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UQAC EN REVUE / 

PRINTEMPS 2013

DOSSIER : UN REGARD VERS LES ORIGINES

Perspectives

L’archéologie au Saguenay–Lac-Saint-Jean a dévoilé de larges pans de l’histoire et de la préhistoire 

régionale. Ce qu’on en a appris peut être vu et interprété à partir de diverses perspectives, que l’on 

soit issu des Premières Nations ou de la colonisation européenne, entre autres. Mais il n’en reste pas 

moins que tous les secrets que l’archéologie nous a révélés revêtent une importance déterminante 

pour l’ensemble des communautés présentes sur le territoire. Comme le soulignent de nombreuses 

personnalités ainsi que plusieurs organismes qui se sont investis de la mission de préserver le patri-

moine régional et de maintenir vivante cette mémoire, le Laboratoire d’archéologie de l’UQAC, les 

scientifiques qui en sont responsables et tous les étudiants qui y ont été formés sont au cœur de la 

résurgence de cette longue histoire.

Le Centre d’histoire et d’archéologie 

de la Métabetchouane

Desbiens

Depuis 1995, le Centre d’histoire et d’archéologie de 

la Métabetchouane, situé sur la rive du lac Saint-Jean, 

à Desbiens, contribue à protéger et à mettre en valeur 

les sites historiques et archéologiques de la rivière 

Métabetchouane. 

Plusieurs fouilles archéologiques ont été réalisées à 

l’embouchure de la rivière Métabetchouane depuis 

1967. Les recherches sur le terrain ont été initiées par 

le Notaire Joseph-Henri Fortin et l’abbé Robert Simard, 

véritables pionniers en matière d’archéologie au Sague-

nay−Lac-Saint-Jean. Dès le départ, il a été clairement 

démontré que, depuis plus de 5 000 ans, l’embouchure 

de la Métabetchouane a constitué un important lieu 

d’échanges entre divers groupes amérindiens. Au début 

de la période euroquébécoise, l’endroit a continué d’être 

utilisé lors de foires annuelles qui se tenaient durant 

la belle saison. De la Baie-James à la Côte-Nord, les 

Amérindiens – Montagnais, Kakouchacs et d’autres 

tribus – s’y rencontraient pour échanger des biens de 

toute provenance. Le site archéologique, qui recèle les 

restes d’occupations humaines historiques et préhisto-

riques, a d’ailleurs été classé en 1984 par le ministère de 

la Culture et des Communications du Québec.

L’embouchure de la rivière Métabetchouane représente 

un point stratégique incontournable lors des dépla-

cements des membres des Premières Nations puis des 

nouveaux arrivants. L’hydrographie du territoire trace 

en effet des voies de communication naturelles, reliées 

à un vaste réseau qu’emprunteront à leur tour, dès le 

XVII

e

 siècle, les explorateurs, missionnaires et commer-

çants européens.

Le père jésuite Jean de Quen, alors responsable de la 

mission de Tadoussac, y serait venu à trois reprises 

pour évangéliser les Amérindiens. On y établira ensuite 

des missions en 1665 et en 1676, ainsi qu’un poste de 

traite pour soutenir le commerce français des fourrures 

face à la concurrence anglaise de la baie d’Hudson.

Le commerce des fourrures sera longtemps au cœur 

des activités et le poste de traite de la Métabetchouane 

connaîtra sa période la plus active en devenant la  

propriété de la Hudson’s Bay Company, vers 1830. Au 

XIX

e

 siècle, la mode vestimentaire change en Europe et 

la demande pour la fourrure de castor décline, entraî-

nant la fermeture du poste de traite en 1879. 

Cofondatrice, avec Gisèle Gagnon, du Centre d’his-

toire et d’archéologie de la Métabetchouane, Rosanne 

Laforge rappelle que l’importance du site archéologique 

de la Métabetchouane s’est confirmée dès les premières 

rencontres visant la création du centre d’interpréta-

tion. « C’est d’abord le Notaire Joseph-Henri Fortin 

qui nous a sensibilisés au potentiel historique de la 

Métabetchouane. Plus tard, au début des années 1980, 

nous invitions régulièrement Jean-François Moreau, 

qui était à Montréal à l’époque, à venir assister à nos 

réunions. Diverses démarches ont ensuite conduit à la 

construction de l’édifice et à notre association avec des 

muséologues et des archéologues, toujours de l’UQAC. 

Nous avons ensuite travaillé en étroite collaboration 

avec Érik Langevin et Jean-François Moreau, et cette 

association a toujours été très profitable et agréable », 

raconte Rosanne Laforge.

Trois périodes de fouilles archéologiques ont mené à 

des découvertes remarquables, selon Rosanne Laforge. 

PHOTO P

. 32 : YVES OUELLET / PHOTO P

. 33 : GRACIEUSETÉ

Centre d’histoire et d’archéologie de la Métabetchouane

Site archéologique 

de la Métabetchouane,

anciennement

le poste de traite

LABORA

TOIRE D’ARCHÉOLOGIE DE L

’UQAC