Chronique

Les pompiers scrutés à la loupe

La nouvelle professeure de l'UQAC, Jacinthe Douesnard, continue d'investiguer sur les impacts que peut avoir l'environnement de travail sur la santé mentale et espère s'affilier bientôt à une chaire de recherche de l'institution régionale. (Photo : Sylvain Dufour)
Photo : Archives La Presse
CHICOUTIMI – Nouvelle professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi, Jacinthe Douesnard a effectué de nombreuses recherches sur les impacts que peut avoir l’environnement de travail sur la santé mentale.
Elle continuera d’investiguer sur le sujet et espère s’affilier bientôt à une chaire de recherche de l’institution régionale.
Native de Montréal, Jacinthe Douesnard est nouvellement titulaire d’un doctorat qu’elle a complété, en mars dernier, à l’Université Laval de Québec. Sa thèse porte principalement sur les impacts des facteurs de risques psychosociaux chez les pompiers et les stratégies de métier pour y faire face.  » C’est le premier portrait de situation sur la santé mentale des pompiers du Québec « , mentionne-t-elle.
Les résultats sont inattendus. Ils dévoilent que malgré les facteurs de risques élevés de ce métier, les pompiers sont en très bonne santé mentale. Pourquoi? Parce qu’ils ont beaucoup de temps entre les appels, dans la caserne, pour discuter entre eux et ainsi organiser des défenses stratégiques collectives.
 » Il faut s’y intéresser et trouver les impacts qui causent le stress, la détresse psychologique ou les burnout parce que d’ici 2020, les problèmes de santé mentale au travail vont coûter plus cher que les problèmes cardio-vasculaires « , annonce Mme Douesnard.
Les éléments nuisibles à la santé mentale au travail correspondent, entre autres, à la charge de travail élevée sans autonomie et le manque de reconnaissance des pairs.
Selon la professeure, les formations en matière de stress offertes dans certaines entreprises ne règlent pas le problème.  » Les effets positifs ne durent pas longtemps. Il faut permettre aux gens d’avoir du temps pour réfléchir à leur travail et échanger entre eux sur les trucs du métier, ajoute-t-elle. En résumé, il faut briser l’isolement.  »
Mercredi dernier, Mme Douesnard a fait une demande de subvention au Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) afin de poursuivre sa recherche sur la condition mentale des pompiers. Toutefois, elle se concentrera sur ceux qui travaillent sur appel, dans les milieux ruraux du Québec. Ces derniers représentent 80 % des pompiers de la province.  » On aura la réponse pour la subvention en avril 2011, mais en attendant, je compte bien utiliser le fonds de démarrage à la recherche que l’UQAC fournit à ses nouveaux professeurs « , conclut-elle.

« Je me suis toujours intéressée à l’humain et au travail » Jacinthe Douesnard

CHICOUTIMI – Jacinthe Douesnard s’intéresse à la psychologie organisationnelle depuis une douzaine d’années. Elle a complété un baccalauréat en psychologie, une maîtrise en psychologie organisationnelle et un doctorat en organisation du travail et santé psychologique. Elle espère maintenant inculquer ses apprentissages en la matière aux futurs dirigeants d’entreprises; c’est-à-dire les étudiants en administration et gestion des ressources humaines.
« Je me suis toujours intéressée à l’humain et au travail. Le travail représente la moitié de notre vie et, la plupart du temps, on ne choisit pas nos collègues avec qui on passe autant de temps », explique-t-elle.
Mme Douesnard aurait pu s’orienter vers l’enseignement de la psychologie, mais elle a décidé d’appliquer pour ce poste afin de sensibiliser les futurs gestionnaires qui vont avoir à gérer des employés dans des univers de travail difficiles.
« L’enseignement, c’est enrichissant parce qu’on est branché sur les nouvelles connaissances avec les recherches des autres universités et les étudiants amènent leurs expériences ainsi que leurs préoccupations dans leur milieu de travail actuel », ajoute la professeure.
Cette dernière, visiblement passionnée par sa profession, espère que les dirigeants d’entreprises changent leur regard sur leurs responsabilités sociales. Ils sont de plus en plus sensibilisés à l’environnement, mais ils doivent inclure la santé mentale dans leurs préoccupations.
« Ça entre dans les organisations depuis une dizaine d’années. Les gestionnaires sont de plus en plus préoccupés et sont présents dans les colloques qui portent sur ce sujet. »

Audrey Pouliot
Le Quotidien
UQAC, samedi, 9 octobre 2010, p. 29