Chronique

La curiosité mène loin – Constance Lavoie

CHICOUTIMI – Le Burkina Faso, le Vietnam et… le Saguenay! Constance Lavoie, professeure en didactique du français, au Département des sciences de l’éducation et de psychologie à l’UQAC, aime les défis. Elle a enseigné à différents endroits dans le monde avant de revenir au Québec.

À l’été 2008, l’UNICEF lui a demandé de réaliser une mission d’une durée d’environ deux mois avec les Hmongs, au nord du Vietnam. Ce peuple a un taux d’alphabétisation de 56 pour cent.

« Ils ont servi du côté des Américains et des Français lors de la guerre du Vietnam. Ils sont donc mis à l’écart. Les étrangers ne peuvent pas aller partout. Je leur donnais de la formation pour qu’ils apprennent à utiliser un appareil photo. Ils prenaient des images et faisaient des témoignages par le dessin. De cette façon, nous avions une manière de savoir comment ils se sentaient. »

Madame Lavoie a passé environ trois ans au Burkina Faso. Sa thèse de doctorat portant sur l’enseignement bilingue dans ce pays, elle s’y est rendue à quelques reprises afin d’enseigner et de collecter des informations auprès de la population.

« Ce peuple m’a réellement touchée. Je partageais énormément de valeurs avec plusieurs des gens que j’ai rencontrés. La famille chez qui j’habitais est devenue presque aussi près de moi que ma propre famille. »

Après un baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire, madame Lavoie a fait sa maîtrise et son doctorat à l’Université McGill.

Elle tenait absolument à s’ouvrir sur le monde.

« Nous sommes chanceux dans notre pays, nous pouvons voyager grâce à notre visa. Pour les habitants du Burkina Faso, c’est impossible. Ici, lorsque nous avons des idées, nous possédons les moyens pour les réaliser. C’est fantastique. J’ai décidé d’en profiter. »

Constance Lavoie explique que ses parents ne sont pas des gens qui possèdent des diplômes universitaires, mais qu’ils sont curieux de nature.

« Je n’avais peut-être pas l’air d’avoir un milieu favorisant, mais mes parents sont des êtres curieux. C’est ce qui est important. Ils m’ont poussée à vouloir voir autre chose. Je leur dois beaucoup en ce sens. »

Aventure particulière

Madame Lavoie a certes hérité de cette curiosité, puisque quelques jours après avoir obtenu son poste à l’UQAC, elle a décidé de se lancer dans une aventure pour le moins particulière.

« Avant d’arriver officiellement au Saguenay, j’ai décidé de me payer le plaisir d’aller enseigner à des allophones et à des analphabètes. Non seulement ils ne comprenaient pas le français, mais en plus ils ne savaient pas écrire dans leur propre langue. Ils ne savaient pas écrire leur nom. J’ai eu le privilège de rencontrer des personnes extraordinaires. En moyenne, ça faisait dix-huit ans qu’ils étaient ici. Comment se fait-il que ces gens ne connaissaient pas encore notre langue? Certains d’entre eux travaillaient dans la même usine depuis leur arrivée. Avec la récession, ils ont été mis de côté. Quand je travaille sur des projets comme celui-là, j’ai l’impression de contribuer à ma société. C’est tellement valorisant. »

À l’UQAC, madame Lavoie donne des cours à de futurs enseignants. Elle travaille également avec deux communautés innues de Sept-Îles. Elle explique que ses voyages à l’extérieur du pays lui permettent d’avoir un regard critique.

« Nous commençons, ici, l’enseignement dans une langue que la plupart des enfants innus ne connaissent pas. Nous les plaçons déjà dans une situation d’échec. Ils ont les mêmes manuels que les enfants de partout dans la province, même si leur réalité est différente. Nous avons des choses à améliorer. »

Dans son enseignement en didactique, madame Lavoie tente d’inclure, le plus possible, la variété et la diversité qui caractérisent les pays qu’elle a visités et le nôtre.

INFO +
Constance Lavoie mentionne que les personnes intéressées par les mêmes domaines d’études qu’elle peuvent lui écrire par courriel.

Le Quotidien, 24 octobre 2009
Un texte de Katerine Belley-Murray