Le projet de stage en physiothérapie

À partir de l’été 2017, 15 étudiants en physiothérapie mèneront des stages dans les villages de Niodior et Dionewar au Sénégal.

Description du projet

Le stage des étudiants en physiothérapie sera orienté vers la promotion de la santé et des services sociaux dans les villages de Niodior et Dionewar. Il s’agit d’intervenir auprès des personnes en situation de handicap, des personnes à mobilité réduite, des jeunes enfants de la case des tout-petits qui ont des retards de développement (mobilité et motricité) et des élèves du primaire, du secondaire et du lycée pour les accompagner dans l’acquisition de saines habitudes de vie. Les deux villages ont respectivement un Centre de santé et un réseau de postes de santé qui desservent environ 6000 habitants. Ces structures de santé et services sociaux offrent plusieurs services en lien avec la pratique en physiothérapie : la prévention et l’éducation de saines habitudes de vie ; la correction et l’enseignement sur le mouvement et l’intégration d’un mode de vie actif ; et, le développement de capacités physiques et l’autonomisation de la personne.

Quelques-uns de ces services sont en collaboration avec les institutions d’enseignement et de formation (case des tout-petits, écoles primaires, collèges et lycées des deux villages). Cependant, les structures sanitaires et les institutions d’enseignement possèdent des ressources humaines et matérielles limitées. Les stagiaires en physiothérapie constitueront des personnes-ressources utiles et fourniront un soutien important pour diminuer les barrières physiques et psychologiques des personnes souffrantes ou diminuées par des accidents de toutes sortes. Ils pourront ainsi mener des séances de sensibilisation et observer l’évaluation de la capacité de mouvement et la condition physique des patients par un kinésithérapeute pour ensuite suggérer des exercices adaptés et les accompagner dans la pratique.

Mise en contexte

Le Sénégal a ratifié en 2008 la convention des Nations-Unies sur la promotion des droits des personnes en situation de handicap. Il a ensuite, en 2010, élaboré une loi d’orientation pour la protection et la promotion des personnes en situation de handicap. Ces dispositifs se veulent un cadre favorisant l’inclusion des personnes en situation de handicap en insistant sur l’accessibilité, l’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, emploi, etc.) dans une perspective de société inclusive. La loi sur la décentralisation de 2013 organisant le pays en commune, ville et département, met l’accent sur l’action des collectivités locales pour répondre aux besoins de santé et d’éducation des populations à la base en ciblant les plus vulnérables de celles-ci notamment les femmes, les enfants et les personnes en situation de handicap.

Le taux de prévalence du handicap selon le rapport du Recensement général de la population (ANSD, 2013) est 5,9%. La prévalence du handicap est plus élevée en milieu rural que dans les villes. Les régions où le taux de prévalence du handicap est plus élevé sont Ziguinchor au Sud et Matam au Nord du pays. La région de Fatick, zone où se déroulera ce stage a un taux de prévalence du handicap de 6,4% ; un taux un peu plus élevé que la moyenne nationale de 5,9%.

Les situations de handicap les plus fréquentes sont le handicap physique et le handicap visuel.  Les femmes sont plus susceptibles d’être en situation de handicap que les hommes. Les enfants en situation de handicap ont un faible niveau de scolarisation et vivent en grande partie de mendicité ou grâce à l’aide de leur famille. Les causes du handicap sont liées à des maladies chroniques comme le diabète, les séquelles de la poliomyélite ou les accidents de travail ou de la route sans compter les difficultés néonatales. Ces dernières semblent importantes en milieu rural où la couverture médicale est insuffisante. Les personnes en situation de handicap sont victimes de préjugés qui les confinent, dans la plupart des cas, en marge de la société. Les représentations sociales et les préjugés semblent plus tenaces en milieu rural.  Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’en milieu  rural, sévissent avec beaucoup de prégnance des considérations socioculturelles pouvant expliquer une attitude d’hostilité et de rejet vis à vis des personnes en situation de handicap. Elles sont alors perçues comme incarnant des forces maléfiques ou porteuses d’une énergie vitale nuisible. Il est donc important de lutter contre les stéréotypes et renforcer l’estime de soi des personnes en situation de handicap.

Dans ce contexte, l’apport de futurs spécialistes comme les physiothérapeutes peut aider à aller vers une société inclusive telle que préconisée par les pouvoirs publics sénégalais à travers les textes cités plus haut.

Ainsi les stagiaires effectueront plusieurs tâches, parmi lesquelles :

  • rencontrer des spécialistes de la santé et des services sociaux au Sénégal pour mieux connaître le système de santé sénégalais ;
  • établir une communication participative avec les personnes en situation de handicap ;
  • promouvoir une acception du handicap axé sur le modèle social du handicap et sur une approche de droits humains, tel que véhiculé par les textes réglementaires du Sénégal inspirés par la Convention des Nations-Unies pour la promotion du handicap ;
  • évaluer les besoins et développer des idées de prévention, de prise en charge, de soins ou de façons de travailler bénéfiques aux communautés ;
  • contribuer au renforcement des capacités des familles et des organisations de personnes handicapées pour mieux connaitre et comprendre les difficultés liées aux handicaps afin de l’expliquer et de les accompagner dans le processus d’intégration ou d’inclusion sociale, à travers notamment l’éducation et les loisirs dans une perspective de collaboration école-famille-communauté ;
  • élaborer une stratégie de proximité entre les stagiaires et les personnes requérant leurs services (personnes en situation de handicap, post-accidentés, femmes travaillant à la fois dans les champs, les vasières et dans la maison, jeunes et tout-petits, etc.) par des visites régulières à domicile ;
  • animer des séances de thérapies simples par des techniques de massage ou de développement sensori-moteur classiques et reproductibles, destiné aux enfants ayant des difficultés de développement mental ou des déficiences moteur cérébrales avec les parents ou les intervenants. Ces enfants sont généralement stigmatisés et voués aux gémonies. Leurs parents, notamment leur maman, en souffrent et restent seuls sans aide, à la risée de toute la communauté.
  • contribuer à la mise en place d’un cadre opérationnel de suivi post-stage incluant les familles, les services de santé et sociaux, les associations de personnes en situation de handicap, les associations de jeunes, les groupements de femmes, le conseil du village, la commune rurale, etc. Ce cadre peut servir les familles et les divers intervenants et pourrait aussi aider à une meilleure préparation de stage ultérieur dans le même domaine.