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UQAC EN REVUE / 

PRINTEMPS 2013

DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES

pas s’y retrouver seul et avait toujours besoin d’aide. 

« J’avais la patience de l’écouter et de l’observer, ce 

qui fait qu’il me tolérait et que nous avions établi des 

liens de confiance. Il ne m’a jamais considéré comme 

son dauphin pour autant et, d’ailleurs, je me suis dirigé 

vers l’enseignement tout en réalisant occasionnelle-

ment quelques expéditions d’archéo pour des sociétés 

privées. C’est quand même dans un contexte familial 

que je me suis intéressé à l’archéologie préhistorique et, 

ensuite, à l’anthropologie. Lorsqu’est arrivé le temps de 

produire ma maîtrise en études régionales, je me cher-

chais un sujet et je me suis alors demandé pourquoi je 

n’évaluerais pas le travail de mon oncle. Cela m’ouvrait 

les portes vers l’anthropologie et l’archéologie, même 

si ma discipline de base restait l’histoire », explique 

celui qui a terminé sa maîtrise à la fin de la trentaine 

et son doctorat à plus de 50 ans. C’est à partir de ce 

nouveau défi qu’il se réapproprie le travail et les notes 

de son oncle. « Avec une grille d’analyse, j’étais en 

mesure d’évaluer la validité des constats du Notaire. 

À l’époque, le rôle de l’archéologue se résumait au clas-

sement, à l’analyse et aux conclusions tirées à partir 

des objets trouvés. L’anthropologue moderne réfère à 

des modèles d’anthropologie sociale et culturelle, il fait 

des analogies, va voir comment vivent les habitants de 

l’Arctique aujourd’hui pour faire des rapprochements et 

élaborer ensuite des théories. Par contre, le Notaire s’est 

basé sur des modèles élaborés aux États-Unis pour tirer 

des conclusions. » 

On lui reconnaît notamment la théorie des « pierres com-

munes » relatant une « sous-culture » prémontagnaise. 

Par l’absence des outils traditionnellement utilisés par 

les Montagnais sur certains sites, Joseph-Henri Fortin 

déduisit qu’il avait existé une culture antérieure aux 

Montagnais. Ces « pierres communes » étaient, selon 

lui, des éclats constitués de matières autres que les silex 

qu’on retrouvait largement. La rareté et la dispersion de 

ces outils l’ont porté à croire à une occupation récente 

des Montagnais. Selon le mémoire de Georges Fortin, 

cette hypothèse fut l’une des causes de son rejet par les 

professionnels de la discipline.

Du commencement

Au départ, l’archéologie au Québec était l’affaire de 

quelques sociétés privées, dont la Société d’archéologie 

du Saguenay, qui regroupait nombre de pionniers 

comme les abbés Jean-Paul et Robert Simard, le réa-

lisateur Albert Larouche de Radio-Canada et d’autres 

amateurs pleins de bonne volonté. Or, à la même 

époque, une faculté d’anthropologie se développait à 

Montréal, là où l’on a commencé à former de véritables 

archéologues, dont Jean-François Moreau, qui a été 

le professeur ainsi que le directeur de maîtrise et de 

doctorat de Georges Fortin. En fin de compte, le gou-

vernement du Québec a voté une loi qui a interdit aux 

amateurs de procéder à des fouilles archéologiques, ce 

qui a provoqué le démantèlement des sociétés. Cette 

décision a littéralement déboulonné Joseph-Henri Fortin 

JEANNOT LÉVESQUE

PHOTOS : GRACIEUSETÉ F

AMILLE FOR

TIN

Georges Fortin, 

neveu du Notaire Fortin

Photo 1

En plus d’être 

le pionnier de 

l’archéologie dans la 

région du Saguenay—

Lac-Saint-Jean, le 

Notaire Fortin était 

passionné d’élec-

tronique. Sur la 

photo ci-contre, nous 

le voyons dans le 

sous-sol de sa maison, 

où il avait aménagé 

son laboratoire 

personnel.

Photo 2

Le Notaire Fortin à la 

chasse à l’orignal.

Photo 3

Le Notaire Fortin 

entouré de ses frères, 

devant la maison 

familiale.

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