Dossier

Une perception à changer

JEUNES - Le professeur-chercheur en géographie et en urbanisme à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Martin Simard travaille à décortiquer le mouvement migratoire des jeunes de Saguenay. Il estime que le portrait n'est pas aussi sombre qu'il apparaît. (Photo Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI (FSTG) – « On parle beaucoup dans la région du phénomène de migration des jeunes. Il s’agit d’un problème important mais nous avons plutôt tendance à l’amplifier ce qui contribue à l’accentuer. Nous devons y réfléchir de façon sereine, de manière posée afin de le comprendre et de trouver des solutions. »

Professeur-chercheur en géographie et en urbanisme à l’Université du Québec à Chicoutimi, Martin Simard travaille justement à décortiquer le mouvement migratoire des jeunes de Saguenay. En compagnie des étudiants Valérie Fortin et Simon Ouellet, il enquête auprès d’eux afin de découvrir ce qui se cache derrière cette tendance que les médias ont baptisé « Exode des jeunes ». Ses conclusions remettent les choses en perspective. Elles renversent même les données des problèmes qui font en sorte que la population régionale vieillit et diminue lentement.

« Nos recherches démontrent que 75 % des résidants de 30 ans se trouvaient ici dix ans auparavant. Cela prouve que même si les jeunes bougent beaucoup plusieurs reviennent, entre autres, après leurs études. Ils ne partent donc pas tous définitivement. Un phénomène d’attraction des grands centres a toujours existé, dans toutes les régions. Nous le constatons par contre plus vivement maintenant, en raison de la baisse de natalité », explique Martin Simard.

Grâce à ses travaux, le chercheur constate également que les jeunes âgés entre 20 et 29 ans de Saguenay ont une bonne opinion de leur ville. Ce n’est donc pas la raison qui les pousse à aller voir ailleurs. Ils sont plutôt motivés par la poursuite de leurs études, par la recherche d’un travail ou par le simple goût des voyages et des découvertes. Une fois cette période terminée, plusieurs souhaitent revenir s’y installer. Selon Martin Simard, le problème réside plutôt dans le fait que la sous-région du Saguenay n’attire pas les jeunes originaires de l’extérieur.

« Ceux d’ici ont une bonne perception de la ville et de la région. Par contre, Saguenay ne parvient pas à attirer les jeunes d’ailleurs. C’est plus inquiétant. La ville a un problème d’image et de perception. Cela provient en partie du fait que l’on dramatise, que l’on évoque trop le phénomène de migration. On crée un cercle vicieux qui n’aide pas à attirer les jeunes », affirme le professeur-chercheur.

Ce dernier croit que la solution au problème de migration des jeunes passe par un changement de perception face à ce phénomène. « Nous devons mieux le comprendre, nous ouvrir davantage à l’extérieur et travailler à attirer les jeunes plutôt que de viser à les retenir », dit-il. En ce sens, le Regroupement action-jeunesse 02 et le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture supportent les travaux réalisés à l’UQAC.

En attendant, ceux-ci permettent de lever le voile sur les intentions des jeunes du Saguenay. Entre autres, les jeunes de Chicoutimi et de Jonquière se montrent moins attachés à leur milieu et plus susceptibles de quitter vers les grands centres que ceux habitant les zones rurales (Shipshaw, Canton Tremblay…) et La Baie.