Chronique

« L’évaluation intellectuelle chez les enfants autistes » – Pour des données plus représentatives

La professeure en neuropsychologie clinique au Département des sciences de la santé de l'UQAC et ancienne clinicienne, Julie Bouchard, participe au projet intitulé « L'évaluation intellectuelle chez les enfants autistes » qui permettra aux cliniciens de mieux connaître les tests à utiliser pour l'évaluation du fonctionnement intellectuel de jeunes autistes. (Photo Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI – Les tests traditionnels de QI pour mesurer l’intelligence des enfants autistes créent de la frustration chez plusieurs cliniciens. En effet, ces derniers déplorent que ces tests ne révèlent pas leur plein potentiel en raison des procédures de passation et des difficultés des tests verbaux.

La professeure en neuropsychologie clinique au Département des sciences de la santé de l’UQAC et ancienne clinicienne, Julie Bouchard, est du même avis. « Il s’agit d’une population souvent négligée dans les tests. Puisqu’ils sont les mêmes pour les enfants typiques, ils ne présentent pas un portrait réel de leurs capacités, explique-t-elle. C’est comme si je demandais à un sourd de faire un test verbal. »

Voilà pourquoi elle a accepté, en 2008, de participer au projet intitulé « L’évaluation intellectuelle chez les enfants autistes », en collaboration avec le professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, Serge Larivée, et la professeure en psychoéducation de l’Université d’Ottawa, Carole Senechal.

Des tests modifiés

Donc, pour récolter des données plus représentatives, les trois chercheurs ont modifié les tests de QI traditionnels qui permettent de mieux prédire le fonctionnement scolaire de l’enfant.

« Pour les autistes, les consignes ont été données de façon non verbale au lieu de verbale pour assurer leur bonne compréhension. Aussi, on a permis la présence des parents lors de l’évaluation pour baisser leur anxiété », ajoute Mme Bouchard.

Cette dernière a fait passer ces tests modifiés à 11 sujets autistes et 12 sujets typiques de la région. La nature des tests utilisés permettra de distinguer si la faible performance des enfants autistes aux tests verbaux est attribuable au format du test ou à l’interaction verbale avec l’expérimentateur.

Pour ce faire, elle a reçu une subvention de 4 000 $ de l’UQAC. Il s’agit du pilote du projet. « La Société de l’autisme du Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Fondation Jean Allard ont offert leur précieuse collaboration », tient-elle à souligner.

Recrutement difficile

Toutefois, il est très difficile de recruter des sujets dans un petit bassin de population comme celui de la région. « Les parents d’enfants autistes sont souvent en deuil de l’enfant typique. Ça ne leur tente pas de se faire dire qu’est-ce qui va et qu’est-ce qui ne va pas », affirme la professeure.

De plus, Carole Senechal devait entreprendre la même procédure à Montréal, mais puisqu’elle a été transférée à l’Université d’Ottawa, cette partie du projet a été annulée.

« Elle a toutefois réussi à obtenir une subvention de 10 000 $ du gouvernement pour poursuivre le projet avec Bernadette Rogé (professeure et présidente du comité scientifique de l’Association française pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations), qui est bien connue dans le domaine, en France. Ça nous permettra d’avoir accès à un plus grand bassin de population », se réjouit-elle.

L’objectif ultime de l’étude est de permettre aux cliniciens de mieux connaître les tests à utiliser pour l’évaluation du fonctionnement intellectuel de jeunes autistes et de développer de nouvelles procédures d’évaluation qui permettront de mettre en valeur les forces de ces enfants. Ainsi, ces jeunes pourraient avoir un meilleur portrait de leur fonctionnement intellectuel et obtenir des services plus adaptés à leurs besoins.

Le pilote du projet devrait se terminer prochainement et le processus pour la grande étude, qui s’étalera sur plusieurs années, est déjà enclenché.

Un texte de Audrey Pouliot
Le Quotidien
UQAC, samedi, 5 février 2011, p. 12