droits d'auteur: depositphotos.com/2nix

Parler de la mort avec les enfants

 Plusieurs parents appréhendent  le fait de devoir parler de la mort à  leurs enfants. Ils anticipent ce moment avec anxiété. Si jamais un proche décède que vais-je lui dire? Comment lui annoncer que son grand-papa ou sa grand-maman vient de mourir? Peu importe vos émotions et réactions, il faut aller au-delà  de ces premières impressions. Alors pourquoi ne pas vous informer, vous  « faire une tête » pour mieux faire face à l’inéluctable le moment venu? Dans l’espace restreint de ce site nous vous proposons, dans un premier temps  un  résumé de la représentation de la mort chez les enfants aux différentes étapes de l’enfance.

  • L’enfant âgé de moins de deux ans n’a pas les habiletés cognitives nécessaires pour comprendre la mort. Il ne vivra pas un deuil. Par ailleurs, s’il avait un lien d’attachement avec la personne décédée  il pourra vivre la mort comme une séparation. La vigilance et l’écoute sont toujours de mise.
  • L’enfant de 2 à 6 ans perçoit la mort également comme une séparation , il ne comprend pas la fatalité de la mort. Pour lui la personne décédée peut très bien revenir. Il personnifie la mort comme une force extérieure (monstre, fantôme, etc.).
  • À partir de 7 ans l’enfant comprend davantage la mort. Il sait distinguer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas. Il prend conscience qu’il peut mourir et que la mort est irréversible.    Il aura tendance à refouler ses émotions. Il importe de le faire parler, de lui raconter des histoires pour que l’enfant puisse s’ouvrir et sentir que ses questions trouvent écho chez vous.
  • C’est vers 9 ou 10 ans que l’enfant atteint une conception plus juste de la mort. Il s’intéressera aux causes de la mort et à son aspect plus biologique.

 

Notre sélection de livres à l’intention des parents et des enfants

Il existe aussi plusieurs ouvrages  sur la mort et le deuil.  Nous vos proposons ici une brève sélection qui ne se veut en aucun moment exhaustive. Faites vos propres recherches, la littérature est abondante!

Pour les parents

Françoise Dolto, Parler de la mort, Mercure de France, 1998.

Daniel Oppenheim,  Dialogue avec les enfants sur la vie et la mort, Paris, Éditions du Seuil, 2008.

Claude d’Hennezel, Delphine Charlotte, Christine Chertemps, Au nom de la vie, raconte moi la mort,   Enfants Québec, 2009, 32 p.

Pour les enfants

Catherine Dolto, Si on parlait de la mort, (Album illustré),Gallimard, 2006 (3-6 ans)

Suzan Varley,  Au revoir Blaireau,   Gallimard Jeunesse, 2010 (3-6 ans)

Marie Aubinais, Les questions des tout-petits sur la mort (Album, 2010.

Laurence Afano, Où es-tu parti?  Alice jeunesse, 2006 (4 à 9 ans)

Hertold Marie, Papa, on ne t’oubliera pas,  Nord-Sud, 2001 (6-10 ans)

K. Ressonni-Demigneux,   Ce matin mon grand père est mort, Rue du monde, 2003, (9-12 ans)

Marit Kaldhol,   Adieu Valentin, Ecole des loisirs,1985, (9-12 ans)

Kochka, Citron, fraise et chocolat, Thierry Magnier, 2003 (12-15 ans)

C. Cahours,   Adieu Benjamin, Gulf Stream, 2009 (12-15 ans) 

Quelques conseils

  • Plus vous êtes à l’aise et ouverts à aborder la question de la mort,  plus votre enfant sera rassuré et  se sentira autorisé à poser ses questions.
  • Il n’y a pas une bonne ou mauvaise manière de faire.  Oubliez les recettes  et le prêt-à-raconter.  Plusieurs variables entrent en jeu : l’âge de l’enfant, sa personnalité, le lien qu’il entretenait avec la personne  décédée,  son questionnement.  La première règle est le respect de votre rythme et aussi de celui de l’enfant. Soyez  attentif aux signes qu’il vous lance. Très vite vous comprendrez s’il est disposé ou non  à dialoguer .  Soyez patient, il est fort probable que l’enfant viendra à vous au moment où il sera prêt. Cela se passe souvent lors de la routine du dodo. Plus calme et voulant peut-être étiré le moment de la séparation, il voudra y aller de ses questions. Soyez attentif à ces petites fenêtres de sens!
  • On parle de la mort comme on parle de la vie, comme on aborde le quotidien. Surtout ne rien cacher et se tenir loin des phrases toutes faites du genre: « grand-maman est au paradis et elle te regarde ! »  À ce propos,  j’ai souvenir d’ une petite fille qui a souffert d’insomnie parce que le soir venu  elle ne voyait plus le ciel et  ne savait donc  plus où était sa grand-mère.
  • Au plan éducatif, il faut éviter le jeu des questions-réponses.  Un style plus interrogatif  semble mieux convenir quand on aborde la question de la mort.   Par exemple, si l’enfant  demande « on va où après la mort » en lieu et place d’une réponse  , pourquoi ne pas lui demander : « Et toi qu’en penses-tu? » Nul doute que vous serez étonné de ce que l’enfant pourra apporter. Il s’agit là de matériaux narratifs précieux , des portes ouvertes pour des échanges riches et significatifs.
  • La vie et le quotidien avec un enfant regorge de situations qui évoquent la dialectique mort-vie. Le cycle des saisons, la mort d’un animal, le déménagement d’un ami. Ces situations sont autant de moments où vous vous préparez comme famille à des deuils plus importants. Pourquoi ne pas profiter de ces instants pour ouvrir le dialogue, créer des rituels. Les petites morts quotidiennes sont autant de répétitions des grandes morts qui traverseront inévitablement votre existence et celle de votre enfant.

On pourrait poursuivre cette liste de conseils.   Vous pouvez naviguer sur le net et vous trouverez rapidement des sites spécialisés sur les enfants et la mort. Ils sont pris en charge pour la plupart par des spécialistes du deuil, n’hésitez pas à les consulter.  L’un d’entre eux attirera votre attention et vous permettra de faire un pas de plus, de préciser votre pensée, vos croyances , vos valeurs et représentations de la mort.

 


Photo: Depositphotos.com/Znix