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UQAC EN REVUE /
PRINTEMPS 2013
DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES
« Ce que j’aime », explique Jonathan, « c’est de comprendre
le contexte d’établissement, de pouvoir reconstituer le
schéma global et m’imaginer les aires d’occupation de
même que les activités pratiquées sur l’ensemble du
site. L’objet que j’ai trouvé et qui m’a le plus fait vibrer
est un pilon, parce qu’il est associé à l’alimentation, à
la pharmacopée, aux plantes et au rôle des femmes,
autant de sujets qui me fascinent. »
Perception et réalité
Les gens voient la truelle et les fouilles, mais ne
soupçonnent pas toutes les interventions moins spec-
taculaires qu’exige le travail des archéologues. Nos
trois chercheurs acquiescent à ce constat. « L’objet est
important, mais le contexte dans lequel il est trouvé
est encore plus crucial pour la bonne compréhension
de son usage et de son rôle social. Ce n’est pas tout
de déterrer la pièce », précise Marylin Tremblay. « Il
y a beaucoup de plans à faire, de stratigraphie, de
notes, de photographies, d’évaluations des potentiels,
d’inventaires, de rédaction de rapports. L’archéologie,
c’est énormément de paperasse. Notre premier outil
n’est pas la truelle, mais le carnet de notes… »
À cela, Jonathan Skeene-Parent ajoute : « Nous devons
aussi effectuer beaucoup d’interprétation des sols.
Chaque couche réfère à une période dans le temps, de
plus en plus ancienne en profondeur. Creuser et trouver
des objets constituent peut-être 10 % du travail. Le
reste tient de l’analyse et de l’interprétation. C’est une
étape qui me fascine d’ailleurs. »
Pour Noémie Plourde : « Le sol se révèle à nous comme
un grand livre. Chaque objet peut être un élément
indissociable d’un tout. Une pierre, une fois prélevée,
ne peut plus nous dire qu’elle appartient à une place à
feu. Il faut donc la dessiner ou la photographier dans
son élément avant que nos recherches détruisent le
site. C’est la première chose que les étudiants doivent
comprendre. »
Un milieu de travail
Pour une multitude de raisons, l’archéologie n’est pas un
choix professionnel facile. Comme Jonathan l’explique
à partir de sa propre expérience, « il s’agit la plupart
du temps de contrats saisonniers. Nous attendons
constamment les appels et il faut toujours être prêts à
partir. C’est la vie d’éternel pigiste. Il faut assurément
avoir la vocation et être fait solide. La perception
idéalisée se brise sur cette réalité pour de nombreux
étudiants qui ne l’avaient pas envisagée ainsi. » Quand
les nouveaux étudiants demandent à Marylin Tremblay
comment est le travail, elle ne leur cache surtout pas
qu’il s’agit d’un milieu exigeant et elle les incite à se
préparer de façon réaliste. Pour elle, qui doit assumer
de nouvelles responsabilités familiales, la situation est
encore plus complexe et les choix plus difficiles. « C’est
une carrière encore plus compliquée pour les femmes
et plusieurs renoncent à la famille pour travailler
sans contrainte. Cela n’empêche pas que la discipline
devienne de plus en plus féminine, ce qui représente un
revirement remarquable. »
Pour prévenir les moments difficiles, Noémie termine
un baccalauréat en histoire qui lui permettra d’avoir
plus d’une corde à son arc. « Je veux d’abord faire de
l’archéologie, mais je me dis que si jamais je suis mal
prise, j’aurai d’autres options en poche. Les opportuni-
tés en milieu muséal sont relativement grandes et il est
certainement possible de faire les deux. La polyvalence
devient un atout important. Je ferai mes choix en
connaissance de cause. »
Tous les trois souhaitent idéalement demeurer en région
et œuvrer pour une entreprise régionale, même si le
travail peut les faire voyager partout. £
Stage en archéologie
sur le Site de la
Nouvelle-France,
Saint-Félix d’Otis
JEANNOT LÉVESQUE
« Notre
premier
outil n’est
pas la
truelle,
mais le
carnet de
notes… »
— Marylin Tremblay
« Le sol se révèle à nous
comme un grand livre. »
— Noémie Plourde