Chronique

Fouiller dans les poubelles pour mieux comprendre

GESTION - Des bacs pour la récupération des matières recyclables seront installés, selon les besoins, dans l'ensemble de l'Université du Québec à Chicoutimi, sous l'initiative du stagiaire en Éco-Conseil Jacques Blanchet. (Photo Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI (CJG) – Si fouiller les ordures n’est pas le dada de la grande majorité de la population, les membres du comité d’environnement de l’Université du Québec à Chicoutimi, supervisés par le stagiaire en Éco-Conseil Jacques Blanchet, ont débroussaillé les poubelles du pavillon principal de l’institution, à la découverte des habitudes de gestion des déchets.

Deux nuits auront suffit à ce groupe pour identifier les sacs, les vider et les fouiller de fond en comble. En effet, l’ensemble des résidus et déchets que contenaient les poubelles des bureaux, des classes et des laboratoires ont été fouillés. Papier, plastique ou matières compostables, les découvertes qui ont été triées en 13 catégorie sont surprenantes. En effet, les recherches ont permis de démontrer que 500 kilogrammes de déchets sont produits quotidiennement entre les murs de l’Université du Québec à Chicoutimi. En extrapolant les résultats, Jacques Blanchet a établit que sur les 100 000 kilogrammes de déchets produits annuellement, 68 000 kilogrammes pourraient être récupérés. Ainsi, 68% de ce qui est présentement jeté pourrait être récupéré. En faisant une gestion efficace de ces déchets uniquement, l’institution dépasse l’objectif d’atteindre les 65% de recyclage des matières résiduelles tel que proposé par Recyc-Québec. «Dans ce contexte, l’UQAC veut démontrer que c’est faisable et facile d’atteindre, en un an, ce pourcentage d’amélioration. Même que je vise la récupération de 75% des déchets», lance Jacques Blanchet. Pour ce stagiaire en Éco-Conseil, les idées sont bien en place pour arriver à une gestion durable des déchets, mais pour arriver à cela, il faut partir de la base qui, pour lui, est le tri ou plutôt la connaissance du tri des déchets et la bonne façon de le faire. C’est pourquoi, dès janvier, des îlots de récupération seront installés dans l’ensemble de l’Université du Québec à Chicoutimi, Le plastique, le papier et les déchets ultimes auront donc leurs lieux de dépôt bien précis. Le centre social et la cafétéria verront aussi apparaître un bac pour les restants d’aliments. L’idée d’un comptoir de «désservice» trotte même dans la tête du stagiaire. Une fois le repas mangé, l’utilisateur devra vider son plateau en déposant les effets qu’il contient aux endroits appropriés. De cette façon, chacun fait son effort personnel et est par le fait même conscientisé à la gestion durable des déchets. «On veut avoir une efficacité rapidement», lance Jacques Blanchet, en affirmant que les actions sont donc mises de l’avant afin de «connaître ce que l’on consomme pour les traite le plus efficacement possible. L’objectif ultime, c’est de ne plus rien envoyer au centre de tri, que tout soit fait ici même».

Par cette conscientisation environnementale, Jacques Blanchet souhaite développer de nouveaux et meilleurs comportements humains face à la gestion des déchets. «Il reste à voir à quel point et comment les gens sont prêts à changer», explique-t-il. Et pour ce faire, du travail reste à faire. Une équipe de sensibilisation s’efforcera donc, dans les prochains mois, à monter un programme d’information sur la gestion durable des déchets et de former des gens qui auront la charge d’informer le milieu universitaire des actions à poser. «C’est bien beau d’avoir les ressources, mais il faut que les utilisateurs sachent que ça existe et surtout, qu’ils sachent comment bien utiliser ce système». Et afin de généraliser d’autant plus ces pratiques environnementales, une méthode d’identification des lieux de dépôt des matières recyclables a été développée à l’échelle provinciale. Ainsi, une signalétique commune à l’ensemble de la province identifiera les lieux de dépôt, selon les matières.

Intérêt

«L’intérêt, pour l’université du Québec à Chicoutimi, c’est d’être un leader et démontrer qu’on fait notre part. Il faut trouver des solutions pour pouvoir ensuite faire le transfert des connaissances», estime Jacques Blanchet, en ajoutant que le cégep de Chicoutimi et l’Hôpital de Chicoutimi demeurent attentifs à ces percées. Dans un avenir assez rapproché, ces deux autres institutions régionales pourraient tenter la même chose, espérant un effet domino sur l’ensemble de la région.