La Loi 52 sur les soins de fin de vie
Pour ou contre ?
Le 5 juin 2014, l’Assemblée nationale approuvait à 94 voix contre 22, le projet de loi 52 sur les soins de fin de vie. Au même moment, le premier ministre Couillard, précisait que le Québec avait 18 mois pour baliser ce changement. On souhaite bonifier l’offre de services en soins palliatifs afin d’ offrir un meilleur continuum de soins à certains malades en fin de vie . Cette réglementation adoptée , le travail ne fait que commencer! Déjà plusieurs voix se lèvent, certaines pour contester cette loi et d’autres pour en voir élargir la portée . Tout en souhaitant un véritable débat, nous pensons qu’il serait prématuré de choisir un camp au détriment d’un autre.
Le premier piège à éviter : prendre position rapidement. Nous devons nous méfier des détours faciles et amalgames douteux de certains tabloïdes qui crient au loup en annonçant l’ère de l’euthanasie pour tous! Le temps n’est pas à savoir si l’on est pour ou contre, mais bien plus de permettre une véritable discussion, d’offrir des espaces de dialogue. Et pour tous ceux et celles qu’on aurait déjà inquiétés, je vous affirme que si, en décembre 2015, je recevais un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique et que, sous le choc, je ne voulais pas me voir dépérir, je ne pourrais pas bénéficier de l’aide médicale à mourir. Il y a des critères, ceux-ci questionnent, interrogent mais les balises sont là. Qu’il nous suffise de les rappeler: il faut d’abord être apte, trouver deux médecins qui acceptent de se prononcer et supporter des douleurs extrêmes que même les soins palliatifs ne suffisent pas à apaiser.
Nous avons collectivement la tâche non seulement d’établir une société juste, mais plus encore de faire advenir une société décente. Une société qui ne cherche pas seulement à garantir les droits de chacun mais qui se donnent comme horizon de traiter dignement les plus fragiles et vulnérables d’entre nous. Il est ici question de la manière dont nos institutions sont le reflet du sens que nous donnons collectivement à la vie. Car l’aurions-nous oublié, dans l’affolement du temps qui s’accélère parler de la mort c’est d’abord parler de la vie. Et si nous profitions de ces mois qui restent avant la mise en œuvre de la loi pour échanger entre nous, questionner, s’informer, comprendre, contribuer ? Il viendra bien le temps où nous devrons prendre position, mais puissions-nous espérer un véritable débat loin des prooui ou pronon!
Ce blogue veut offrir un espace de réflexion sur cette question fondamentale et son développement au fil de l’actualité. Je m’engage à rédiger, sur une base régulière, un court billet sur l’une ou l’autre problématique émergente. Mais je ne serai pas seule dans cet exercice. Je ferai appel régulièrement à des personnes, collègues et experts provenant de différentes horizons et champs disciplinaires pour alimenter ce dialogue social. Après chaque article , vous serez invités à nous faire parvenir vos réactions, vos questions et vos expériences. Nous nous engageons à inscrire vos commentaires dans des délais raisonnables, mais nous nous gardons le droit de ne pas diffuser toutes paroles qui porteraient préjudices à l’intégrité de personnes ou de groupes.
Photo: M. Robert Barrette, UQAC