Longtemps
associée à la seule période contemporaine, la propagande ou, à
défaut d’un terme moins polémique, la manipulation de l’opinion
publique, peut-elle encore être totalement exclue en ce qui a trait
à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque Moderne? Si
Bernard Guenée et Claude Gauvard, notamment, soutiennent le
caractère opératoire de ce concept dont ils observent des
manifestations dès la guerre de Cent Ans, plusieurs spécialistes
contestent cette vision du champ politique, considérant le phénomène
comme étant nettement postérieur, et lié à la montée en
puissance de la bourgeoisie ou encore à l’apparition des médias
de masse. Certes, beaucoup d’encre a coulé depuis que Bourdieu a
avancé en 1973 l’idée provocatrice que “l’opinion publique
n’existe pas” et, à rebours, un consensus parait s’établir
désormais autour de la position des historiens des Lumières suivant
lesquels l’instrumentalisation de “l’opinion publique” nait
avec l’esprit révolutionnaire, le terme n’apparaissant lui-même
qu’en 1798 dans le Dictionnaire de l’Académie Française. Mais
alors comment interpréter l’institution des États Généraux par
Philippe le Bel (1302) autrement que comme une entreprise destinée à
légitimer les décisions du pouvoir auprès du peuple? À quelles
fins peut-on associer les libelles, pamphlets et brochures qui
circulent autour de l’assassinat du duc de Guise (1563) ou d’Henri
III (1589)? Est-il concevable que des figures, des instruments, voire
des foyers de propagande aient pu exister aux XIVe, XVe ou XVIe
siècles? Le cas échéant, comment peut-on reconstituer cette doxa
que l’on s’emploie à propager? Quelles traces ont pu laisser les
rumeurs diffusées au sein d’une société hétérogène et, pour
l’essentiel, analphabète? Qui peut prétendre exprimer l’opinion
du peuple? Voilà autant de questions que nous vous proposons
d’explorer, dans une perspective littéraire ou historique, à
l’occasion du colloque « Rumeurs, propagande et manipulation
de l'opinion publique aux XIVe, XVe et XVIe siècles » organisé
par l’Université du Québec à Chicoutimi, et qui se tiendra du 20
au 21 mai 2011 à Québec, dans les locaux de l'ENAP.
Les propositions de
communications, de 200 mots environ et rédigées en français,
devront être soumises avant le 31 janvier 2011 à l’adresse
suivante propagande.uqac@gmail.com
. Ce colloque est parrainé par le CIERL et est ouvert aux
contributions des professeurs, chercheurs et étudiants canadiens ou
étrangers.