Chronique

Études et travail à temps plein – Des statistiques inquiétantes

Pour sensibiliser les étudiants et les professeurs à la conciliation travail-études, Carole Dion, doyenne des études de premier cycle à l'UQAC, organise pour la première fois le jeudi 2 octobre 2008, la journée Réussite. (Photo Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI – Plus de la moitié des étudiants de l’UQAC occupent un emploi, et de ce nombre, la plupart le font à temps plein. « C’est très inquiétant, croit Carole Dion, doyenne des études de premier cycle à l’UQAC.

Surtout lorsqu’on sait que ceux qui ont un emploi à temps plein réussissent moins bien leurs études. Comment voulez-vous qu’un jeune qui travaille plus de 30 heures par semaine excelle dans ses cours ? »

Inquiète de ce phénomène grandissant, Mme Dion organise pour la première fois, le jeudi 2 octobre dès 11 h 45 au local P0-5000 du Pavillon principal de l’UQAC la journée Réussite, événement qui devrait, en principe, revenir année après année. Plusieurs conférences et ateliers seront offerts aux étudiants et aux professeurs dans le but de les sensibiliser à cette nouvelle réalité. « Les professeurs aussi doivent s’adapter. Par exemple, il ont à mieux conseiller le jeune sur la façon d’étudier dans un plus court délai », précise la doyenne.

Travailler à l’extérieur de l’université n’est pas mauvais en soi, même qu’on peut en retirer plusieurs bénéfices, selon Mme Dion. L’étudiant peut tester le marché et prendre des responsabilités.

Toutefois, l’effet négatif qui revient le plus souvent demeure bien sûr la mauvaise gestion du temps. « Beaucoup d’étudiants arrivent à l’université et sont fatigués, raconte Carole Dion, également professeure au Département des sciences de l’éducation et de psychologie. Cette mauvaise gestion de l’emploi du temps entraîne des échecs, car les études prennent moins de place dans la vie quotidienne du jeune travailleur. S’il apprend à concilier emploi et études, je pense que ce serait enrichissant pour l’étudiant de vivre ces expériences. Par contre, il doit connaître les conséquences de ses actions. C’est pourquoi nous avons planifié cette journée. »

Des employeurs peu coopératifs ?

Est-ce que les entreprises ont une part de responsabilités dans la réussite scolaire et éducative des jeunes ? Certainement, affirme Mme Dion. Plusieurs étudiants sont conscients du risque d’échec s’ils consacrent peu de temps aux études. Cependant, les jeunes téméraires continuent de prendre cette direction. Chacun sa raison. Certains le font pour subvenir à leurs besoins. D’autres veulent s’acheter le dernier gadget à la mode ou aller au Costa Rica pour décompresser. Cependant, plusieurs travaillent énormément par peur de perdre leur emploi. Souvent, les employeurs demandent aux jeunes une grande disponibilité. « Notre responsable de l’emploi aux Services aux étudiants a même déjà fait des approches en ce sens vers les employeurs, compte tenu que les étudiants évoquaient souvent cette raison. « Cependant, les jeunes doivent communiquer et négocier avec leur patron. »

Premier cycle

Ce sont surtout les étudiants au premier cycle universitaire qui travaillent le plus en dehors de leur établissement scolaire. « Ceux à la maîtrise ou au doctorat sont souvent rémunérés pour faire la recherche. C’est vrai que c’est plus difficile pour un étudiant au « bac » d’obtenir un poste ici, mais on le fait fréquemment. C’est mieux pour un jeune de travailler dans son contexte d’études, et c’est ce qu’on privilégie. »

Adultes de retour aux études – Encadrement particulier

CHICOUTIMI (LL) – De plus en plus d’étudiants « adultes » font un retour aux études universitaires. Pour intégrer plus facilement cette clientèle, souvent éloignée de ses collègues plus jeunes, l’UQAC offre un encadrement bien différent.

« Les personnes qui font un retour aux études n’ont pas le même cheminement », explique Madame Dion, doyenne des études de premier cycle. Ils doivent se réhabituer aux travaux scolaires, au travail intellectuel, il faut ajouter à cela la famille. Bref, c’est tout un défi de tout concilier. »

« Le Retour », projet né l’an dernier à l’UQAC, vient maintenant à la rescousse de cette clientèle. Crée par des étudiants en psychologie, le projet se veut un lieu de rencontre et de partage entre ces personnes souvent plus âgées. « Ils se rencontrent une fois par mois et ils discutent de plein de choses, dont les méthodes de travail », détaille Mme Dion.

Toutefois, « Le Retour » s’adresse encore uniquement aux étudiants en psychologie, mais qu’à cela ne tienne, l’UQAC tente d’ouvrir ce projet à l’ensemble des programmes universitaires. « Ça fonctionne réellement bien. On aimerait également rapprocher les deux catégories d’étudiants. Les échanges entre jeunes et plus vieux s’avèrent très enrichissants dans un contexte d’études », estime Martin Larose, coordonnateur au Carrefour de la réussite à l’UQAC.

Un atelier complet sera consacré à ce projet novateur dans le cadre de la journée Réussite à l’UQAC, le jeudi 2 octobre. Les instigateurs du projet expliqueront, plus précisément, leurs démarches et les résultats concrets de ce nouveau service financé par Opération Réussite, programme qui permet aux jeunes de développer des activités dont le but est de favoriser la réussite.

Un texte de Laura Lévesque
Le Quotidien, – Le lundi, 29 septembre 2008