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UQAC EN REVUE / 

PRINTEMPS 2013

L’archéologie par la génétique

PHOTOGRAPHIE DE L

’ŒUVRE 

GUERRIER INNU

, DE L

’AR

TISTE-PEINTRE ERNEST DOMINIQUE

« Plus de la 

moitié des 

Québécois 

ont au moins 

un ancêtre 

amérindien. »

— Hélène Vézina

Les dévelop-

pements de la 

science, particu-

lièrement dans

le domaine

de la génétique, 

ne permettent-ils 

pas d’élargir 

le potentiel de 

l’archéologie 

et de l’anthro-

pologie à des 

niveaux que l’on 

n’aurait jamais 

soupçonnés  

il y a quelques 

années à peine?

Directrice du Projet Balsac, Hélène Vézina a réalisé une 

recherche sur la contribution génétique des Amérin-

diens à ce qu’on appelle « le bassin génétique canadien-

français » en désignant de la sorte les descendants des 

colonisateurs européens.

Au départ, le fichier Balsac est un fichier de popu-

lation qui contient des données provenant de l’état 

civil. Ainsi, tous les actes de mariage du Québec ont 

été dépouillés et informatisés ainsi que jumelés entre 

eux, permettant de reconstruire facilement la généalo-

gie d’à peu près tous les Québécois dont la famille est 

arrivée depuis quelques générations. 

Bassin génétique

« Personnellement », explique Hélène Vézina, « je travaille 

depuis plusieurs années, avec des collègues, en avan-

çant une question de recherche : on sait, parce qu’on 

l’a démontré et quantifié, que la majorité des ancêtres 

des Canadiens français sont venus de France pendant 

le régime français. Nos données nous permettent de 

déterminer quelle est la proportion de leurs gènes 

observable dans le patrimoine génétique contemporain. 

Ce même bassin génétique a également reçu de nom-

breux apports de gens de diverses origines (acadienne, 

irlandaise, entre autres) au fil des siècles. Cette contri-

bution, même minime, joue quand même un rôle non 

négligeable dans la composition de notre patrimoine 

génétique. Conséquemment, je me suis demandé ce que 

nous pouvions apprendre sur les Amérindiens avec le 

fichier Balsac. »

Parallèlement à cette démarche scientifique, Hélène 

Vézina travaille avec Damian Labuda, généticien des 

populations au Centre de recherche de l’hôpital Sainte-

Justine. « Il y a environ dix ans, nous nous sommes dit 

qu’il serait intéressant de faire un projet sur les diffé-

rentes régions du Québec, toujours dans le but de docu-

menter les origines du pool génique, sa composition et 

sa diversité, en utilisant les données généalogiques de 

Balsac et les données génétiques de Damian Labuda », 

explique Hélène Vézina.

Deux types d’ADN 

La première région visée a été la Gaspésie, puisqu’il 

s’agit d’une région où l’on observe diverses origines de 

population, les Canadiens français du Québec y étant 

arrivés tardivement, après les Acadiens, les Anglo-

Normands et les Loyalistes. Hélène Vézina poursuivait 

toutefois sa réflexion concernant les populations 

autochtones. L’information du fichier Balsac s’avérait 

incomplète à ce sujet, mais grâce à sa collaboration 

avec le chercheur montréalais, elle découvrait le poten-

tiel des données génétiques. Les travaux ont porté sur 

deux systèmes génétiques : l’ADN mitochondrial, qui 

se transmet de la mère à ses enfants et qui sert donc 

aux recherches concernant des lignées de femmes, 

 

et le chromosome Y, qui détermine le sexe masculin et 

qui se transmet de père en fils.  «  En ce qui concerne les 

Amérindiens », précise Hélène Vézina, « l’idée consistait 

à utiliser les données obtenues chez les 800 individus 

qui ont participé à notre projet sur les régions du 

Québec (Saguenay, Côte-Nord, Montréal, Gaspésie) et 

LES ANCÊTRES