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UQAC EN REVUE / 

PRINTEMPS 2013

DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES

Faire revivre le passé

Pour illustrer son propos, Marie-Josée Fortin propose 

l’exemple de fouilles réalisées sur le territoire de Saint-

Gédéon, lors desquelles son équipe est tombée sur 

un atelier de taille de pierre. « Lorsque nous l’avons 

reproduit par informatique, on revoit presque l’artisan 

assis sur sa roche, en train de tailler, avec des milliers 

d’éclats à ses pieds et devant lui alors qu’on ne trouve 

à peu près rien derrière lui. » Certes, il faut un imagi-

naire riche pour recréer ces situations, ce qui fait dire à 

Marie-Josée Fortin que l’archéologue doit posséder un 

certain sens artistique. Il doit aussi chercher à répondre 

aux questions fondamentales de l’enquêteur ou du 

journaliste : Qui? Quand? Où? Pourquoi? Comment?

« Lorsqu’on fouille en ayant les yeux fixés dans notre 

mètre carré, il ne faut pas oublier de lever la tête pour 

observer l’environnement qui nous entoure pour avoir 

une perspective plus large. Je pense que si nous trou-

vons ce milieu beau aujourd’hui, ceux qui l’ont occupé 

il y a des milliers d’années devaient aussi l’apprécier, 

même si on sait qu’il était très différent. »

Cette démarche fait partie de la méthode de travail de 

Marie-Josée Fortin, tout spécialement lorsqu’elle doit 

vulgariser l’archéologie pour les visiteurs du Site de la 

Nouvelle-France, à Saint-Félix-d’Otis, où les chercheurs 

doivent répondre aux questions des touristes. « C’est 

comme si je m’introduisais dans leur maison en tentant 

de les connaître à partir de ce que j’observe. Déduire 

le nombre de membres de la famille en constatant le 

nombre de chambres. Estimer leur niveau de vie à partir 

d’éléments du mobilier. Je leur explique que, dans nos 

fouilles comme dans la chambre de certains adolescents 

où traîne une pile de linge sale, les morceaux les plus 

anciens se trouvent en dessous », raconte-t-elle en 

s’esclaffant. « La vulgarisation et l’animation ne sont 

pas nécessairement des tâches naturelles chez l’archéo-

logue, mais elles constituent des outils essentiels à la 

transmission du savoir et de la passion ». Marie-Josée 

Fortin a également animé des ateliers d’archéologie 

pour les jeunes de la fin du primaire. 

Découverte

L’archéologue est un chercheur de trésors et il a en 

mémoire une trouvaille personnelle à laquelle il reste 

attaché. « Celle qui m’a toujours marquée remonte aux 

fouilles effectuées dans la baie Sainte-Marguerite alors 

que j’ai trouvé une pierre à affuter qui datait de 5 000 ans 

et qui reste une rareté à cause de la forme en queue-

de-rat. »

Le Laboratoire

Au fil de sa longue expérience, Marie-Josée Fortin a 

vu le Laboratoire d’archéologie de l’UQAC et sa collec-

tion exceptionnelle évoluer depuis ses débuts jusqu’à 

maintenant. Les principaux changements qu’elle note 

se situent au niveau des équipements informatiques 

qui ont évolué de façon remarquable et qui permettent 

aujourd’hui l’utilisation de logiciels extraordinairement 

efficaces qui servent à la cartographie ou à la distribu-

tion dans l’espace. « Il n’en reste pas moins que l’objec-

tif demeure toujours le même : essayer de comprendre 

le fonctionnement des sociétés des différentes époques 

qui nous ont précédés. »

Il y a une autre chose qui ne change pas en archéologie, 

c’est l’insécurité professionnelle pour ceux et celles qui 

veulent en faire leur métier. « Mais, dans mon cas, j’ai 

l’archéologie collée à la peau et je n’imagine pas le 

moment où je renoncerai à ma passion. Je me considère 

chanceuse d’avoir réalisé la plus grande partie de ma 

carrière dans la région, et ça continue! » £

Quelques objets 

de la collection 

du Laboratoire 

d’archéologie de 

l’UQAC

JEANNOT LÉVESQUE / PHOTO P

. 31 : GUYLAIN DOYLE