Oublions le six juin !

À moins d’un miracle, la Loi fédérale sur l’aide médicale à mourir ne sera pas adoptée avant le six juin. La haute teneur   éthique de ce dossier a été sous-estimée par le gouvernement libéral qui essuie un revers important avec ce projet. Pourquoi un tel empressement ? Pourquoi brandir le spectre du vide juridique pour bâcler l’indispensable débat qui doit avoir lieu autour de cette question ? Pourquoi le juridique aurait-il préséance sur l’éthique et l’indispensable dialogue qui en est si constitutif?

Le gouvernement Trudeau a pris pour acquis que les valeurs encore récente de la société canadienne axée sur les droits de la personne et son autonomie avaient désormais préséance sur la valeur millénaire qui repose sur le caractère « sacré » de la vie. Malheureusement tout n’est pas aussi simple dans le monde mystérieux de la conscience humaine. En fait, on ne peut pas décréter un tel changement. La prudence aurait exigé que l’étude de ce projet de loi soit accompagnée par un plan d’action, un immense chantier de réflexion qui mettrait à contribution les chercheurs universitaires, les praticiens du monde de la santé, les juristes pour préparer et accompagner ce changement. J’aurais rêvé d’une sorte de Commission Bouchard-Taylor, une tournée nationale sur cette question.   Un tel  chantier aurait permis d’apaiser les tensions et de prendre le temps de répondre aux nombreuses questions qui demeurent et dont la principale concerne le consentement préalable. En lieu et place d’un projet porteur d’humanité et indispensable à nos sociétés nous avons eu droit à une foire d’empoigne.

Cette jeune équipe au pouvoir retiendra certes  la leçon qu’on ne peut clore en quelques semaines de tels enjeux  .  Des siècles de morale axée sur le droit divin de décider de la vie ou de la mort, une formation médicale axée sur la guérison  à tout prix et un lien avec la mort souvent phobique laissent entrevoir tout le chemin que nous aurons à parcourir ensemble  . Il faudra compter sur le temps et  l’éducation si non  les cours de justice seront le seul lieu possible de décision. Ce serait un tel  gâchis !

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