winter landscape. sunset over road with snow

2015: un Noël paradoxal

Pour les chrétiens, Noël c’est la fête de la Nativité. Pour les historiens et les anthropologues des religions, c’est le rappel des lointaines origines des superpositions multiples de significations. Superposition des fêtes lointaines du solstice d’hiver, de la commémoration de la naissance d’une divinité, de la séparation de la lumière des ténèbres. La Nativité des chrétiens peut apparaître, dans une certaine mesure, telle une fête synthèse de ce qui a nourri diverses cultures en quête de spiritualité. Dans notre culture particulière, Noël évoque une certaine douceur de l’enfance, celle que nous aimons retrouver et qui enveloppe nos souvenirs transformés ou idéalisés par le jeu et la complicité de l’imaginaire.

Cette année pourtant, des événements étranges assombrissent quelque peu ce que nous percevons habituellement comme une lumière. À Paris, les dirigeants politiques viennent de se réunir dans une manifestation sans précédent d’unanimité. Et pourtant ce consensus a été rendu possible que dans l’appréhension d’une catastrophe qui menace toute l’humanité. Plus encore, le destin avait planifié pour cette grande rencontre historique, quelques jours auparavant, un scénario encore plus lugubre. Une anti-naissance dans un bain de sang. L’éternelle folie de la guerre dans une formule renouvelée que nous appelons le terrorisme. Les caprices de l’histoire semblent vouloir en même temps faire coïncider la violence et les ambitions suicidaires de l’humanité. Les deux armes de prédilection de notre destruction. La fin de l’espoir et celle de nos terres réunies dans un même scénario ! Et cet effroyable absurde est proclamé dans ce temps choisi par les cultures pour célébrer les commencements et la lumière qui accompagne toute naissance.

Cette année avons-nous le goût de célébrer Noël ? Ressentons-nous le lien de continuité qui a guidé les peuples vers cette célébration ? Naissance, commencement, lumière ont- ils encore un sens ? Et tout en écrivant ces lignes aux couleurs de l’obscurité, mon regard se pose sur la photo de mes petites filles et je me dis que je ne peux et ne doit pas perdre espoir. Elles ont droit de commencer le monde et leur monde et j’ai le devoir de continuer de croire que nous pouvons y arriver ensemble et après mon départ. Paris dans l’aveuglante clarté de l’accord sur le climat et dans les entrailles ténébreuses du Bataclan est toujours la ville lumière et nous devons, ne serait-ce que pour la grâce du sourire de mes petites filles, continuer à vivre et croire en la beauté et l’avenir de notre Terre.   Joyeux Noël, Joyeux Solstice à vous tous.

Jean-Marc Flynn, Ph.D.

Professeur associé au DSHS,UQAC,


Photo. Depositphotos/mycola_adams/

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