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Projets de recherche

Axe 1 : Développement de la filière archéologie historique et industrielle au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Projet A : Les fouilles archéologiques du site patrimonial du Poste de traite de Chicoutimi (DcEs-1)

Le site patrimonial du Poste de traite de Chicoutimi est localisé au confluent des rivières Saguenay et Chicoutimi. Il forme aujourd’hui un triangle inséré entre les propriétés longeant la rue Price, le boulevard Saguenay et le littoral ouest de la rivière Chicoutimi, dans un secteur urbanisé de l’arrondissement municipal de Chicoutimi de la ville de Saguenay. Hormis la terrasse des chapelles, occupée par la dernière chapelle jusqu’en 1930, le site a été laissé à l’abandon après la fermeture de la scierie Price-McLeod en 1901 et le terrain a graduellement été envahi par une couverture boisée et arbustive. La construction du prolongement du boulevard Saguenay en 1972 a amené un important remplissage le long de la berge et une modification de la configuration du site. Ces travaux ont suscité la première vague de recherches archéologiques de 1969 à 1972. Selon R. Simard, la nouvelle route a entamé environ le 3/10 de la superficie originelle du terrain du poste.

Le site fut désigné lieu historique national en 1972 et classé site historique en 1984. Sa valeur patrimoniale repose sur son importance historique comme établissement clé servant au commerce des fourrures, puis sur son intérêt archéologique, en tant que témoin des activités humaines qui s’y sont déroulées au cours de la paléohistoire et à l’époque historique. Ses vestiges illustrent les fonctions résidentielle, commerciale, artisanale, agricole et religieuse du poste, ainsi que les activités associées à un lieu de halte pour les Premières Nations depuis 5 000 ans AA. Finalement, le site a également hébergé l’une des principales missions du Domaine du Roi et est considéré aujourd’hui comme le lieu de naissance de la ville de Chicoutimi.

Les interventions archéologiques réalisées sur le site du Poste de traite de Chicoutimi en 2004, puis de 2013 à 2019, s’insèrent dans un projet de mise en valeur de ce lieu historique, en vue de son intégration dans un circuit récréotouristique et sa présentation dans le cadre d’une exposition permanente. Ce projet, piloté par la Ville de Saguenay, en collaboration avec la Pulperie de Chicoutimi/ musée régional et le LHASO de l’Université du Québec à Chicoutimi, a pour but principal de mettre au jour des traces archéologiques rappelant les principales facettes de l’histoire du lieu, d’inciter la fréquentation et l’appréciation du lieu par les citoyens et visiteurs et d’assurer la protection et la mise en valeur des vestiges significatifs. Entre 2014 et 2019, des visites guidées ont été organisées en collaboration avec la Pulperie et une activité de participation aux fouilles par le public a été organisée par la municipalité et le LHASO. Il n’y a pas eu de fouilles en 2020 et en 2021 en raison de la COVID-19, mais il est prévu de relancer le projet terrain en 2023. La population ayant accès au site archéologique, l’aspect de la diffusion et de la médiation culturelle en archéologie apporte une dimension intéressante au projet, car peu de site au Québec ont la chance d’être accessibles au public. La démystification de l’archéologie fait partie des préoccupations de l’équipe d’archéologues du LHASO.

Le Laboratoire d’archéologie (LHASO) de l’Université du Québec à Chicoutimi a été mandaté pour réaliser le volet archéologique du projet. L’équipe de terrain comprend un-une chargée de projet et deux adjoints-es, ainsi que quatre étudiants-es-techniciens-nes qui ont tout d’abord participé à la fouille dans le cadre du stage en archéologie offert aux étudiants-es de l’Université du Québec à Chicoutimi avant d’être engagés-es. Les milliers d’objets recueillis depuis 2013 se retrouvent actuellement au LHASO.

Finalement, une demande MITACS en partenariat avec la ville de Saguenay dont le principal objectif est de mettre en valeur et de diffuser les résultats des fouilles archéologiques effectuées depuis 2013 a été soumise et obtenue en 2022. Cette bourse qui s’accompagne en plus d’une subvention par la ville de Saguenay va permettre à trois étudiants.es du premier et du second cycle de travailler. Ce projet, dont je suis le responsable, s’inscrit dans la nouvelle mouture du baccalauréat en histoire où, grâce à l’arrivée du professeur Alexandre Dubé, la gestion du patrimoine sera l’une des nouvelles avenues explorées.

Projet B : Pouvoir d’eaux régionaux et village de Saint-Étienne à Petit-Saguenay

Notons que cette spécialité en archéologie historique/industrielle développée par le LHASO au cours des dernières années a entraîné dans son sillage l’inscription de deux étudiantes à la maîtrise sur mesure dont les sujets sont directement en lien avec l’archéologie industrielle/historique. Les sujets de ces deux étudiants s’inscrivent dans la programmation de recherche du LHASO

Tout d’abord, madame Gisèle Piédalue, dans le cadre de son projet de mémoire de maîtrise va procéder à l’inventaire de la totalité des pouvoirs d’eau ayant été érigés sur les rivières du bassin hydrographique de la rivière Saguenay (incluant le lac Saint-Jean) depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Dans le cadre de ce mémoire, l’étudiante, qui sera supportée par mes fonds de recherche, procédera aux recherches historiques permettant de documenter et de localiser chacune des infrastructures. Cet exercice théorique sera doublé de visites sur le terrain afin de (1) constater l’état des lieux et (2) de procéder à des inventaires par sondages afin de déterminer si un potentiel archéologique demeure. L’un des objectifs de cet exercice est de fournir aux différentes municipalités régionales des informations sur leur passé industriel et, le cas échéant, les données permettant une éventuelle mise en valeur récréotouristique.

De son côté, madame Virginie Boissonneault, également dans le cadre d’un projet de maîtrise, va s’attarder à redonner vie au village de l’anse Saint-Étienne situé sur l’actuelle territoire municipalisé de Petit-Saguenay. Ce village, bâti par la compagnie Price lors de l’exploitation forestière de la région au courant du XIXe siècle, occupait une position stratégique pour l’arrivée des arbres lors de la drave et l’exportation de ces mêmes arbres vers Québec. Après avoir brûlé en 1900, le village fut abandonné, puis finalement enseveli suite à un important glissement de terrain.

Or, à ce jour, n’existe que très peu de documentation sur ce village et son organisation. Les quelques photos existantes sont surtout des photos du quartier des ouvriers. Sur ces mêmes photos, il est possible de voir une petite partie de la ferme. Le principal objectif de cette recherche supportée par la municipalité de Petit-Saguenay et la MRC du Fjord-du-Saguenay, dans le cadre d’une bourse MITACS à laquelle s’ajoute mes fonds de recherche sera, à partir de données ethnoarchéologiques et ethnohistoriques, de poser les fondations pour des projets plus ambitieux de la MRC du Fjord-du-Saguenay et de la municipalité de Petit-Saguenay, auxquels participeraient le LHASO, visant à faire de ce lieu un attrait touristique régional majeur.

De cette façon, tant mesdames Piédalue que Boissonneault vont contribuer aux connaissances régionales dans ce domaine.

Axe 2 : Archéologie communautaire et développement de la recherche par et en collaboration avec les Premières Nations

Projet A: Les fouilles archéologiques sur la pointe de Mashteuiatsh (DdFb-18)

Ce projet fait suite à la découverte d’un site d’occupation ancestral par les membres des Premières Nations à Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh) au cours de l’été 2017. Situé sur le terrain de l’ancien magasin général de la Compagnie de la Baie d’Hudson, un site archéologique fut découvert suite à la démolition du bâtiment commercial Axep en juin 2017.

Le conseil de bande de Mashteuiatsh a alors mandaté le LHASO pour effectuer une fouille archéologique partielle du site dès l’automne 2017. Les artefacts retrouvés lors des fouilles partielles et analysés au LHASO démontraient plusieurs périodes d’occupation, la plus ancienne datant de plus de 5 000 ans.  Selon le rapport, ce site présente un fort potentiel archéologique, notamment parce qu’on y retrouve plusieurs foyers de combustion, des écofacts et des artefacts provenant non seulement des activités du magasin général de la compagnie de la Baie d’Hudson, mais également de la paléohistoire. https://www.mashteuiatsh.ca/messages-aux-pekuakamiulnuatsh/actualites/2278-poursuite-des-fouilles-archeologiques-a-mashteuiatsh.html

Les travaux ont pu se poursuivre, quoiqu’à une échelle plus réduite, en 2020 et en 2021. Ce projet auquel participait le Laboratoire d’histoire et d’archéologie du Subarctique oriental de l’UQAC (LHASO) a été élaboré par la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh (SHAM). Financé par Patrimoine Canada (2020), par le Secrétariat aux Affaires autochtones du Québec (2021) et par le Conseil de bande de Mashteuiatsh (2020-2021), l’un des objectifs principaux de la recherche était de reconstituer l’occupation humaine du lieu à partir des vestiges archéologiques abandonnés sur place. De juin à septembre 2020, une équipe d’archéologues de l’UQAC, d’archéologues de la communauté et des étudiants du stage en archéologie de l’UQAC ont effectué des fouilles. Un autre objectif de cette activité est de contribuer à la formation d’une main-d’œuvre ilnu en matière d’archéologie.

 

Axe 3 : Mise en place de partenariats, sensibilisation et diffusion du patrimoine archéologique

Projet A : Partenariat entre le LHASO et Rio-Tinto (ALCAN)

https://energie.riotinto.com/donnees/fichiers/Actualite/2019/Rapport_suivi_PSBLSJ_2018_finale_MELCC_20190718.pdf

La richesse archéologique et historique des berges du lac Saint Jean est reconnue. Dès les années 1960, des archéologues amateurs faisaient déjà mention de nombreuses découvertes réalisées sur les berges et de ses affluents, en particulier au printemps alors que le niveau du réservoir est bas. Ce sont ainsi plus de 400 sites qui furent découverts dans la région.

Lors de l’arrivée d’Alcan dans la région, l’impact que pouvaient avoir le développement industriel sur l’environnement et ces vestiges étaient donc déjà connus. Au milieu des années 1980, bien que la notion de conservation du patrimoine ne fût pas encore bien intégrée chez les industriels, Alcan (Rio Tinto) a été un précurseur en s’assurant que dans le cadre de son Programme de stabilisation des berges, la ressource archéologique soit considérée à sa juste valeur. Dès 1991 s’est amorcé un partenariat entre Rio Tinto et le LHASO afin de s’assurer d’une continuité au niveau des interventions annuelles.

Depuis 1991, et un peu plus d’un demi-million de dollars plus tard, plus de 30 campagnes d’inventaire et d’inspection visuelle ainsi que quelques activités de fouilles archéologiques et autres ont été réalisées afin de préserver de multiples sites archéologiques (pièces 2.1.3a à 2.1.3e). Ces interventions ont d’ailleurs mené à la découverte de nombreux sites archéologiques, en plus de contribuer à mieux comprendre ceux déjà connus.

Projet B : Partenariat entre le LHASO et le site de la Nouvelle-France (SNF)

Selon les avis énoncés par la firme Ethnoscop (1990), appuyés par des découvertes fortuites, les dirigeants de la Société touristique de l’Anse-à-la-Croix ont convenu en 1996 d’annexer aux activités récréotouristiques du site une facette archéologique. Les recherches archéologiques estivales effectuées de façon presque continue depuis cette année-là en collaboration avec le LHASO ont ainsi permis de documenter un secteur de la rivière Saguenay dont les grandes lignes de l’occupation humaine étaient encore inconnues. On parle ainsi d’une occupation, sur place, depuis le milieu du quatrième millénaire B.C. jusqu’à nos jours. Cinq sites ont été à ce jour répertoriés et l’un d’entre eux a livré plus de 66 000 vestiges archéologiques (témoins lithiques, céramiques et fragments osseux) qui livrent de précieux indices sur l’identité des occupants et de leurs activités à l’Anse-à-la-Croix.

Depuis 1996, plus de 440 m2 ont ainsi été excavés sur quelques sites archéologiques de l’Anse-à-la-Croix. Plus de 100 000 pièces ont été recueillies en ce lieu qui, à l’origine, ne montrait pas un très fort potentiel archéologique. Même après 20 années de fouilles les lieux offrent encore un fort potentiel de fouilles.

Préalablement à 1996, aucun site majeur n’était connu sur les berges du Bas Saguenay. La contribution des sites découverts depuis lors a trait aux schèmes d’établissements des populations paléohistoriques et protohistoriques circulant à l’intérieur du fjord du Saguenay au cours des cinq derniers millénaires. Les seules données provenant de l’Anse-à-la-Croix informent non seulement sur les populations elles-mêmes, mais soulignent l’adaptabilité des cultures amérindiennes de la Paléohistoire qui, à 75 kilomètres à l’intérieur des terres, dans un environnement qui, sans être totalement différent, n’en demeure pas moins plus rigoureux, vont tenter de fabriquer de la céramique, ériger un ou plusieurs abris, tout en exploitant des ressources de riches territoires à peu près inexploités. Les occupants qui, d’avant 3000 A.A. jusqu’au début de la période du Contact, ont foulé du pied l’Anse-à-la-Croix, ont la plupart du temps ajouté ce lieu à l’intérieur d’un cycle de transhumance bien plus vaste qui devait inclure la rivière Sainte-Marguerite en aval et la rivière Chicoutimi en amont. De tout temps, ces visiteurs de passage demeuraient très méridionaux dans leurs comportements, ayant peu de contacts avec les groupes de l’intérieur des terres, notamment ceux du Haut-Saguenay (Saguenay rivière) et du Lac-Saint-Jean. Ce projet a généré plusieurs articles et a fait l’objet d’un mémoire de maîtrise à l’UQAC.

Sur ce site touristique nos activités scientifiques se superposent à des objectifs de diffusion. Ainsi, chaque année depuis 1996 (à l’exception de 2020 à 2022), plusieurs centaines de milliers de touristes sont venus nous rencontrer directement sur les chantiers de fouilles (voir dossier de presse, tableau 7). Au cours de ces rencontres, nous expliquons pendant une vingtaine de minutes à chaque groupe de touristes les rudiments de la discipline et les résultats des fouilles. Une petite exposition a également été constituée afin de présenter les principaux objets découverts depuis 1996. En surplus, nous avons la responsabilité au cours du mois de juin de recevoir des jeunes de nombreuse écoles primaires de la région et de l’extérieur dans le cadre de leur sortie de fin d’année. Nous avons développé une expérience ludique de fouille avec les jeunes afin de leur enseigner les méthodes utilisées par les archéologues. Sur la base des très nombreuses réservations effectuées auprès du site touristique et les commentaires des professeurs, l’activité plaît beaucoup aux jeunes.

En 2023, riche d’une subvention importante qui va permettre de remettre à neuf les infrastructures du site, le SNF va rouvrir et compte bien mettre l’archéologie au centre de ses produits de diffusion. La collaboration avec le LHASO va donc se poursuivre, non pas seulement au niveau archéologique mais également au niveau de la mise en valeur historique, ce qui constitue une porte d’entrée intéressante pour nos étudiants.es en archéologie et en histoire. Ma présence au sein du conseil d’administration de l’organisme permet d’ailleurs de renforcer le partenariat de recherche.

Projet C : Partenariat entre le LHASO et le Parc régional des Grandes Rivières

Ce projet qui en est à ses tout débuts vise à fournir au Parc régional des Grandes rivières du Lac Saint-Jean un corpus de données historiques et archéologiques dans le cadre de son développement récréotouristique. Au centre du Parc se trouve en effet le lac à Jim, secteur dont l’histoire tant paléohistorique qu’historique demeure encore à être documentée, mais dont le potentiel semble particulièrement élevé.

La première partie de ce projet a été supportée par une contribution du site à la base d’une subvention MITACS de $45 000. Deux étudiants.es en maîtrise et une au doctorat ont été boursiers.es dans le cadre de ce projet qui s’est amorcé à l’été 2022. En plus de répondre aux besoins de l’organisme régional, le projet s’inscrit à l’intérieur du projet doctorale de l’une des étudiantes boursières.

Axe 4 : Intégration des méthodes scientifiques à l’archéologie et transdisciplinarité des connaissances

Projet A: Géomatique appliquée à l’archéologie

La spatialisation des connaissances archéologiques est depuis longtemps un enjeu en archéologie. Dans un premier temps, elle permet la mise en contexte des vestiges découverts inter et extra-sites afin de comprendre la nature des occupations, leur contexte chronologique et leur dimension socio-environnementale. Dans un deuxième temps, elle permet de mitiger les dommages causés au site lors de l’intervention pour ne pas le détruire, marque de la nature professionnelle du travail archéologique. Si cette spatialisation se limitait autrefois généralement aux plans, relevés, notes et photographies, les avancées technologiques permettent maintenant d’aborder cette dimension sous de nouveaux angles, nombreux et diversifiés. Depuis quelques années, les chercheurs du Laboratoire utilisent ainsi les divers outils de la géomatique afin de faire évoluer leur pratique, maximiser la valeur patrimoniale de leur travail et optimiser la gestion des informations pour leur utilisation et leur pérennité.

À titre d’exemple de cette utilisation des technologies de la géomatique, il est possible de soulever l’utilisation des systèmes d’information géographique (SIG) et la création de base de données pour la gestion des connaissances au niveau des différentes paliers municipaux et régionaux, la modélisation 3D des interventions pour le calcul volumétrique et l’immortalisation numérique des vestiges et découvertes, la création d’une plateforme web de diffusion et de gestion des données, la géolocalisation de plans anciens, la création d’une application mobile en appui aux inventaires archéologiques et la modernisation des outils et méthodes de fouille et de géolocalisation. Plusieurs de ces approches ont été appliquées lors des travaux sur les sites du poste de traite de Chicoutimi, Mashteuiatsh et des différentes écoles de fouilles. L’enjeu de ces efforts ne repose toutefois pas uniquement dans l’utilisation de ces outils de manière ponctuelle, mais dans leur application répétée afin de moderniser la discipline et ainsi faire évoluer l’application de l’archéologie en région et au Québec. Sous ces divers aspects, le laboratoire d’archéologie cherche donc à faire évoluer la pratique terrain, mais également à faire en sorte que les retombées du travail des chercheurs ne s’arrêtent pas en laboratoire.

 

Projet B : DARQ : Dater l’Art Rupestre au Québec http://www.frqsc.gouv.qc.ca/en/la-recherche/la-recherche-financee-par-le-frqsc/projets-de-recherche/projet/darq-dater-l-art-rupestre-au-quebec-m2gxgud31594825222563

Fonds de recherche : Subvention Audace du FRQSC (2020-2022)

Chercheur sciences appliquées : L. Paul Bédard (UQAC)

Chercheur sciences humaines: Erik Langevin (UQAC)

Collaboratrices: Adelphine Bonneau (Sherbooke/University of Oxford) et Ruth Ann Armitage (Eastern Michigan University, USA)

–              « Archaeometry » de la NSF (Ruth Ann Armitage et Adelphine Bonneau)

Dater l’art rupestre est une donnée essentielle pour son interprétation, mais c’est aussi une des plus difficiles à obtenir en raison de sa sacralité (autant ethnographique que scientifique). Dans ce projet de recherche, une nouvelle méthode de datation sera développée. Appelée datation par les halos de dommages radioactifs (HDR), elle repose sur l’irradiation très ponctuelle de grains de quartz présents dans la peinture par des minéraux radioactifs présents dans la roche, support des peintures. Cette méthode permettrait ainsi d’obtenir l’âge exact des peintures, c’est-à-dire du moment de leur réalisation, et non un terminus post ou ante quem, tels que ceux obtenus par les méthodes du radiocarbone et des séries de l’uranium. Par ailleurs, les échantillons nécessaires seraient de la taille d’une tête d’épingle, permettant de produire plusieurs dates sur une même figure et ainsi de vérifier la fiabilité de la méthode et des dates obtenues. Cette nouvelle méthode s’intègre dans un protocole de caractérisation de la peinture déjà éprouvé sur de nombreux sites rupestres partout dans le monde (par Adelphine Bonneau), permettant sur un même échantillon la collecte d’informations sur la recette de peinture, sur la transformation de la matière colorante (et éventuellement sa provenance) et sur son âge.

En parallèle des HDR, les échantillons seront soumis à une datation par le radiocarbone via une extraction sous plasma d’oxygène. Cette partie est financée par une subvention « Archaeometry » de la National Science Foundation des États-Unis, dont Ruth Ann Armitage est la chercheuse principale, et Adelphine Bonneau la co-chercheuse.

Ce projet de recherche a été soumis au FQR dans le cadre du programme Audace à l’automne 2019 par Paul Bédard du DSA et moi-même. En 2020, suivant les trois étapes de la sélection, nous avons eu le plaisir d’être retenu.

 

Projet C : Élaboration d’une collection de référence osseuse

Chercheur principal : Érik Langevin (UQAC)

Co-chercheur : Martin Tremblay (étudiant UQAC)

Étudiant en maîtrise : William Simard (UQAC, automne 2023)

Lors des fouilles archéologiques, il est d’usage de retrouver des fragments osseux qui sont de façon générale les restes des repas de ceux qui ont occupé les lieux que ce soit il y a 100 ou 5000 ans. Ces ossements, qui peuvent se retrouver sous différentes formes, comptent parmi les indices les plus importants lorsque vient le temps de reconstituer le mode de vie des populations anciennes. Bien au-delà de ce que ces gens ont pu manger, ces ossements permettent de déterminer la saisonnalité d’occupation, la fonction d’un lieu, les techniques de prédation, les étapes de préparation des captures, voire, dans certains cas, certains aspects des croyances idéologiques.

Or, pour arriver à obtenir ces informations, il convient de pouvoir identifier les espèces capturées pour fins de comparaisons entre l’os découvert et l’os au naturel. Au Québec ne se trouve pour ainsi dire que deux collections de références se trouvant pour l’une à l’Université de Montréal et l’autre à l’Université Laval. La consultation de ces collections est payante et nécessite que l’on fasse affaire avec le personnel responsable dans ces deux universités. Or, une telle consultation revient, en termes économiques, à plus d’un dollar par os avec un délai de production du rapport qui peut dépasser une année. Au cours des années, cette situation a engendré pour nous plusieurs problèmes. Prenons en exemple les fouilles archéologiques effectuées sur la rivière Sainte-Marguerite qui ont produit près d’un million (1 000 000) de fragments osseux ou encore celles sur le poste de traite de Chicoutimi qui en ont produit plusieurs dizaines de milliers. Il nous était dès lors impossible de procéder à l’analyse de ces importants vestiges.

Au cours des deux dernières années nous avons donc décidé de mettre sur pieds notre propre collection de référence. Notre prétention n’est pas d’avoir un échantillon de l’ensemble de la faune du Québec, mais surtout des animaux susceptibles de se retrouver dans les collections archéologiques du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Grâce à la collaboration des Premières Nations de Mashteuiatsh, d’Essipit et de Pessamit, du zoo de Saint-Félicien, du Ministère de la faune, des forêts et des parcs (MFFP), du Centre de Formation Professionnelle Jonquière (option boucherie) et de particuliers, les résultats sont étonnants. À ce jour, nous avons ainsi pu traiter 45 espèces (60 spécimens) sur la cinquantaine nécessaire pour effectuer un bon travail.

 

Projet D: Perles de verre des occupations autour du Lac St Jean et de la Rivière Saguenay

Co-chercheur : Adelphine Bonneau (UQAC)

Co-chercheurs : Erik Langevin (UQAC) et Alexandre Dubé (UQAC)

Les perles de verre de facture européenne étaient des objets de prédilection pour la traite entre Européens et Amérindiens depuis le XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle. Circulant rapidement sur de vastes espaces, elles sont retrouvées autant dans les postes de traite que sur les lieux d’occupation des Premières Nations. Grâce à leur étude typologique et à leur composition chimique, il est possible de reconstituer les réseaux d’approvisionnement depuis l’Europe, puis les réseaux d’échange dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean, et même à plus grande échelle au Québec et au Canada. Cette étude est couplée à d’autres similaires sur des sites de production et d’occupation en Europe, ainsi qu’à une recherche dans les sources écrites et illustrées (tableaux, actes notariés, gravures, etc.) afin de mieux comprendre leur utilisation et surtout les goûts et les modes liées aux types rencontrés aux cours des âges.

L’arrivée (2021) du professeur historien Alexandre Dubé au sein de l’UESST devrait par ailleurs alimenter ce projet pour lequel il est prévu, avec M. Dubé, de présenter une demande de subvention sur ce thème et celui plus large de la culture matérielle associée aux postes de traite auprès de grands organismes subventionnaires.

 

Titre à l'Université du Québec à Chicoutimi