Chronique

Marc Girard connaît encore mal le plus célèbre livre de l’histoire40 ans à étudier la Bible

RECONNU – Les nombreux articles et ouvrages écrits par le prêtre Marc Girard, également professeur et chercheur à l'UQAC, lui valent une reconnaissance internationale, notamment en matière de traduction des textes sacrés et de symbologie religieuse. (Photo : Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI (FSTG) – « J’étudie la Bible depuis plus de 40 ans. Pourtant, je ne la connais que très peu. La Bible se montre d’une richesse et d’une profondeur inépuisable parce qu’elle se révèle le patrimoine d’un peuple entier et qu’elle renferme l’ensemble des symboles universels de l’humanité ».

Reconnu comme un chercheur de pointe au niveau international, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et prêtre proche de l’actuel pape Benoît XVI, Marc Girard s’est attaqué il y a plusieurs années aux textes contenus dans le livre le plus célèbre de l’histoire. Plus précisément, Marc Girard étudie les meilleures façons de traduire les textes sacrés de la Bible. Il cherche le moyen de les revitaliser afin qu’ils reprennent leur sens et leur dimension profonde. Un défi colossal qui prend l’ampleur d’une vie entière.

« Un dicton italien affirme qu’un traducteur est d’abord un traître. Il se révèle très difficile de traduire un texte et toute sa signification dans une autre langue. Cela est d’autant plus vrai avec la Bible parce qu’elle contient des textes mystérieux et des concepts profonds », soutient Marc Girard.

Patiemment, il a mis au point une approche plus globale qui cherche à transposer le sens entier des textes au lieu de faire de la transposition mots par mots et phrases par phrases. Il traduit plutôt d’une culture à une autre culture.

Il a ainsi collaboré aux plus récents ouvrages de traduction de la Bible en français. Il a aussi publié de nombreux articles de vulgarisation et de simplification de textes sacrés, ce qui lui a valu de multiples séjours à Rome et à l’étranger. Son travail, reconnu mondialement, lui a permis de publier plusieurs ouvrages à travers le monde. Mais il permet surtout de mieux saisir l’essence des textes de la Bible.

Le chercheur va toutefois encore plus loin dans ses travaux. Il se penche également sur les nombreux symboles évoqués dans le célèbre livre. Selon Marc Girard, l’ouvrage renferme des allusions universelles qui représentent l’ensemble des grands passages de la vie d’un homme. Il cherche même à comparer ces passages à certains symboles présentés en psychologie et en philosophie modernes.

« Dans l’humanité, il y a peu de grands symboles, de grands passages. On retrouve la naissance, l’adolescence, le mariage, la maladie, la mort. Ces éléments de la vie sont universels. Ils en sont l’essence. Si on revient à ces éléments de base, ont revient à l’humanité même de l’homme. On le marque au fer rouge. On donne un sens et on comprend mieux l’existence », illustre-t-il.

« Notre société occidentale a en quelque sorte inhibé ces symboles. Il nous faut les réveiller. Pour cela, il faut réapprendre à aborder les textes sacrés pour ce qu’ils sont vraiment, pas selon notre conception et notre mentalité », poursuit Marc Girard.

Même en 2006, alors que le Québec semble tourner de plus en plus le dos à la religion, le prêtre-chercheur croit la chose toujours possible. Pour l’Église, il entrevoit les prochaines années avec un certain optimisme.

« On sent qu’il y a encore de l’ouverture aux religions et à la spiritualité. Divers courants religieux et même des sectes font des percées. Je ne crois pas que ce soit le fond de l’Église catholique qui pose problème mais plutôt sa pédagogie et ses cadres moraux. Cela aussi est en train de changer. Je peux certifier que le pape se montre ouvert à la révision de la pédagogie de l’Église. Les valeurs de base ne changeront pas, mais l’image sera différente, plus ouverte et moins rigide et structuré. Il s’agit d’un passage nécessaire afin qu’elle revive. C’est normal », assure Marc Girard.