À propos

Photo Bost
© Henri Martinie

Écrivain de renom, un des plus estimés de son temps et des plus doués de sa génération, Pierre Bost a été un acteur important de la vie littéraire entre les deux guerres mondiales. Écrivain précoce, ses premiers succès littéraires le font renoncer à préparer l’École normale supérieure pour se consacrer à l’écriture. À vingt ans, en mars 1922, il a terminé un récit d’une soixantaine de pages, À la porte ; le mois suivant, il écrit Voyage de l’esclave, récit hybride proche de l’essai. Ces textes seront publiés quelques années plus tard, une fois la réputation de l’écrivain bien établie. En octobre 1922, il écrit en trois semaines et presque sans ratures son premier roman, Homicide par imprudence, lauréat du Prix des amis des lettres françaises. L’année suivante il est accueilli par Jacques Copeau au Vieux-Colombier avec une pièce intitulée L’imbécile. On voit que ses débuts sont fulgurants. Bost va tenir ses promesses. Pendant une bonne dizaine d’années, jusqu’en 1935, se succèdent romans et recueils de nouvelles : parmi d’autres titres, Hercule et Mademoiselle (1924), Prétextat (1925), Faillite (1928), Le scandale (1931, Prix Interallié), Porte-Malheur (1932), Un grand personnage (1935). Tous ces titres sont publiés chez Gallimard, où par ailleurs Bost est lecteur. Après un long silence (mises à part quelques nouvelles publiées dans des revues), il publie trois livres en 1945 : La Haute Fourche, un récit clandestin, Un an dans le tiroir, des notes de captivité, et Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, magnifique roman impressionniste qui peut être lu métaphoriquement comme un adieu à la littérature.

Durant cette même période, Bost mène une carrière de journaliste, multipliant sa collaboration aux journaux et revues : on le voit d’abord écrire à La Gazette du Franc et dans les quotidiens Le Soir et Paris-Soir, tenir des chroniques dans La Revue hebdomadaire, le Journal du Havre, Les Nouvelle Littéraires et Gringoire, puis, dans les années 1930, publier dans Notre temps, L’Europe nouvelle, Jazz, Nouveaux Cahiers, Les Annales politiques et littéraires, où il tient une chronique de cinéma pendant neuf ans. Dans Marianne, il est secrétaire de rédaction, puis rédacteur en chef, où il tient des chroniques sur l’actualité littéraire et le sport. Dans Vendredi, hebdomadaire de gauche co-fondé par son ami André Chamson, il tient des chroniques sur le cinéma et le théâtre. Il sera aux côtés de Marcelle Auclair, la femme de son ami Jean Prévost, lors des débuts du magazine Marie-Claire. Bost a aussi fait des reportages en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Pologne. L’écriture du Scandale sera inspirée par les coulisses du journalisme.

En 1939, Bost écrit les dialogues de L’héritier de Mondésir, un film d’Albert Valentin avec Fernandel. Après quelques autres films dont il écrit les dialogues, il travaille comme scénariste, cette fois-ci en collaboration avec Jean Aurenche, pour Douce (1943), de Claude Autant-Lara. Ce sera le début d’une très fructueuse collaboration pour Aurenche et Bost. En 1946, leurs adaptations de romans de Raymond Radiguet, Le diable au corps, et d’André Gide, La symphonie pastorale, pour des films réalisés respectivement par Claude Autant-Lara et Jean Delannoy, leur apporte la reconnaissance et les lancent véritablement. Ils seront parmi les tout premiers scénaristes de France jusqu’à la fin des années 1950. Au début des années 1970, Bertrand Tavernier redécouvre Aurenche et Bost en visionnant de nombreux films français et leur confie la scénarisation de son premier long-métrage, L’horloger de Saint-Paul. Trois ans plus tard, et quelques mois après le décès de Bost, paraît Le juge et l’assassin, film tiré d’un scénario écrit par Aurenche et Bost après la guerre mais resté inédit. Tavernier rendra hommage à Bost en adaptant Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, sous le titre Un dimanche à la campagne, en 1984.

Repères biographiques

1901    Naissance de Pierre Bost à Lasalle (Gard) le 5 septembre, le deuxième d’une famille de dix enfants, mais l’aîné des trois garçons. Il est le fils de Charles Bost, pasteur et historien de renom, spécialiste de l’histoire protestante.

1916    Naissance de Jacques-Laurent Bost, le cadet de la famille, au Havre le 6 mai. Ancien étudiant de philosophie de Jean-Paul Sartre au Havre, il sera par la suite l’un des plus proches compagnons de Sartre et de Simone de Beauvoir. Jacques-Laurent Bost fera paraître, en 1946, un roman autobiographique, Le dernier des métiers.

1918   Pierre Bost s’installe à Paris et entre au lycée Henri IV, où il est l’élève d’Alain, qui deviendra et restera un maître pour lui. Passe les vacances chez ses parents au Havre.

1923    Le 31 octobre, il fait jouer sa première pièce (une comédie en quatre actes), L’imbécile, au Théâtre du Vieux-Colombier. Dans un compte rendu à La Revue hebdomadaire, François Mauriac écrit : « Il est admirable qu’à vingt-deux ans, M. Pierre Bost ait la connaissance d’une vérité si amère ».

1924    Il publie aux éditions Fast un premier roman, Homicide par imprudence, et, en décembre, aux éditions de la Nouvelle Revue française, un premier recueil de nouvelles, Hercule et MademoiselleHomicide par imprudence est dédié à Jean-Antoine Pourtier, Emmanuel Robin (le futur romancier d’Accusé, lève-toi, 1929 ; Robin dédiera son roman à Pierre Bost) et Emmanuel Signoret. L’ouvrage obtient le Prix des amis des lettres françaises. Bost est lecteur pour les éditions Grasset.

1925    Mariage le 25 avril 1925 à Paris avec Odette Audibert, une cousine. Du même âge que son mari, elle est née le 26 juin 1901 à Rimiez (Nice). En octobre, il publie, aux éditions de la Nouvelle Revue française, Prétextat, roman dédié « À mes parents ». Pierre Bost tient la chronique « Concluons… » dans La Gazette du Franc. Collaboration au journal Le Soir (Paris-Soir à partir de 1928).

1926    Il publie aux éditions de la Nouvelle Revue française le roman Crise de croissance, dédié à sa femme, et Voyage de l’esclave, aux éditions Chez Marcelle Lesage dans la collection « La folie du sage ». Le 1er septembre, il fait jouer une deuxième pièce de théâtre, Deux paires d’amis(une comédie en trois actes), à la Comédie des Champs-Élysées (Théâtre Louis Jouvet). Cette pièce sera publiée dans le numéro de janvier 1927 de La Revue hebdomadaire. À partir de cette date environ, Pierre Bost fréquente les « Dîners des moins de trente ans » (sous la présidence de Pol Rab), auxquels participent de nombreux écrivains, notamment ses amis André Beucler et Emmanuel Bove.

1927    Il publie À la porte. L’ouvrage, paru au Sans Pareil dans la collection « Le conciliabule des trente », est composé d’une présentation de Pierre Bost par Louis Martin-Chauffier, directeur de la collection ; d’une longue préface de Pierre Bost, « où l’on a voulu considérer les œuvres des écrivains jeunes, les règles de la prose et l’obéissance qu’on leur doit, les erreurs de l’âge ingrat et l’apprentissage du style » ; d’une longue nouvelle de Pierre Bost intitulée « À la porte ». Le 15 septembre, il commence à tenir un journal (auquel il sera fidèle jusqu’au 12 juillet 1929) : « Pourquoi le 15 septembre 1927 ? Il fallait commencer un jour. Je reculais depuis trop longtemps, sans aucune raison ; il me manquait surtout un cahier, le voici. » Le 10 décembre, il inaugure, dans La Revue hebdomadaire, sa chronique « Promenades et spectacles », qui paraîtra pendant plusieurs années. Il y annonce qu’il traitera du cirque, du music-hall, des cafés-concerts, du cinéma, des spectacles de la rue. (Ce premier article est reproduit dans la section « Lire une chronique  ».) En outre, à partir de cette date, et ce, jusqu’en 1960, il est secrétaire-rédacteur au Sénat.

1928    En juin, il publie, aux éditions de la Nouvelle Revue française, le roman Faillite. Publication, dans la collection « Le cinéma romanesque » aux éditions Gallimard, de La passion et la mort de Jeanne d’Arc, d’après le film de Dreyer. L’ouvrage comporte des préfaces de Valentine Hugo, Jean Cocteau, Jacques de Lacretelle et Paul Morand. Pierre Bost tient la chronique « Vues de Paris » dans Le Journal du Havre et la chronique « Cette semaine… » dans Les Nouvelles Littéraires.

1929    Chronique « Spectacles gratuits » dans Gringoire et « Les Livres » dans Jazz.

1930    Publication de quatre ouvrages. En mars, un recueil de nouvelles aux éditions de la Nouvelle Revue française, Anaïs. En août, un « roman humoristique » aux éditions de la Nouvelle Revue critique, Mesdames et messieurs. Il s’agit du 56e volume de la collection « Les maîtres du roman ». Enfin, paraissent Briançon (éditions Dardelet, à Grenoble), qui comporte dix aquarelles de madame Edmond Bost, une tante paternelle de Pierre Bost, et Photographies modernes (éditions Calavas), ouvrage présenté par Pierre Bost. Durant les années 1930, il est lecteur chez Gallimard.

1931    Il publie, en janvier, Le cirque et le music-hall aux éditions Au Sans Pareil, quatrième titre de la collection « Les manifestations de l’esprit contemporain ». L’ouvrage est illustré par G. Annenkoff. Il publie aux éditions Gallimard Le scandale, roman dédié à Jean Laubier. Le roman obtient le Prix Interallié. Collaboration à la revue Notre temps.

1932    Double publication chez Gallimard : un recueil de nouvelles, Faux numéros, et, en juin, un roman, Porte-Malheur. Gaston Gallimard fonde la revue de gauche Marianne, dont le directeur est Emmanuel Berl et le rédacteur en chef Pierre Bost. Il tient les chroniques de théâtre et de sport.

1934    Chronique « Le cinéma » dans Les Annales politiques et littéraires.

1935    Il publie un recueil de nouvelles, Un grand personnage. L’ouvrage paraît dans la collection « La renaissance de la nouvelle », dirigée par Paul Morand chez Gallimard. Pierre Bost tient les chroniques « Le théâtre » et « Le cinéma » dans Vendredi.

1936    Pierre Bost fait paraître une nouvelle édition d’Homicide par imprudence chez Gallimard.

1937    Plusieurs articles littéraires dans Vendredi. Direction de Marie-Claire avec Marcelle Auclair.

1939    Écrit les dialogues d’un film d’Albert Valentin, L’héritier des Mondésir, avec Fernandel. Le scénario est rédigé par Jean Aurenche et Lucien Guidice. Il s’agit de la première collaboration de Pierre Bost au cinéma. À partir de cette date, Bost écrira pour le cinéma jusqu’à la fin de sa vie.

1940    Le 19 juin, il est fait prisonnier par les Allemands.

1941    Le 30 juin, il est libéré par les Allemands, réformé pour des raisons de santé.

1943    Nouvelle collaboration de Pierre Bost avec Jean Aurenche pour le film Douce de Claude Autant-Lara. Dorénavant, Bost écrira scénarios et dialogues la plupart du temps avec Aurenche. Ils écriront notamment dix-sept scénarios pour Autant-Lara et plusieurs films pour René Clément et Jean Delannoy. (Voir filmographie complète dans la section « Cinéma ».)

1945    Il publie, sous le pseudonyme de Vivarais, le récit patriotique La Haute-Fourche aux éditions de Minuit. Deux publications en octobre : le roman Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, chez Gallimard, et des notes de captivité, Un an dans le tiroir, dans la collection « Les essais » chez Gallimard. Ces notes ont d’abord paru dans le numéro 6 de la revue La Nef en mai.

1946    Scénarise trois films avec Aurenche et écrit les dialogues d’un quatrième.

1950    Décennie la plus fructueuse au cinéma : Pierre Bost collabore à plus d’une vingtaine de films.

1954    Le 2 avril, première d’Un nommé Judas, une pièce en trois actes co-écrite par Pierre Bost et Claude-André Puget et mise en scène par Jean Mercure au Théâtre de la Comédie-Caumartin. La pièce sera publiée deux ans plus tard aux éditions La Table ronde.

1973    Première collaboration de Pierre Bost et Jean Aurenche avec Bertrand Tavernier pour le film L’horloger de Saint-Paul. Tavernier réalisera en 1976 Le juge et l’assassin, d’après une idée de Pierre Bost et, en 1984, Un dimanche à la campagne, une adaptation du roman Monsieur Ladmiral va bientôt mourir.

1974    Décès d’Odette Audibert le 22 mai à Paris.

1975    Décès de Pierre Bost le 6 décembre à Paris.

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