© Christian Côté

Le bouleau jaune sur la Péribonka

Le plus grand bouleau jaune du Québec se trouve à 75 km au nord de Chicoutimi et trône toujours avec quelques congénères sur les bords de la grande rivière Péribonka. Il a été heureusement préservé de l’exploitation forestière de 2011 grâce à l’insistance d’un groupe de citoyens de Lamarche conscients de la valeur touristique mais aussi scientifique de ce géant dont les mensurations dépassent celles du précédant champion relevé en Estrie lors de la publication de 1994 des plus grands arbres du Québec.

Arbre emblématique du Québec

© Christian Côté
© Christian Côté

Il est surprenant de constater la résistance de cet arbre aux conditions climatiques de l’endroit qui a vu des – 50 degrés Celsius plusieurs fois au cours de sa vie estimée à 300 ans. Je voulais donc voir l’environnement immédiat de cet arbre pour comprendre ce phénomène et, avec quelques amis, je me suis rendu sur place grâce aux indications des responsables de l’association touristique de Dolbeau.

© Christian Côté
© Christian Côté

Appelé aussi merisier et bouleau des Alléganys (autrefois les Appalaches), la distribution géographique de cet arbre s’étend du sud de Terre-Neuve jusqu’au sud-est du Manitoba. Il est particulièrement abondant dans les Laurentides et au centre du Québec en Mauricie, où il cohabite avec l’érable, le bouleau à papier, le sapin et l’épinette.  Son écorce brun doré qui brille au soleil sur les jeunes individus devient terne et rude après 50 ans. Sa taille qui peut atteindre 33 mètres offre un spectacle grandiose en automne avec le déploiement de ses feuilles d’un jaune resplendissant. En 1994 il est devenu l’arbre emblématique du Québec.

Sa limite boréale se situe à la hauteur de la ville de Québec avec une incursion au périmètre du lac Saint-Jean et bords du Saguenay. Il est donc surprenant de constater que son plus grand spécimen connu se trouve à l’extérieur de sa distribution la plus nordique. Beaucoup auraient crus que seuls quelques petits arbres de l’espèce vivoteraient au milieu de la mer d’épinettes Laurentiennes à cette latitude.

© Christian Côté
© Christian Côté

Son bois très dur et lourd se teint bien et se compare au chêne, mais sa texture blonde-rosée avec des veinures plus douces souvent ondulées le rend plus populaire en ébénisterie. La couleur rougeâtre du bois est visible sur les sujets tricentenaires comme nous l’avons constaté sur la photo prise à l’intérieur creux de notre arbre (voir la photo en entête)

Comme il ne flotte pas, il devait être possible de le transporter pour l’abattre. C’est pour cette raison que ces arbres ont survécu aux anciens bûcherons et qu’on peut en observer les colonnes rectilignes immenses avec un bouquet de feuilles au sommet, ou parfois sans, dans les exploitations forestières. Les rayons du soleil ne doivent pas atteindre le bas d’un arbre qui n’y est pas habitué et qui va désécher.

Mensurations 

© Christian Côté
© Christian Côté

La circonférence à hauteur de poitrine de notre arbre est de 5,43 m contre 4,91 m pour le sujet de l’Estrie et son diamètre à la même hauteur de 1,73 m contre 1,56 m. Seule la hauteur de 24 m du grand bouleau, diminuée par la foudre, est inférieure aux 28 m constatés en Estrie.

L’avenir de ces patriarches

© Christian Côté
© Christian Côté

Quelques grands bouleaux jaunes ont été préservés autour du patriarche avec sa forêt mixte comportant d’autres grandes épinettes jusqu’à la rivière qu’on atteint par un sentier de 100 m de longueur environ. Il serait souhaitable de protéger les racines contre le piétinement en construisant un trottoir de bois autour du tronc et d’interdire la proximité des véhicules tout terrain qui pourraient labourer les racines très étendues.

La haute montagne d’une altitude de 600 m bordant la plaine à 189 m où se trouvent ces arbres forme une protection perpétuelle contre les vents du nord et une barrière contre les feux de forêt. Le microclimat qui en résulte explique la préservation de cet éden jusqu’à aujourd’hui.

Des chercheurs québécois, Jean-Michel Lavoie et Tatiana Stevanovic-Janevic de l’université Laval, ont isolé une soixantaine de composés organiques qui présentent un potentiel d’exploitation commerciale à partir des fibres de bouleau jaune. Ce sont principalement des polyphénols et des triterpènes dont les propriétés bénéfiques en alimentation sont très recherchées. Continuons donc à avoir du respect pour cet arbre.

Partagez!Share on FacebookShare on LinkedInTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on Google+Email this to someonePrint this page

Une réflexion sur “ Le bouleau jaune sur la Péribonka ”

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.