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UQAC EN REVUE /
PRINTEMPS 2013
DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES
d’identifier les ancêtres des Premières Nations présents
dans leur généalogie. Parallèlement, nous avons étudié
l’information détectée dans leur ADN mitochondrial
et sur leurs chromosomes Y. Dans ces deux cas, il est
possible de classer les personnes en fonction de ce
que nous appelons l’haplogroupe, soit une sorte de
signature génétique qui nous permet d’identifier les
origines géographiques des sujets, à l’échelle conti-
nentale, en remontant très loin dans le temps. Selon
l’objectif de nos recherches, il est possible d’affirmer
avec une certitude quasi absolue qu’un individu a des
origines européennes ou amérindiennes et dans quelle
proportion. »
Les résultats
Dans l’ensemble de son échantillonnage, Hélène Vézina
et son confrère ont trouvé une cinquantaine de
personnes présentant de l’ADN mitochondrial amé-
rindien et seulement une avec un chromosome Y
d’origine autochtone. « Il s’agit d’une proportion vrai-
ment faible. Il n’est pas étonnant qu’il y ait plus de
femmes que d’hommes affichant ces caractéristiques, le
métissage s’étant principalement effectué entre femmes
autochtones et hommes européens. Nous sommes
conséquemment retournés aux lignées généalogiques
pour y ajouter ces informations qui demeurent solides,
bien qu’il soit évident qu’elles sous-estiment la réalité »,
précise Hélène Vézina.
Proportion des participants
Dans la poursuite de la recherche, Hélène Vézina s’est
ensuite penchée sur la proportion des participants
au projet qui avaient au moins un ancêtre d’origine
amérindienne dans leur arbre généalogique. La propor-
tion s’élève alors de 53 % à 74 % et de 56 % à 85 %
lorsqu’on ajoute les données fournies par l’ADN mito-
chondrial. Il est intéressant de noter que c’est dans
la région montréalaise que l’on retrouve la plus forte
proportion de personnes ayant au moins un ancêtre
amérindien (85 %).
JEANNOT LÉVESQUE
Contribution génétique (%)
des fondateurs amérindiens
PROPORTION DES PARTICIPANTS
AVEC AU MOINS UN FONDATEUR
AMÉRINDIEN
Saguenay
Généalogique
ADN mitochondrial
SOURCE : Vézina et al., Cahiers québécois de démographie, 2012
Montréal
Côte-Nord
Gaspésie
0,00
0,2
73,8
11,3
0,8
77,9
0,7
52,9
3,9
0,4
0,4
0,6
62,4
0,07
0,25
0,50
0,75
1,00
1,25
0 %
20 %
40 %
60 %
80 %100 %
Contribution génétique
Pour plus de précision encore, l’étape suivante consiste
à évaluer la mesure de la contribution génétique ou la
part du patrimoine génétique qui puisse être d’origine
amérindienne. « Ce qu’on peut dire, c’est que les résul-
tats varient d’une région à l’autre, mais que, globale-
ment, nous avons identifié environ 1 % du patrimoine
génétique des Canadiens français des régions concer-
nées qui provient d’origines amérindiennes. » Il faut
donc comprendre que le nombre d’individus qui ont au
moins un ancêtre d’origine autochtone est élevé, mais
l’impact sur le patrimoine génétique de cette population
demeure faible en moyenne.
L’idée populaire qui veut qu’il coule du sang amérindien
dans les veines de presque tous les Québécois est-elle
ébranlée par ses conclusions? « Oui et non », s’empresse
de répondre Hélène Vézina! « On peut affirmer que plus
de la moitié des Québécois ont au moins un ancêtre
amérindien dans leur généalogie, et cette proportion
pourrait augmenter si nous avions des données encore
plus complètes. Le projet est toujours en cours et nous
pourrons sans doute pousser plus loin les conclusions.
Il reste toutefois qu’il s’agit de liens ancestraux qui
remontent très loin dans le temps et qui ne peuvent
représenter que la contribution d’un ancêtre sur des
centaines ou des milliers, ce qui fait que leur poids
génétique est aujourd’hui considérablement atténué.
De là un lien à faire avec l’archéologie au sens où,
avec l’ADN mitochondrial, on peut distinguer la trace
d’événements qui se sont déroulés dans un passé
lointain. Nous les réintégrons dans une dimension
historique, ce qui nous permet de tirer des conclusions
à partir des 400 ans d’histoire depuis les premiers
contacts, puisque nous disposons d’une documentation
exceptionnelle avec des registres et des données histo-
riques d’une grande qualité, comme peu de populations
dans le monde. » £
Hèlène Vézina