Mon collègue Pierre Côté est décédé. Ce matin, ses funérailles sont célébrées. Il est parti en plein cœur d’un froid glacial et la mémoire de son sourire ne réussit pas à me réchauffer. On se voyait de temps en temps, nous n’étions pas de grands amis mais à chaque rencontre nous prenions plaisir à être ensemble. Ces rendez-vous improvisés, avaient lieu à 50 mètres du Pavillon des humanités où il sortait comme j’aimais lui dire : « Faire ses exercices d’inhalothérapie ». Il aimait bien cette expression qui le faisait sourire. On échangeait quelques mots, on mettait à jour nos « nouvelles », le temps qu’il fume une voire deux cigarettes.
Nos rencontres plus sérieuses avaient lieu sur la passerelle entre les deux pavillons. C’est là, entre terre et ciel, que nous avons eu nos meilleures conversations. On abordait souvent la question de la souffrance, du mal et de la mort. Comme thérapeute ce questionnement était au cœur de sa pratique et il était très sensible à ces questions plus fondamentales.
La dernière fois que l’on s’est croisé , en décembre dernier, il se savait atteint d’un cancer. La rencontre fut brève, quelques minutes à peine. Sa conjointe l’attendait, il avait un rendez-vous à l’hôpital. Comme à son habitude, il était un peu en retard et elle le pressait de la suivre. Avant de sortir de son bureau, il m’a regardé avec ses yeux bleus couleur d’acier et m’a dit : « je vais vivre ça debout, je ne veux pas faire semblant !». Avant de se quitter il m’a demandé mon numéro de téléphone : »ce serait bien que l’on se rencontre pour parler ». Je l’ai serré très fort en lui disant qu’il pouvait communiquer avec moi en tout temps, que je serais là ! Ce fut notre dernière rencontre. Adieu Pierre et bon courage à ton amoureuse , tes enfants et petits enfants.
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