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UQAC EN REVUE / 

PRINTEMPS 2013

DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES

Des caractéristiques

La principale caractéristique de notre territoire, d’un 

point de vue archéologique, est d’être une enclave 

tempérée à l’intérieur d’une zone subarctique. À cela 

s’ajoute l’influence marine qui est ressentie jusqu’aux 

abords de Chicoutimi. Cet espace jouit conséquemment 

de zones écologiques très différentes. « Vous trouverez 

tout au long du Saguenay, jusqu’à Chicoutimi, des 

populations qui exploitaient les ressources de la mer. 

Plus en amont, elles utilisaient les ressources terrestres, 

vivant de chasse, de pêche en eau douce et de cueillette », 

explique Érik Langevin.

À cela s’ajoute le fait que l’environnement physique 

des lieux était radicalement différent de ce qu’on 

observe aujourd’hui. Comme on le remarque facilement 

sur le Site de la Nouvelle-France, où le terrain a été 

dégagé, des terrasses marines se sont formées sur les 

rares espaces qui puissent être occupés le long du fjord 

alors que le niveau des eaux était beaucoup plus élevé. 

« Nous signalons aux visiteurs que la terrasse qu’ils ont 

sous les yeux est une ancienne plage et que c’est là que 

les autochtones débarquaient il y a quelques milliers 

d’années, ce qui explique qu’on y retrouve des objets 

datant de cette époque. Il est également intéressant de 

mentionner qu’à ce moment, le climat était considé-

rablement plus chaud et que l’environnement forestier 

était composé de feuillus. »

L’archéologue interprète donc le paysage à partir 

d’éléments visuels qui réfèrent à des périodes de la 

préhistoire. Il est aujourd’hui assisté d’outils informa-

tiques, de logiciels de géographie et de géomatique 

Fouille sur le bord du lac Saint-Jean, Pointe-Taillon

Site de la baie

Sainte-Marguerite

Découverte d’une 

pointe dans son état 

d’origine 

Site de la  

Nouvelle-France,

Saint-Félix-d’Otis

qui permettent de recréer l’environnement tel qu’il 

était avec un niveau maritime beaucoup plus haut. La 

technologie révèle avec un bon degré d’adéquation 

les endroits propices à l’occupation humaine dans ces 

conditions.

Un travail d’enquête

À partir de là, de simples observations et l’utilisation 

de procédés chimiques ou de physique révèlent 

beaucoup d’informations sur les objets trouvés, dont 

leur datation. La biologie permet d’identifier les types 

d’ossements déterrés et d’apprendre quel était le menu 

des populations et quelles étaient les techniques culi-

naires utilisées. On peut découvrir l’âge des animaux 

consommés et la période de l’année durant laquelle 

ils ont été chassés. « On peut maintenant aller extrê-

mement loin quant aux détails de l’interprétation, la 

seule limite étant le financement de la recherche. » Ce 

qu’on n’arrive pas à décrypter encore, c’est la signi-

fication des motifs observés sur les pièces de poterie, 

entre autres, qui n’ont pas été relevés par les premiers 

explorateurs ou par les missionnaires. « Il n’en reste pas 

moins que la démarche de l’archéologue s’avère très 

similaire à celle du détective, qui réunit le plus grand 

nombre d’indices possible et qui a besoin de tous les 

spécialistes, balistique, ADN, médecins et autres, qui 

amènent à tirer des conclusions en réunissant toutes 

ces données. Ce qu’il ne faut jamais oublier toutefois, 

c’est que comme nous travaillons sur une scène qui 

date de milliers d’années et qui a été grandement altérée 

pour une foule de raisons, il ne nous reste plus qu’une 

petite fraction des indices pour comprendre ce qui s’est 

passé. La théorie dégagée sera sans doute la meilleure 

« ... il existe 425 sites archéologiques dans la région. » 

— Érik Langevin

PHOTOS : LABORA

TOIRE D’ARCHÉOLOGIE DE L

’UQAC