Il y a environ six semaines j’ai écrit un blogue parlant de mon ami qui avait reçu un diagnostic de cancer. Le matin du 14 mars dernier, il subissait une chirurgie majeure dont l’objectif consistait à lui retirer une tumeur maligne au cerveau(http://www.uqac.ca/lepassage/une-pensee-pour-toi-mon-ami-ce-matin/). Vous avez été plusieurs à apprécier   ce texte. Je sais que mon ami est bien connu dans sa région et qu’il est aimé de tous. À toutes ces personnes qui ont été privées si abruptement de sa présence au quotidien, je prends la liberté de vous dire qu’il va bien malgré le Tsunami qui secoue sa vie. Il vient de terminer une première étape de traitements et les empreintes du crabe ne sont plus visibles. La douleur physique est bien contrôlée ce qui lui laisse du temps pour lui. Certes, je ne vous cacherai pas que tout n’est pas rose au pays de la maladie mais voilà il souhaite traverser cette expérience comme il vit sa vie c’est-à-dire sans compromis et comme un train à grande vitesse. Juste pour vous illustrer comment cela se traduit au quotidien : pendant toute la durée de ses traitements il a marché à tous les jours entre 10 et 15 km. Récemment ,  il a enfin appris une excellente nouvelle, il pourra refaire ses randonnées à vélo, retrouver cette légèreté et cette liberté qui lui a tant manqué pendant cette période.   J’ose souhaiter que son médecin ait pensé à limiter le nombre de kilomètres qu’il peut faire dans une seule journée !

Même si nous vivons à plus de 350 km de distance nous nous sommes revus à trois reprises. Des rencontres intenses où nous avons échangé sur nos vies, nos amours, nos enfants, notre travail. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les problématiques entourant le  temps qui passe et le sens de la vie traversent l’ensemble de nos échanges. En cours de conversation et autour d’un excellent souper préparé par sa conjointe toujours aussi accueillante,   un projet un peu fou a pris forme. Nous avons repensé aux années où nous étions tous les deux au Collège de Chicoutimi. L’été, mon ami quittait son Saguenay natal pour être animateur de jeunes dans un camp du Maine. Comme nous étions séparés pendant cette période et nous avons décidé de correspondre ensemble. C’était au temps où internet n’existait pas et où la poste était le meilleur moyen de communiquer. Il me racontait ses randonnées en montagne avec les jeunes, les feux de camp, les repas entre amis, ses rêves, ses projets de carrière. De mon côté, même si mes étés étaient moins palpitantes, je partageais mes réflexions en tenant avec lui ce qui peut ressembler à un journal de bord d’une fin d’adolescence et la difficile entrée dans le monde des adultes. De ce travail sur soi et sur nous mon ami a tout conservé. Il a retrouvé mes lettres dans l’une de ses boîtes à souvenir qu’il a pris  plaisir à revisiter pendant cette période de sa vie. Il roule et déroule des lettres jaunies,   son journal de bord qu’il écrit depuis l’âge de 13 ans, met de l’ordre dans les photos , albums et vidéos de sa petite  famille. Ce travail  l’aide à lier et relier les morceaux de sa vie, refaire le chemin et construire  du sens. Tout  en l’écoutant raconter le plaisir mais aussi les questions que soulève ce travail  une idée folle, un projet émerge: pourquoi ne pas reprendre nos échanges et entretenir à nouveau près de 40  années  plus tard une correspondance? Parler de tout et de rien, de ce qui nous fait vivre, nos questions, nos coups de gueule. Non plus refaire le monde comme nous voulions le faire mais raconter ensemble ce monde que nous avons souhaité rendre meilleur. Cet été nous rédigerons donc un  blogue ensemble. Si tout va bien nous comptons écrire un billet à toutes les semaines. Quel en sera le contenu? Je n’en sais rien, la voie est libre, pas de limite, pas de pression non plus , surtout pas.   En terminant , nous avons convenu que c’est moi qui partirai le bal. Je commence à avoir une bonne idée de la thématique!  Merci de nous suivre.