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Le «Bois Perdure» niche à l’UQAC

La technologie «Bois Perdure» est d'excellente qualité pour l'ébénisterie
Une nouvelle technologie de séchage du bois à haute température nommée «Bois Perdure» est sur le point de faire une première percée en Amérique du Nord, plus précisément à l’Université du Québec à Chicoutimi, où d’ici peu, une infrastructure de recherche complète sera mise de l’avant. Les deux partenaires de cette entreprise, l’UQAC et la firme PCI Industries bénéficient d’une subvention du ministère de la Recherche de la Science et de la Technologie de 1,12 M $.

La subvention d’investissement annoncée par Québec permettra l’acquisition et l’installation d’un four «Bois Perdure» sur le campus de l’UQAC, la construction d’une bâtisse, l’achat d’équipement pour la manutention et l’entreposage des échantillons et l’achat d’équipements scientifiques pour l’acquisition et l’analyse des données provenant des essais effectués par les chercheurs. L’effort du gouvernement québécois va ainsi favoriser l’émergence d’une expertise scientifique unique en Amérique du Nord, tout en permettant aux chercheurs de l’UQAC et au Québec tout entier d’entrer dans un réseau d’experts actuellement limité à l’Europe.

À l’UQAC, on mise sur une nouvelle dynamique entre des expertises institutionnelles développées dans des contextes différents. Ainsi, les domaines de la science du bois, du génie mécanique, de l’ingénierie des procédés industriels à haute température ainsi que de l’extraction et l’analyse des extractibles du bois vont joindre leurs efforts à ceux de la collectivité pour le développement de la valeur ajoutée et de la diversification des produits tirés de la forêt boréale.

À moyen terme, la disponibilité d’un tel four expérimental et d’une expertise universitaire chez nous représente une opportunité pour les utilisateurs de cette nouvelle technologie pour travailler à l’élaboration de nouveaux produits dans le cadre de contrats de recherche avec l’UQAC. Ce rapprochement université entreprise va favoriser le transfert des connaissances, l’orientation de la recherche et la formation de personnel.

Pour Michel Belley, recteur de l’Université du Québec à Chicoutimi, l’annonce aujourd’hui de ce projet de recherche et de développement relié à transformation du bois nous ouvre grande la porte pour que notre région et l’Université deviennent des leaders dans ce domaine: «Nous possédons une forêt exceptionnelle, qui fait vivre cette région depuis longtemps. Les chercheurs de l’UQAC travaillent fort pour en assurer la régénération et maintenant ils travailleront à maximiser son utilisation. Nous avons tous ensemble l’obligation, comme nous l’avons fait pour l’aluminium, de travailler à mettre en place un centre de transformation du bois. Aujourd’hui nous venons d’y mettre la première pierre. », a déclaré le recteur Belley.

En plus de viser la maîtrise de cette technologie pour le traitement des essences de nos forêts québécoises, le partenariat entre l’Université du Québec à Chicoutimi et les autres partenaires permet d’envisager un accroissement de la valeur ajoutée associée à ce procédé. En effet, chaque fournée produit environ 15 litres d’un lixiviat provenant du bois à l’intérieur du four. Pour les chercheurs de l’UQAC spécialistes de l’identification et de l’extraction des composantes chimiques des essences de la forêt boréale, ce lixiviat est loin de représenter un déchet puisqu’ils y voient un mélange de nombreuses substances naturelles potentiellement utilisables à des fins pharmacologiques ou autres.

À l’Université, trois chercheurs principaux seront mobilisés pour ce projet : Dr Cornelia Krause, spécialiste des sciences du bois, Dr Duygu Kocaefe, spécialiste de la modélisation mathématique des systèmes industriels, Dr André Pichette, spécialiste de l’isolation et de l’identification des composés chimiques extractibles des essences de la forêt boréale. Ces chercheurs pourront compter sur les étudiants des programmes de cycles supérieurs de l’UQAC ainsi que sur la collaboration d’autres personnels.

Caractéristiques de la technologie «Bois Perdure»

La technologie d’origine européenne «Bois Perdure» permet de traiter le bois à très haute température. Aucun procédé du genre n’existe actuellement en Amérique du Nord. Développée en France, cette technologie utilise des températures de séchage entre 180 et 230oC. Pour fins de comparaison, les séchoirs utilisés actuellement par l’industrie peuvent atteindre des températures maximales d’environ 100oC. Le produit qui résulte de la technologie «Bois Perdure» est un bois naturel traité par voie thermique sous atmosphère contrôlée, sans adjonction de produit chimique. Ainsi traité, le bois acquiert une coloration intéressante pour les produits finis, voit sa dureté et sa stabilité dimensionnelle augmentées de façon importante et développe une meilleure résistance à la dégradation face aux insectes et aux micro-organismes. Il a cependant perdu une partie de son élasticité ce qui limite son utilisation dans le domaine de la construction, surtout pour les structures et les charpentes. Cette technologie pourrait également permettre à l’industrie québécoise du bois traité d’envisager l’utilisation de substituts au bois traité à l’arséniate de cuivre chromé (CCA) et à l’huile (créosote et le pentachlorophénol) de manière à faire face aux exigences environnementales de plus en plus importantes.