de l’UQAC ont eu à imposer leurs compétences et, à ce titre, ce sont eux qui ont donné de la crédibilité au diplôme et au fait d’être issu de cette Institution. Si les diplômés de l’UQAC sont aujourd’hui recherchés et ne souffrent d’aucun complexe, tant sur le marché du travail que dans leur progression aux études avancées, si aujourd’hui l’UQAC est une Institution reconnue qui n’a plus à justifier sa présence comme établissement universitaire, c’est à eux et à la qualité des enseignants des premières heures qu’on le doit.

Nos chercheurs, de la même façon ont eu et ont toujours à imposer par l’excellence de leurs travaux leur place et la place de l’UQAC auprès des grands organismes subventionnaires. Dans un contexte où les règles du jeu valorisent l’appartenance à de « grandes équipes », ou le type de recherche que nous réalisons ici à l’UQAC est davantage de nature appliquée, souvent en partenariat avec le milieu, nos chercheurs n’ont pas eu la vie facile.

Question : Compte tenu de la connaissance presque intime que vous avez de cette Institution, vous avez certainement votre perception des défis auxquels est confronté cet établissement. Dans 10 ans, l’UQAC ressemblera à quoi?

Réponse : J’ai eu l’occasion à quelques reprises de m’attarder aux grands défis auxquels selon moi nous sommes confrontés. Mon prédécesseur, Bernard Angers, aimait utiliser l’expression « protéger notre butin », c’est-à-dire maintenir notre place au sein du réseau des institutions universitaires du Québec. Premier défi donc, assurer notre positionnement comme Institution universitaire dans un contexte extrêmement contraignant sur le plan des ressources. Ceci passe à l’interne par un effort visant à rééquilibrer les ressources entre secteurs, et ce, sans démobilisation de qui que ce soit. Second défi, créer un contexte propice à l’éclosion de « quelques bonnes idées » qui viendront compléter nos secteurs dominants actuels. M. Riverin, à l’époque, avait amorcé le virage vers l’aluminium et la forêt, deux secteurs majeurs chez-nous aujourd’hui et dont nous commençons à peine à retirer les bénéfices. Dans dix ans donc, nous aurons, je l’espère, modifié le cadre interne d’allocation des ressources afin de permettre aux dynamismes internes de mieux s’exprimer et nous aurons enclenché la diversification de nos activités et champs d’intervention dans des secteurs autres en appui à nos secteurs d’excellence actuels.

Question : Vous êtes connu pour votre implication dans le devenir de notre région. Je présume que cette implication se maintiendra?

Réponse : En effet, l’UQAC s’est développée en symbiose avec sa région au sens large. Notre recherche s’est articulée en appui au développement de nos organisations régionales. Ceci d’ailleurs a posé et pose toujours des problèmes à certains, entre autres au niveau des subventions de recherche, par exemple. Notre implication dans le secteur de l’aluminium est bien connue. Le prochain secteur à explorer est celui de la transformation du bois pour lequel nous devons développer de la valeur ajoutée. L’avenir est à la multiplication des consortiums entre l’UQAC et la région et ce, dans des secteurs multiples.