premier axe


La parole déformée (XVI au XVIIIe siècle)

Deux paradigmes culturels radicalement différents s’affrontent dans les « littératures de contact ». La forme écrite des colonisateurs, issue et porteuse d’une vision judéo-chrétienne du monde, assimile et réifie la parole de cultures orales et gestuelles où dimensions scénographiques et performatives sont pourtant essentielles.

Notre premier axe de recherche consistera donc dans l’analyse des processus de mise en texte de la parole amérindienne en considération d’au moins deux types de distorsions : d’une part, la mise en texte peut être envisagée comme une altération de la scénographie énonciative d’une parole autochtone profondément ancrée dans la tradition orale, ainsi que le montrent nombre de documents administratifs envoyés de la Nouvelle-France à la cour et rapportant les démarches entreprises par des délégations amérindiennes et, d’autre part, la mise en texte procède souvent d’un détournement des catégories du vrai et du faux du discours autochtone dans la mesure où, pour le monde chrétien, la parole païenne est fausse par essence et doit être enregistrée comme telle.

La compréhension de ce double processus est indispensable à l’entreprise déductive pouvant restaurer une partie de la spécificité rhétorique (postulée) de la parole amérindienne, par-delà la pluralité des Nations et des diverses langues parlées. Notre corpus, essentiellement publié, mais sans exclure le recours à d’éventuels manuscrits, sera constitué de discours, audiences, représentations diplomatiques, rituels, calumets, rapports administratifs, wampums, tatouages, arts divers, bref tout ce qui, dans la littérature de contact, donne à entendre, tout en la modulant sensiblement, la parole de l’Autre.

  1. La parole déformée (XVI au XVIIIe siècle)
  2. La parole détournée (XVIIIe au XIXe siècle)
  3. La parole étouffée (XIXe au XXe siècle)
  4. La parole réappropriée (XXe au XXIe siècle)