Chronique

Découvrir tous les secrets des minéraux

Sarah-Janes Barnes, responsable de la Chaire de recherche du Canada en métallogénie magmatique et Paul Bédard, responsable des laboratoires de géologie. Photo : Jeannot Lévesque
CHICOUTIMI (FSTG) – « La ressource forestière est facile à voir dans le paysage québécois; il y a des arbres partout. La ressource minérale s’avère beaucoup plus difficile à voir. Elle est souvent recouverte d’un couvert végétal ou encore elle se retrouve sous terre. Nous pourrions avoir les deux pieds sur un gisement et ne pas le savoir ».

C’est ainsi que Paul Bédard, responsable des laboratoires de géologie de l’Université du Québec à Chicoutimi résume le défi qui motive les travaux de la Chaire de recherche du Canada en métallogénie magmatique. Sous la responsabilité de la professeure-chercheure Sarah-Jane Barnes, cette Chaire se penche, depuis 2003, sur l’étude de la roche issue de l’ancienne activité volcanique de la région; roche qui forme actuellement la majorité du couvert minéral du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Madame Barnes explique qu’à l’origine, la région disposait de ses volcans, qui se trouvaient à une quinzaine de kilomètres au-dessus de la surface actuelle de la Terre. Au fil du temps, un processus d’érosion a mis fin à cette activité volcanique. La surface s’est érodée, mettant à nu la surface et les roches sur lesquelles nous vivons présentement. Bref, les roches qui se trouvent en abondance au Saguenay–Lac-Saint-Jean proviennent donc du magma solidifié et transformé. Un peu comme si nous marchions et vivions sur le fond des réservoirs de lave des anciens volcans…

Évidemment, ces roches contiennent des métaux ou des minéraux particuliers susceptibles d’être exploités, comme le diamant, le granite, le vanadium, le nickel, le platine ou le titane. Mais, encore faut-il être en mesure de trouver ces gisements et d’en déterminer la concentration! C’est là qu’interviennent les recherches menées par la Chaire de l’UQAC.

« On retrouve des gisements importants de métaux ou de certains minéraux qu’à des endroits très précis, là où des phénomènes particuliers se sont combinés pour les former. Nous devons trouver comment et pourquoi Dame nature a permis cela à ces endroits. Si nous parvenons à déterminer les critères et les processus qui conduisent à la formation d’un métal, et bien nous parviendrons à mieux déterminer les sites où les gisements intéressants se trouvent », précise Paul Bédard.

Pour ce faire, étudiants et professeurs-chercheurs associés à la Chaire en métallogénie magmatique analysent des roches d’origine magmatique en provenance des quatre coins de la région, mais aussi du reste du monde, comme des roches magmatiques africaines. Certains projets de doctorat visent même à recréer, artificiellement en laboratoire, des gisements afin de mieux comprendre leur procédé de création et les forces qui y entrent en ligne de compte.

Déjà, ces travaux ont permis de raffiner les méthodes de recherche de minéraux et de métaux couramment utilisées.

« Les processus de création des métaux nécessitent des particules, des éléments précis. Ce sont des empreintes digitales du procédé. En recherchant la proportion de ces mêmes éléments dans les échantillons, nous pouvons mieux déterminer les endroits où il pourrait y avoir des gisements exploitables; on peut les retracer. Nous avons contribué à mettre au point des outils de calcul allant en ce sens », souligne Sarah-Jane Barnes.

Des outils forts utiles, entre autres, dans la recherche aux gisements diamantaires québécois censés se trouver quelque part dans les monts Otish…

La géologie touche à bien des domaines
Des finissants très recherchés

CHICOUTIMI (FSTG) – Le domaine de la géologie est mal connu et mésestimé du grand public. Pourtant, on s’arrache les étudiants finissants en cette matière, qui sont appelés à œuvrer dans toutes les sphères d’activités, y compris dans les forces de l’ordre et à la Gendarmerie Royale du Canada!

« La géologie, ce n’est pas seulement l’affaire de la prospection, la collecte et l’analyse de roches. Elle a des liens avec la chimie, l’archéologie, l’environnement », souligne la professeure-chercheure Sarah-Jane Barnes.

De son côté, Paul Bédard illustre que les finissants en géologie sont appelés à travailler partout : dans les exploitations minières; dans les ministères chargés de constructions, parce que celles-ci reposent toujours sur le sol, il faut donc en connaître la structure, et même, dans la police.

« La géologie comporte des aspects médico-légaux. Les géologues peuvent analyser les sols, la boue, les types de minéraux afin de faire des liens entre des suspects et des indices, pour lier des objets entre eux, montrer que quelqu’un a marché à certains endroits. Nos étudiants de tous les niveaux sont très sollicités », dit-il.

Quant aux ressources minérales qui pourraient un jour faire la renommée de la région, les deux spécialistes expliquent que ce sont les avancées de la science qui vont dicter l’état du marché et les éléments intéressants à mettre en exploitation.

À titre d’exemple, le palladium n’avait pas une grande valeur, jusqu’à ce que le développement de la téléphonie cellulaire fasse exploser la demande de ce métal.

Un jour le titane et le vanadium, présents en assez grande quantité au Saguenay–Lac-Saint-Jean, pourraient être exportés à grande échelle.