Charpente à chevrons-portant-fermes, Maison du Bootlegger

La charpente à chevrons-portant-fermes de la Maison du Bootlegger

Maison labyrinthe relevant du génie architectural, la maison du Bootlegger, qui abrite le sélect Club des Monts, a été érigée en 1860, au nord-est de la rivière Malbaie. Puis, en 1936, la légendaire bâtisse charlevoisienne fut déménagée. On numérota le bâtiment pièce par pièce, le démantela, pour ensuite le reconstruire dans le rang du Ruisseau-des-Frênes, à Saint-Agnès, dans l’arrière-pays de Charlevoix. La maison occupe toujours cet endroit entouré de lacs et de montagnes. Dans les hauts côtés de la maison, dont l’accès est tout à fait inédit et dont la mobilité du toit est des plus ingénieuses, est aménagé un restaurant.

Crédit photo: Maison du Bootlegger
Crédit photo: Maison du Bootlegger

La Maison du Bootlegger se distingue par sa charpente dite à chevrons-portant-fermes qui fut inventée par l’architecte François Mansart, au 17e siècle. Cette techniques de construction fut largement utilisée en Europe après la Renaissance, notamment pour établir le grand comble des églises. Elle fut ensuite reprise dans les habitations de la Nouvelle-France afin de maximiser l’espace utilisable dans les combles.

Les chevrons sont les pièces inclinées qui se rejoignent au sommet du bâtiment avec l’entrait retroussé. Ces derniers forment un triangle quasi équilatéral nommé ferme. Les poinçons sont en fait des poutres verticales déposées sur les entraits retroussés.

Les croix de saint André, que l’on peut voir dans la portion restaurant de la Maison du Bootlegger,  rejoignent les poinçons et constituent un contreventement unique.

Autre trait distinctif de la Maison du Bootlegger, la charpente est sans clou. Elle repose sur des techniques de construction dites à tenon, mortaise et cheville de bois. La poutre mortaise, ou poutre maîtresse, située au centre du bâtiment, joue un rôle primordial, puisque c’est sur cette dernière que repose la maison. Sans elle, la bâtisse s’effondrerait.

À l’extérieur, les pièces sont assemblées selon le principe des queues d’arondes (hirondelles) permettant un joint plus solide en fonction du poids du bâtiment à supporter.

Le labyrinthe

Crédit photo : Maison du Bootlegger
Crédit photo : Maison du Bootlegger

Bâtisse abritant le Club des Monts, un Club Sélect où les notables pouvait venir déguster un bon steak, voire même le produit de leur chasse ou leur pêche, tout en buvant un bon verre d’alcool, la Maison du Bootlegger fut modifiée au moment de sa réédification et l’accessibilité aux diverses pièces du rez-de-chaussée fut modifiée afin de créer un véritable labyrinthe apte à déjouer l’escouade des mœurs du temps. Car à cette époque, l’usage de l’alcool était formellement interdit par l’Église et la prohibition régnait aux États-Unis. C’est d’ailleurs à cette période de prohibition que la maison doit son nom : bootlegger. En effet, bootlegger est l’appellation que l’on utilisait pour nommer les contrebandiers d’alcool durant la prohibition aux États-Unis. Signifiant «l’homme qui cache une bouteille dans sa botte», le mot prend sa forme du fait que les passeurs d’alcool cachaient leur cargaison dans leurs bottes.

Maison du Bootlegger
Crédit photo : Maison du Bootlegger

Au fil des décennies, le Club des Monts étendit sa clientèle bien au-delà de la province et même des États-Unis. Gens de la haute et de nombreuses personnalités notables y affluaient. Le livre d’or de la maison porte la signature de personnalités prestigieuses allant de présidents américains, jusqu’à Elvis Presley. D’ailleurs sur l’un des murs du rez-de-chaussée, on peut voir la signature du «King», attestant de son passage au Club des Monts.

 

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