Chronique

La protéomique – Un travail de longue haleine
PROTÉOMIQUE - Valérie Legendre-Guillemin, professeure de biologie cellulaire et moléculaire à l'UQAC veut dénombrer et analyser les protéines contenues dans les gènes du corps humain. (Photo Jeannot Lévesque)

CHICOUTIMI – Dénombrer et analyser toutes les protéines des 50 000 gènes du corps humain pour comprendre leur structure et trouver des remèdes, c’est le défi auquel s’attaque Valérie Legendre-Guillemin, une nouvelle chercheuse de l’UQAC. Mme Legendre-Guillemin prévoit analyser plusieurs gènes au cours des prochaines années, mais elle ne les étudiera pas tous. Elle veut en laisser aux autres, après tout, il y en a pour tout le monde! Inutile de préciser que cette spécialiste de la protéomique s’attaque à un travail de longue haleine, car dans chaque gène se retrouve une quantité énorme de protéines. Toutefois, elle estime que cela vaut la peine puisque plusieurs personnes pourront profiter de ses analyses dans un avenir éloigné.

Protéomique?

La protéomique, c’est la science qui étudie l’ensemble des protéines d’une cellule. « Concrètement, la protéomique vise à identifier les protéines extraites, déterminer où elles se retrouvent, quelles sont leurs fonctions et comment les protéines communiquent entre elles », explique la chercheuse. De plus, la protéomique permet de comparer deux cellules, dont une normale et une malade. Dans la cellule porteuse de la maladie, le gène est muté ce qui entraîne un dysfonctionnement des protéines de ce gène. Une fois la fonction et la structure de la protéine identifiées, un médicament pourra être développé. « La molécule chimique du médicament viendra alors se greffer sur la structure de la protéine déficiente », précise Mme Legendre-Guillemin.

Un catalogue

Le but de cette recherche est de créer un catalogue en collaboration avec plusieurs autres chercheurs où se retrouveront identifiées toutes les protéines des 50 000 gènes. Depuis 2001, l’identification des gènes humains est terminée. « Maintenant, nous voulons connaître, comprendre et identifier toutes les protéines humaines », précise la chercheuse. Une fois cette opération effectuée, les chercheurs seront en mesure de comprendre comment une maladie s’installe et bien sûr trouver des agents thérapeutiques.

Plusieurs maladies à l’étude

La chercheuse étudie les protéines de plusieurs maladies afin de déterminer leur structure et trouver des solutions. Il y a notamment l’asthme, une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires qui touche plus de 2 250 000 Canadiens. Elle s’intéresse également à l’épidermolyse bulleuse, une infection cutanée héréditaire qui se caractérise par un décollement de la peau et des muqueuses sous forme de bulles lors du moindre frottement ou traumatisme. Finalement, Valérie Legendre-Guillemin se penche sur deux maladies typiquement régionales, soit l’acidose lactique et l’ataxie de Charlevoix-Saguenay.

Un parcours très impressionnant

Cette professeure de biologie cellulaire et moléculaire est arrivée au mois d’août dernier à l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle a une feuille de route impressionnante. Elle a fait un doctorat en immunologie à Marseille et elle a fait son postdoctorat à Harvard. Finalement, elle a passé six ans à l’Institut de neurologie de McGill avant d’arriver à l’UQAC. Dès septembre prochain, elle devrait avoir son propre laboratoire afin de mener à bien ses recherches.

Un texte de Catherine Bergeron
cbergeron@lequotidien.com

ÉQUIPE - Voici toute l'équipe de recherche qui travaille sur la protéomique : Marie-Josée Girard, Annie Chamberland, Valérie Legendre-Guillemin, Charleen Salesse et Angélique Longtin. (Photo Jeannot Lévesque)La protéine - Cette figure représente la structure tridimensionnelle d'une partie d'une protéine importante pour maintenir l'architecture de la cellule. La connaissance de la structure tridimensionnelle d'une protéine aide à la compréhension de sa fonction et à l'élaboration de cibles thérapeutiques.
La protéine - Cette figure représente la structure tridimensionnelle d'une partie d'une protéine importante pour maintenir l'architecture de la cellule. La connaissance de la structure tridimensionnelle d'une protéine aide à la compréhension de sa fonction et à l'élaboration de cibles thérapeutiques.