CHAPITRE V

 

 

LA VIBRATION - ROTATION DE MOLÉCULES DIATOMIQUES

 

Objectifs

La molécule biatomique, la plus simple, tourne sur elle-même et vibre le long de sa liaison inter atomique.

Question :
   -
Comment la combinaison de ces deux mouvements moléculaires se traduit-elle dans le spectre d'absorption d'une molécule ?
   - Comment doit-on combiner les nombres quantiques associés à la rotation et à la vibration ?
   - Par ailleurs, comment se traduit dans les spectres observés et leur description mathématique la présence d’isotopes dans la molécule ?

Objectif :
   - Comprendre comment la vibration peut interférer avec le mouvement de rotation;
   - Qu'en est-il de la substitution isotopique ?

 


5.1 Faits expérimentaux

 

Si l'on examine les bandes d’absorption du proche infrarouge (1 à 5 µm) à l’aide d’un instrument à dispersion élevée, la bande unique (mais large) se résout en un certain nombre de raies. Ces raies se divisent en deux groupes (ou branches), dont l’intervalle diminue légèrement avec la fréquence, entre lesquels se trouve un intervalle plus large, double de l’intervalle qui sépare les raies. Non seulement la bande fondamentale, mais également les harmoniques, possèdent une telle structure, caractérisée par une raie manque au centre de la bande (Fig 5.1).

 

Figure 5.1 Bande fondamentale de vibration-rotation sous haute dispersion de H-Cl.

 

La répartition de l’intensité de ces raies, dans chaque branche est très caractéristique. Chaque branche possède un maximum d’intensité. De part et d’autre de ce maximum, l’intensité des raies décroît régulièrement. On constate que la position de ce maximum varie avec la température : le maximum s’écarte de la raie manquante lorsque la température croît.

 

Les fréquences de ces raies peuvent se représenter, en première approximation, par une formule du type :

a est la même constante que celle introduite dans le cas du spectre de rotation pure (voir Chapitre 3); b est une constante approximativement égale à la constante b introduite à propos des spectres de vibration pure (voir Chapitre 4) : m est un nombre entier positif.

Cette formule simple prévoit des niveaux également espacés. La diminution de l'intervalle entre les raies successives, bien visible dans le spectre de la figure 5.1, peut être représentée, comme on le verra plus loin, par l'ajout de termes de correction contenant des puissances de m plus élevées.

 


 

5.2 Modèle mécanique - l’oscillateur tournant

 

Le modèle le plus simple pouvant représenter la rotation et la vibration d’une molécule autour de son centre de masse est celui de l’oscillateur harmonique tournant (ou rotateur vibrant).  Un tel oscillateur est défini comme un point de masse µ, appelé masse réduite, tournant à une distance r d’un axe de rotation fixe.  Cette distance r n’est pas constante mais oscille autour d’une valeur re appelée position d’équilibre (Fig. 5.2). Cette oscillation est due à une force de rappel proportionnelle au déplacement par rapport à cette position d’équilibre.

Figure 5.2. Modèle mécanique d’une molécule en vibration et en rotation.
(Voir une courte animation dans la section diaporama, Ch. 5, diapos. n° 6).

 

L’énergie d’un oscillateur tournant est donnée par la somme des énergies associées à chacun des deux  mouvements, soit :

E  =  Erotation  +  Evibration  =  1/2 I w 2  + 1/2 k A 2

I est le moment d’inertie égal à 1/2 µr2, k est la constante de rappel (qui décrit la rigidité de la liaison) et A est l’amplitude de l’oscillation.

 


 

5.3 Modèle quantique 

 

Selon la mécanique quantique, l’énergie d’un objet ou d’un système confiné (c’est-à-dire dont la position est limitée à un domaine fini), ou encore soumis à des conditions périodiques, ne peut prendre que certaines valeurs prédéfinies.  Ces valeurs discrètes, appelées niveaux d’énergie, sont reliées à des nombres entiers, les nombres quantiques u et J, qui sont associés respectivement à la vibration et à la rotation.

En règle générale, une molécule possédera les deux mouvements à la fois.  On peut admettre, en première approximation du moins, que ces deux mouvements sont indépendants l’un à l’autre.  Cette simplification permet de supposer que les états d’énergie du système sont simplement la superposition  des états d’énergie correspondant à la rotation et à la vibration. Dans ces conditions, comme pour le modèle classique de l’oscillateur tournant, l’énergie de la molécule sera égale à la somme des énergies associées à la rotation et à la vibration.

Supposons tout d’abord la molécule dans l’état de vibration fondamental u = 0 . Si elle ne tourne pas, son énergie cinétique de rotation est nulle et correspond donc au niveau de rotation J = 0. L’énergie totale est celle du niveau u = 0. Sans changer de mode de vibration, la molécule peut changer de mode de rotation. Elle passera successivement aux niveaux J = 1, 2, 3, .... Ce raisonnement peut se faire pour les autres niveaux de vibration u = 1, 2, 3, .... Au-dessus de chacun des niveaux de vibration on trouve une série de niveaux de rotation (Fig. 5.3). 

Figure 5.3. Modèle quantique d’une molécule en vibration et en rotation.

 

On constate que les niveaux de vibration sont assez éloignés (séparation we) et à peu près équidistants. De leur côté, les niveaux de rotation sont rapprochés (séparation 2 B (J + 1)) et s’écartent les uns des autres à mesure que J augmente c’est-à-dire à mesure que l’énergie cinétique de rotation croît.

Dans certaines conditions, il est d’ailleurs possible que les niveaux de rotation correspondant à un état de vibration dépassent le niveau de vibration suivant.

 

Quantitativement, l'énergie d'un niveau caractérisé par les nombres quantiques u et J  sera donnée par :

(5.1)        E (u, J) = hc [G (u) + F (J)]

Le terme spectral correspondant au rotateur vibrant sera :

(5.2)     G (u) + F (J) = we (u + 1/2) - wexe (u + 1/2)2 + B J (J + 1) - DJ 2 (J + 1)2

Le terme constant D est associé à la distorsion centrifuge (voir Chapitre 3.8) alors que celui où apparaît wexe est relié à l'anharmonicité de la vibration (voir Chapitre 4.6).


5.4 Spectre de vibration-rotation

Un résultat de la mécanique quantique est que les transitions entre les niveaux d’énergie ne sont pas toutes possibles, et que certaines, bien que possibles, sont beaucoup moins probables que d’autres. On démontre que les transitions possibles pour l’oscillateur tournant sont toujours :

Du = ± 1 avec grande probabilité
Du = ± 2, ± 3, . . . avec probabilité plus faible
DJ = ± 1

Il est aisé de voir sur un diagramme l’allure que prendra dans ces conditions le diagramme des transitions de la bande fondamentale. La raie manquante (flèche pointillée) correspond à la transition interdite J = 0 ® J ' = 0 (Fig. 5.4).

Figure 5.4.  Transitions vibration-rotation.
La transition manquante apparaît en pointillé brun clair.

L’énergie des transitions possibles peut être calculée à partir du terme spectral.  

Tout d’abord, pour une transition vibrationnelle du niveau u = 0 au niveau u = 1, on a :

DG(u)  =  G(u = 1) - G(u = 0)  =  we - 2 wexe

et DG(u) représente la transition de vibration pure.  Cette transition de vibration pure u = 0, J = 0 ® u' = 0, J ' = 0, interdite puisque DJ  = 0, apparaît sous forme de pointillés dans la figure 5.4.

 

Pour les transitions rotationnelles, il faut considérer deux possibilités (on considère aussi que les constantes B et D sont les mêmes dans chacun des niveaux de vibration) :

(a) DJ = + 1: raies riches, bande R :    F(J)  =  B J (J+1) - D (J+1)2 J 2

Il faut se rappeler que B peut varier avec la longueur de liaison ce qui a pour effet de faire varier le moment d’inertie. On supposera par ailleurs, que la constante de distorsion centrifuge est en première approximation la même quel que soit le niveau de vibration de la molécule.  Soient B' et B" les constantes de rotation pour les niveaux u = 0 et u = 1 :

    F(J+1) - F(J) = B(J+1)(J+2) - D(J+1)2 (J+2)2 - BJ(J+1) + DJ 2 (J+1)2

 D  = (J+1) [(J+2) B - J B] - D (J+1)2 [(J+2)2 - J 2]

  D  = (J+1) [(J+2)B - J B] - D(J+1)2 (4J+4)

(5.3)     F(J+1) - F'(J)  =  (J+1) [(J+2)B - J B] - 4 D(J+1)3

Note : la première valeur de J est J = 0 car la 1ère transition passe de J = 0 vers J ' = 1.

 

(b) DJ = - 1: raies pauvres, bande P :

    F"(J-1) - F'(J)  =  B"(J-1)J - D(J-1)2J 2 - B' J(J+1) + DJ 2(J+1)2

                       DF  =  J [(J-1)B" - (J+1)B'] - DJ 2[(J-1)2 - (J+1)2]

                      DF    =  J[(J-1) B" - (J+1) B'] - DJ 2(-4J)

(5.4)      F''(J-1) - F'(J) = J[(J-1) B" - (J+1) B'] + 4DJ 3

Note : la première valeur de J est J = 1 car la 1ère transition passe de J = 1 vers J ' = 0.

La figure 5.5 montre les deux courbes qui représentent l’énergie (égale à DG + DF) des deux séries de raies R et P de la bande fondamentale.  On remarque qu’il s’agit de deux segments de droite, ce qui traduit le fait que D est beaucoup plus petit que B.

Figure 5.5.  Énergie E(J) des raies de rotation-vibration de la bande fondamentale.

 


5.5 Interaction entre la vibration et la rotation

On a, jusqu’à présent, traité les mouvements de rotation et de vibration de manière complètement indépendante.  En fait, tel n’est pas le cas.  La rotation et la vibration sont inter reliées à divers points de vue dont deux seront traités ici.

Premièrement, l’énergie de rotation est influencée par le nombre quantique de vibration, phénomène appelé interaction vibration-rotation.  Deuxièmement, des constantes de rotation comme la distorsion centrifuge peuvent être reliées mathématiquement à la fréquence de vibration.

Considérons d’abord l’interaction vibration-rotation.  Au cours du mouvement de vibration, la distance inter atomique change constamment, ce qui entraîne une variation du moment d’inertie de la molécule.  Mais la période de vibration  de la molécule est en général beaucoup plus petite que celle de la rotation.  En d’autres termes, la molécule effectue plusieurs vibrations pendant le temps requis pour effectuer une rotation.  Dans l’expression du terme spectral (équation 5.2), on peut donc remplacer la valeur de la constante de rotation B par sa valeur moyenne, notée Bu, qui dépend du nombre quantique u :

La ligne horizontale au-dessus du rapport 1/r2 signifie justement la valeur moyenne de ce rapport.  Un calcul approprié, fondé sur la mécanique quantique, montre que la constante de rotation Bu s’écrit :

Bu  =  Be  -  ae (u + 1/2)  + ge (u + 1/2)  +   ...

Le symbole ae  est une constante beaucoup plus petite que Be (la valeur non corrigée) et ge est une constante beaucoup plus faible encore.  Cette correction est donc généralement peu importante.  Par exemple, pour la molécule HBr, on a :

B(u=0)   =   8,360 cm-1       et B(u=1)   =   8,134 cm-1

De la même manière, la constante de distorsion centrifuge varie aussi avec le nombre quantique de vibration :

Du  =  De  -  de (u + 1/2)  +  . . .

Cette dernière correction, encore moins importante que la précédente est souvent négligée.  Note :  la constante De de cette formule, ne doit pas être confondue avec l’énergie de dissociation spectroscopique représentée par le même symbole (Chapitre 4).

Le tableau 5.1 présente les valeurs de ces constantes pour quelques molécules diatomiques.

Tableau 5.1. Constantes rotationnelles de quelques molécules diatomique

Molécule

Be (cm-1)

De (cm-1)

ae (cm-1)

ge (cm-1)

HCl

10,5934

5,3194 10-4

0,307 18

 

DCl 5,4488 1,39 10-4 0,113 291 0,000 4589

HBr

8,465

3,4575 10-4

0,233 28

 

DBr 4,2456 0,883 10-4 0,083  

·OH

18,911

19,38 10-4

0,7242

 

·NO

1,671 95

0,54 10-6

0,0182

 

CO

1,931 281

6,121 47 10-6

0,017 504

 

CS 0,820 1,43 10-6 0,005 922  

HI

6,426

2,09 10-4

0,168 86

- 0,000 95

Note: Ces données numériques complètent le tableau 3.2.

 

5.6 Relations entre les constantes moléculaires

 

Le second type de lien entre la vibration et la rotation se manifeste par l’existence de relations mathématiques entre les constantes de rotation et la fréquence de vibration. Ces relations découle de l’hypothèse du rotateur non rigide.  En effet, tant la fréquence de vibration que l’allongement de la distance inter atomique causé par la rotation (distorsion centrifuge) dépendent de la rigidité de la liaison inter atomique décrite par la constante de force ou  constante de rappel (voir Chapitre 4).   Nous nous contenterons ici d’indiquer les résultats que fournit à ce propos la mécanique quantique.

Tout d’abord, la constante de distorsion centrifuge, De, peut être reliée à la constante de vibration we :

(5.5)

 

Cette relation traduit bien le fait que plus la fréquence de vibration est élevée, ce qui signifie une liaison plus rigide, moins la liaison s’allongera sous l’effet de la force centrifuge.

Un calcul approprié – calcul hors des limites de ce cours – fondé sur la courbe de potentiel de MORSE permet de relier ae, qui décrit l’interaction vibration-rotation, à la fréquence de vibration :

 

Ici, une fréquence élevée, signe d’une liaison rigide, correspondra à une correction moins importante, l’amplitude de vibration variant peu d’un nombre quantique de vibration à un autre.

Finalement, on peut reprendre les calculs ayant mené aux expressions des fréquences des raies des bandes P et R, cette fois en considérant le fait que la constante B n'est pas la même pour les deux niveaux de vibration.  On négligera cependant la variation de la constante D qui ajoute une correction encore plus faible.

Si on note respectivement B' et B" les valeurs des constantes B pour les niveaux de vibration inférieur et supérieur, on montre, en suivant les étapes qui ont mené aux équations 5.3 et 5.4, que le terme spectral de rotation DF s'écrit maintenant :

 

(a) Cas des raies riches :                  DF  =   (J+1) [(J+2) B" - J B'] - 4 D (J+1)3

(b) Cas des raies pauvres :                DF  =   J[(J-1)B" - (J+1)B']  +  4 D J 3

Ces expressions analytiques différentes peuvent être combinées par un changement de variable approprié.

 

1. Dans le cas de la bande R, soit  m = J+1, l’expression analytique devient :

Þ     DF  =  m [(m+1) B" - (m-1) B'] - 4 D m3

2. Dans le cas de la bande pauvre P, soit  m = -J

Þ     DF  =  m [(m+1) B" - (m-1) B'] - 4 D m3

 

Les expressions analytiques des deux termes spectraux sont alors identiques et le terme général, incluant le terme de vibration, peut-être réécrit sous la forme : 

(5.6)               DE  DG  + DF  =   b  + m + c m2 + d m3

Dans cette expression,              

                        b  =  we - 2 we xe

                       a m   =   m B" + m B', donc a   =   B" + B' 

                       c m2   =   m2B" - m2B', donc c   =   B" - B'                   et              

                      d   =   - 4 D.

La figure 5.6 illustre la courbe de l’énergie en fonction du paramètre m.  La courbure peu prononcée indique encore une fois que les corrections associées aux paramètres c et d, beaucoup plus petites (en valeurs absolues) que a et b, sont relativement faibles.

Figure 5.6.  Courbe de l’énergie des raies de vibration rotation
combinant les branches P (m =
-J) et R (m = J + 1).

 

Remarque

Les molécules diatomiques homonucléaires ne possèdent pas de spectre infrarouge de vibration-rotation par suite de l’absence de moment dipolaire.  On ne peut donc observer la bande fondamentale de telles molécules par absorption infrarouge.  Il existe cependant des mécanismes (voir, par exemple, Chapitre 8) qui permettent à ces molécules de changer de niveau de rotation et de niveau de vibration.

 


5.7 Effet isotopique

Puisque la masse intervient dans la constante de rotation Be et dans la constante de force we, on peut prévoir que les fréquences d’absorption et les fréquences RAMAN seront différentes pour une molécule normale et pour une molécule isotopique. On observe un tel déplacement des fréquences d’absorption par substitution isotopique d’un atome.

On observe expérimentalement un tel déplacement des fréquences d'absorption lorsqu’il y a présence de molécules de compositions isotopiques différentes.  Ainsi, la structure de vibration-rotation de DCl  présente des raies d'absorption dédoublées correspondant au mélange naturel D35Cl, D37Cl.  Dans ce cas, la variation de la masse réduite étant faible, le spectre est très peu déplacé (Fig. 3.7).  Notez que, dans cette figure, les intensités relatives des raies de D35Cl et  de D37Cl ne sont pas dans la proportion de l’abondance naturelle D35Cl/D37Cl  (3/1).  Les probabilités de transition (voir Chapitre 8) expliquent en partie cette absence de concordance; Voir également à ce sujet le problème 6.

 

Figure 5.7.  Spectre de vibration du mélange naturel D35Cl (raies bleues), D37Cl (raies rouges).
(Voir le problème N° 6).

Par contre, pour les deux molécules du type H35Cl et D35Cl le facteur de variation de masse réduite est voisine de 2. En conséquence, les spectres sont dans des régions totalement différentes :

H35Cl bande fondamentale à 3,46 mm.
D35Cl bande fondamentale à 4,78
mm.

 

Pour la rotation :

(5.6)             Bi/B  =  m /mi

B est la constante de rotation de la molécule isotopique.

Par exemple, la substitution de l’atome de carbone 12 par un atome de carbone 13 dans la molécule d’oxyde de carbone produit une légère augmentation de la masse réduite, donc une diminution concomitante de la constante de rotation.  L’intervalle entre les niveaux de rotation de la molécule 13C=O est donc un peu moins grand et les raies de rotation sont déplacées vers des valeurs inférieures.  C’est ce que montre la figure suivante : pour rendre visible cet effet on a exagéré les différences.

Figure 5.8.  Effets de la substitution isotopique de l’oxyde de carbone sur les niveaux et sur le spectre de rotation.

 

Pour la vibration :

 

 

(5.7)

we,i est la constante relative à la molécule isotopique.  On peut montrer également que :

(5.8)           we,ixe,i/wexe = m/mi.

 


CONCLUSIONS

Les deux mouvements de rotation et de vibration de la molécule s’ajoutent simplement. Chaque mouvement garde ses caractéristiques (niveaux d’énergie, nombres quantiques, règles de sélection).  On observe cependant une interaction entre ces deux mouvements, associés à la variation de la distance inter atomique lors du mouvement de vibration.  Ce phénomène rend les constantes de rotation légèrement dépendantes du nombre quantique de vibration, ce qui se traduit par l’ajout de termes de correction.  Par ailleurs,  l’effet sur ces mêmes constantes de la substitution d’un atome par un de ses isotopes peut aisément être déterminé à partir des valeurs des masses réduites des deux versions de la molécule.


 

 


5.8 Exercices

 

1. Le spectre de rotation-vibration de l’oxyde de carbone comporte dans le proche infrarouge une bande intense dans la région de 2100 - 2200 cm-1. Avec un appareil de haute résolution on obtient la série de raies suivantes: 2124, 2128, 2132, 2136, 2140, 2148, 2152, 2156, 2160 cm-1.

a- Déterminer le moment d’inertie, la distance inter nucléaire et la constante de force de CO.

Réponse :  r  =  0,1109 nm.

b- Déterminer la valeur de la constante de distorsion centrifuge de la même molécule.

 

2. La fréquence fondamentale de l’élongation O¾H dans le méthanol est située à 3 300 cm-1. Prédisez la position de la bande correspondante pour l’espèce isotopique CH3OD.

Réponse :  we,i  =  4 535 cm-1.

3. Le spectre infrarouge de H35Cl sous haute résolution montre des raies d’absorption dont les fréquences sont indiquées page suivante. En utilisant un logiciel (ordinateur, micro-ordinateur ou calculatrice appropriée), calculez au moyen d’une régression linéaire ou d’un moindre carré les coefficients du polynôme suivant: E = b + am + cm2 + dm3E est l’énergie de la raie et m, un nombre entier. On établira au préalable la valeur de m pour chaque raie (colonne 3 du tableau qui suit). En déduire :

- L’énergie de la raie manquante?

Réponse pour HCl :  2 087,95 cm-1.

- La valeur de la différence we - 2 wexe?

- Les constantes rotationnelles B (u = 0) et B' (u = 1)?

- La constante de distorsion centrifuge D?  

Réponse : D(D35Cl) =  1,5 10-4  cm-1.

- Tracez les courbes E (cm-1) = f(J) et E (cm-1) = f(m) sur le même graphe.

Spectre de rotation-vibration de H35Cl

J

Énergie (cm-1)

m

DE(cm-1)

D(DE)

10

3 072,8558

     
     

13,5338

 

9

3 059,3220

   

- 0,7244

     

14,2582

 

8

3 045,0638

   

- 0,7132

     

14,9714

 

7

3 030,0924

   

- 0,7036

     

15,6750

 

6

3 014,4174

   

- 0,6971

     

16,3721

 

5

2 998,0453

   

- 0,6598

     

17,0319

 

4

2 981,0134

   

- 0,6912

     

17,7231

 

3

2 963,2903

   

- 0,6461

     

18,3692

 

2

2 944,9211

   

- 0,6493

     

19,0185

 

1

2 925,9026

   

- 0,6300

     

19,6485

 

0

2 906,2541

   

- -

-

       

1

2 865,1047

     
     

21,4745

 

2

2 843,6302

   

- 0,5816

     

22,0561

 

3

2 821,5741

   

- 0,5694

     

22,6255

 

4

2 798,9486

   

- 0,5565

     

23,1880

 

5

2 775,7666

   

- 0,5445

     

23,7265

 

6

2 752,0401

   

- 0,5288

     

24,2553

 

7

2 727,7848

   

- 0,5170

     

24,7723

 

8

2 703,0125

   

- 0,5041

     

25,2764

 

9

2 677,7361

     

Données aimablement transmises par le prof. Colin, R.,  chimie-physique moléculaire Université Libre de Bruxelles, Bruxelles.

 

  1. Répétez le même problème pour HBr [E(cm-1)] :

2 371,71

2 471,13

2 575,52

2 650,08

2 392,50

2 489,66

2 591,33

2 663,63

2 412,83

2 507,73

2 606,70

2 676,74

2 432,72

2 525,36

2 621,61

2 689,39

2 452,15

2 542,53

2 636,07

2 701,59

 

5. Répétez le même problème pour H37Cl [E(cm-1)] :

2 675,9584

2 796,9750

2 923,7377

3 012,1328

2 701,1927

2 819,5661

2 942,7279

3 027,7879

2 725,9250

2 841,5877

2 961,0732

3 042,7419

2 750,1418

2 863,0289

2 978,7650

3 056,9840

2 773,8293

2 904,1162

2 995,7878

3 070,5036

 

 

6. Le spectre infrarouge de DCl sous haute résolution montre des raies d’absorption dont les fréquences sont indiquées page suivante. En vous servant des intensités mesurées des raies, départagez les raies appartenant à D35Cl et celles appartenant à D37Cl. En vous inspirant du problème relatif à H35Cl, calculez au moyen d’une régression linéaire ou d’un moindre carré, et cela pour chacune des deux molécules isotopiques, les coefficients du polynôme suivant: E = b + am + cm2 + dm3E est l’énergie de la raie et m, un nombre entier. On établira au préalable la valeur de J, m pour chaque raie. En déduire pour D35Cl et pour D37Cl :

- L’énergie de la raie manquante.
- La différence
we - 2 wexe.
- Les constantes B (
u = 0) et B' (u = 1) ainsi que les longueurs de liaison correspondantes.
- La constante de distorsion centrifuge D.
- Tracez les courbes E (cm
-1) = f(J) et E (cm-1) = f(m) sur le même graphe.

 

Spectre de rotation-vibration de DCl : raies observées (u = 0 ® u = 1) :

Énergie
(cm
-1)

Absorbance

Énergie
(cm
-1)

Absorbance

1

2230,8479

0,043

31

2080,2753

1,096

2

2224,0387

0,089

32

2077,3076

0,384

3

2216,9606

0,156

33

2069,2694

1,761

4

2213,6323

0,049

34

2066,3342

0,686

5

2209,6132

0,280

35

2058,0468

2,133

6

2206,3007

0,086

36

2055,1451

0,866

7

2202,0025

0,455

37

2046,6072

2,224

8

2198,7071

0,156

38

2043,7399

0,888

9

2194,1272

0,696

39

2034,9590

2,186

10

2190,8502

0,243

40

2032,1271

0,875

11

2185,9952

0,997

41

2023,1001

1,198

12

2182,7377

0,346

42

2020,3044

0,764

13

2177,6036

1,360

43

2011,0405

1,761

14

2174,3672

0,487

44

2008,2814

0,654

15

2168,9620

1,709

45

1998,7764

1,436

16

2165,7472

0,638

46

1996,0555

0,721

17

2160,0666

2,006

47

1986,3186

1,105

18

2156,8750

0,783

48

1983,6365

0,381

19

2150,9268

2,201

49

1973,6637

0,785

20

2147,7596

0,901

50

1971,0211

0,263

21

2141,5397

2,336

51

1960,8216

0,533

22

2138,3978

0,984

52

1958,2191

0,173

23

2131,9144

2,342

53

1947,7905

0,344

24

2128,7986

1,000

54

1945,2297

0,112

25

2122,0484

2,221

55

1934,5784

0,198

26

2118,9605

0,918

56

1932,0590

0,067

27

2111,9499

1,845

57

1921,1853

0,111

28

2108,8904

0,713

58

1918,7094

0,036

29

2101,6186

1,138

59

1907,6167

0,058

30

2098,5888

0,392

60

1893,8780

0,031

Données aimablement transmises par M. Carleer du laboratoire du prof. R. Colin, chimie-physique moléculaire Université Libre de Bruxelles, Bruxelles.

 

 

7. Mêmes questions pour la transition (u = 0 ® u = 2).

Spectre de rotation-vibration de DCl : raies observées (u = 0 ® u = 2) :

Énergie (cm-1)

Absorbance

Énergie (cm-1)

Absorbance

1

4226,6804

0,056

23

4132,8950

0,047

2

4221,9699

0,064

24

4117,6476

0,136

3

4216,7621

0,109

25

4111,8404

0,049

4

4211,0878

0,162

26

4106,4180

0,245

5

4210,7603

0,052

27

4100,6380

0,075

6

4204,9374

0,250

28

4094,7565

0,295

7

4198,8805

0,091

29

4089,0130

0,104

8

4198,2980

0,270

30

4082,6384

0,306

9

4192,2631

0,093

31

4076,9159

0,095

10

4191,1839

0,331

32

4070,1033

0,287

11

4185,1716

0,103

33

4064,4441

0,089

12

4183,6147

0,357

34

4057,1180

0,249

13

4177,6210

0,1222

35

4051,4871

0,080

14

4175,5631

0,395

36

4043,7218

0,203

15

4169,5941

0,123

37

4038,1402

0,072

16

4167,0576

0,399

38

4029,8939

0,170

17

4161,1125

0,128

39

4024,3623

0,061

18

4158,0845

0,352

40

4015,6564

0,121

19

4152,1627

0,122

41

4010,1606

0,041

20

4148,6556

0,279

42

4000,9944

0,087

21

4142,7492

0,092

43

3985,9164

0,061

22

4138,7699

0,145

44

3970,4534

0,042

Données aimablement transmises par M. Carleer du laboratoire du prof. R. Colin, chimie-physique moléculaire Université Libre de Bruxelles, Bruxelles.

 

Réponses :  B'(D35Cl, u = 0) = 5,3922 cm-1; B"(D35Cl, u = 2) = 5,1684 cm-1.

 

8.  Pour la molécule DCl, la littérature donne les informations numériques suivantes (en cm-1) :

Be  =  5,448 794,    ae  =  0,113 291

        En utilisant la relation qui existe entre la constante de rotation et le niveau de vibration, comparez les valeurs obtenues pour les valeurs B(u = 0), B(u = 1) et  B(u = 2) du problème précédent.

 

9. Vérifiez graphiquement que B varie comme l’inverse du rayon moléculaire dans le cas de divers états électroniques de l’oxyde de carbone. Déterminez de la même manière, en traçant les graphes appropriés, la dépendance de we avec le rayon moléculaire.

Que pouvez-vous dire de la relation, s’il en existe une entre we et la longueur de la liaison ?

 

État électronique

X1S+

a3Pr

a'3S+

d 3Di

e 3S-

A1P

I 1S-

D1D

b3S+

re (0,1 nm)

1,1283

1,2057

1,3523

1,3696

1,384

1,2353

1,3911

1,399

1,113

B (cm-1)

1,9313

1,6912

1,3446

1,3109

1,2836

1,6115

1,2705

1,257

1,986

we (cm-1)

2169,8

1743,4

1228,6

1171,9

1117,7

1518,2

1092,2

1094,0

2199,3
Valeurs tirées de: http://webbook.nist.gov/chemistry/name-ser.html 

 

10.  Pour la molécule C=S, on observe les valeurs suivantes (en cm-1):  we  =  1285,08,  Be  =  0,8200  et   De = 1,43 10-6.  Comparez la valeur de we obtenue à l’aide de l’approximation 5.6 et celle expérimentale.

 

Pour en savoir plus

Herzberg G., Molecular spectra and Molecular structure.  I. Spectra of diatomic molecules. Van Nostrand Reinhold Company, Toronto, 1950, 658 pages.

Pour la dépendance des constantes B et D avec le nombre quantique de vibration, voir : Pekeris C. L., The rotation-vibration coupling in diatomic molecules. Physical Review, 45, 98-103 (1934).

Sur le web :

En complément à ces notes de cours, visitez le module 3 de : http://benhur.teluq.uquebec.ca/~mcouture/Fodar99/modules.htm

On trouve aussi un site interactif préparé par le professeur Marc Couture, de la TÉLUQ (Montréal), site qui permet de mettre en relief divers modes de rotation et de vibration de 24 molécules allant de molécules biatomiques  jusqu'au méthane : http://benhur.teluq.uquebec.ca/~mcouture/Fodar99/Hzdemo.htm . Malheureusement, avec les changements technologiques sensés améliorer les TIs, les animations ne sont plus accessibles (2020-11-16). Ils sont en cours de réhabilitation.

 

À l'adresse http://hyperphysics.phy-astr.gsu.edu/hbase/molecule/vibrot.html, en utilisant l'index, en plus de constituer une mine d'or sur de nombreux concepts, définitions, on présente aussi un spectre vibration rotation de HBr.

 

Dernière mise à jour : 2021-07-02.

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