Prière à saint Pierre-Julien

"Saint Pierre-Julien, le Seigneur t'a donné, comme autrefois à son serviteur Jacob, une foi toujours en cheminement. Toute ta vie, tu as cherché le moyen d'approfondir ton union à Dieu et d'apaiser les faims de l'humanité. Tu as découvert dans l'Eucharistie, la réponse à tes recherches: l'amour de Dieu était là pour toi, et pour toute l'humanité. En retour de cet amour gratuit, tu as fait le don de toi-même à Dieu et tu t'es dépensé sans compter au service de son peuple. Ta vie, modelée sur celle du Cénacle, où Marie et les apôtres se réunissaient pour prier, a inspiré à tes disciples à vivre dans un climat de prière. Leur zèle apostolique les mena à construire des communautés chrétiennes où l'Eucharistie demeure la source et le centre de leur vie.

Saint Pierre-Julien, accompagne-nous dans notre cheminement de foi: que notre prière, toujours plus fervente, et notre service, toujours plus généreux, nous permettent de participer à l'établissement d'un monde toujours plus juste pour que règne la paix. Puissent nos célébrations de l'Eucharistie proclamer l'amour libérateur de Dieu pour le renouveau de l'Église et la venue de son Royaume. Amen.

Tiré du livre «Petite vie de Pierre-Julien Eymard» par P. Norman B. Pelletier, sss. (pages 163-168)

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Pensées choisies de saint Pierre-Julien Eymard

La prière

« Voulons-nous bien prier? Prions avec le Saint-Esprit. C'est surtout dans l'adoration qu'il faut se met­tre sous la direction du Saint-Esprit, parce que lui seul en est le Maître. »

« L'amour est contemplatif de sa nature... cette contemplation eucharistique est plus active que pas­sive, c'est l'âme se donnant sans cesse à Dieu, sous l'impulsion toujours nouvelle et délicieuse de sa bonté, sous l'action toujours croissante des flammes de son amour... »

« Chaque corps religieux a une forme d'oraison, nous une forme adoratrice, comme son objet eucha­ristique : nous avons adopté celle de l'Église dans le saint Sacrifice ; elle doit nous suffire. »

« À la messe, Jésus-Christ s'offre lui-même à son Père, il l'adore, le remercie, lui demande pardon, et le prie pour le bien de l'Église, de chacun de nous, spé­cialement des pauvres pécheurs. Unissons-nous à Nôtre-Seigneur ; prions comme il l'a fait avec ces qua­tre attitudes exprimées dans l'Eucharistie. »

« Le Saint-Esprit prie en nous et pour nous... On pourra vous donner des méthodes, des règles de prière, le Saint-Esprit seul pourra vous donner l'onction et le bonheur... La meilleure de toutes les méthodes est celle qu'inspiré l'amour. »

« II est très utile de suivre l'esprit de l'Église et adap­ter ses méditations aux caractères religieux des fêtes de l'année. »seconde voie est plus courte et plus noble, c'est celle de l'amour, mais de l'amour souverain. »

 

Sacerdoce

« Je laisserais tout pour les prêtres. »

Vie chrétienne — Sainteté

« Vivez du jour au jour... Il y a une grande loi de sainteté toujours vraie, toujours bonne et toujours puissante en œuvres : c'est la loi de la sainte volonté de Dieu sur nous. Dans cette divine volonté actuelle et personnelle se trouve la grâce spéciale qui nous sanc­tifie, et cette grâce spéciale est attachée à chaque heure, à chaque action; passée l'heure, le temps de l'action, cette grâce est finie. »

« Devenez une sainte ! c'est temps ; et pour devenir une grande sainte, soyez une âme d'oraison et de géné­rosité, car l'essentiel est de le vouloir et de le pour­suivre. »

« Le disciple de Jésus-Christ peut arriver à la per­fection chrétienne par deux voies. La première, c'est la loi du devoir, longue et pénible ; peu y arrivent. La seconde voie est plus courte et plus noble, c'est celle de l'amour, mais de l'amour souverain. »

« La société se meurt parce qu'elle n'a plus de cen­tre de vérité et de charité, plus de famille. Chacun s'isole, se concentre, veut se suffire ; la dissolution est imminente. Mais la société renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de l'Emmanuel. Les rapports se reformeront tout natu­rellement sous une vérité commune; les liens de l'ami­tié vraie et forte se renoueront sous l'action d'un même amour; ce sera le retour aux beaux jours du Cénacle. »

 

Cénacle

« Je suis persuadé que je contenterais la piété des chrétiens, si je leur montrais le Cénacle... »

« Entrons au Cénacle, la première église de la loi nouvelle. C'est là que le Verbe Incarné bâtit sa mai­son mystique et la soutient de sept colonnes qui sont les sept sacrements ; c'est là qu'il dresse sa table et veut que ses disciples mangent avec lui... »

« Nôtre-Seigneur part du Cénacle. L'évangéliste dit qu'il partit après avoir mangé. Il fit la Cène avec eux ; c'est l'ami qui partage une dernière fois le pain ; c'est le repas de l'amour... On ne quitte pas un ami sans un festin d'amitié. En donnant son pain, il donne sa vie ! »

La mort

« Plus les années se multiplient, plus elles affaiblis­sent la nature : c'est la mort par degré, il faut s'y résigner ! Mais heureusement que le cœur ne vieillit pas : il se rajeunit, au contraire, en héritant de ce que les autres facultés perdent. »

Sainte communion

« Allez toujours à la sainte communion : c'est la vie et votre unique vertu. Je dis unique, car c'est Jésus se formant en vous. Regardez la sainte communion comme un pur don de la miséricordieuse bonté de Dieu, une invitation à sa table de grâce, parce que vous êtes pauvre, faible et souffrante ; alors vous irez avec joie. »

« Vous venez à la communion pour devenir saints et non parce que vous l'êtes. »

« L'Eucharistie est la vie des peuples. Elle leur donne un centre de vie. Tous peuvent se rencontrer sans barrière de race, ni de langue. Elle leur donne une loi de vie, celle de la charité dont elle est la source ; elle forme ainsi entre eux un lien commun, une parenté chrétienne. Tous mangent le même pain, tous sont convives de Jésus-Christ, qui crée entre eux surnaturellement une sympathie de mœurs fraternelles. »

« Vous, mes sœurs, qui est-ce qui vous rend hono­rables dans le christianisme, alors que partout ailleurs vous n'êtes que des esclaves et des machines à l'usage de l'homme ? La communion, où vous avez le droit de venir comme l'homme. La communion qui honore vos corps et les rend participants du Verbe fait chair. Vous pouvez venir à la table sainte sans la permission de vos maris. Vous avez de par Dieu le droit de vous asseoir à ce banquet céleste. »

Les pauvres

« Demain commence la retraite des pauvres chiffon­niers. Dieu nous a donné la grâce d'avoir la dernière des œuvres de charité : ce sont les sauvages de la civi­lisation. On leur apprend Dieu et eux-mêmes... Quelle œuvre ! je ne la donnerais pas pour des œuvres princières. Ce sont les petits princes de l'Eucharistie : ce jour-là, ils commencent à vivre leur vraie vie. »

Amour

« Dieu m'a créé dans son amour. Il m'a aimé de toute éternité en lui-même... puis, dans le temps, il a créé de son souffle mon âme, il l'a créée à son image et ressemblance, comme le fruit de son amour même. »

« Jésus m'a aimé le premier, alors que je ne l'aimais pas. Jésus m'aime personnellement comme s'il n'avait que moi au monde, d'un amour de tendresse, d'un amour généreux, d'un amour inconditionnel, d'un amour de passion. »

« Nous vieillissons et nous avons encore beaucoup de chemin à faire ; il faut prendre le plus court, celui de l'amour qui donne tout sans intérêts. »

« La force jaillit de l'amour : aimez donc bien. L'amour sort du foyer de l'oraison : soyez avant tout une fille d'oraison, mais d'une oraison vôtre, affec­tueuse, recueillie, qui goûte Dieu, se nourrit de Dieu. »

Jésus

« Vous allez maintenant, un peu plus seule, être plus à Jésus au désert, là où il parle à voix basse, parce que les secrets du cœur se disent ainsi à ceux qu'on aime comme soi-même. »

« Ce qui est mieux, ce qui est plus nourrissant et vivifiant, c'est l'esprit de Jésus en nous, c'est le déga­gement de tout, c'est de vivre en lui et pour lui. »

« Jésus était une mère. Après nous avoir enfantés, il voulait nous allaiter, nous élever, nous voir gran­dir... Son amour est personnel. »

« Jésus est le père qui a dressé la table de famille. La fraternité chrétienne a été promulguée à la Cène avec la paternité de Jésus-Christ ; il appelle ses apôtres, mes petits enfants... À la sainte table, tous sont des enfants qui reçoivent la même nourriture. »

« Voilà notre force et notre joie : grâce à l'Eucha­ristie, les chrétiens célèbrent un festin où tous, sans jalousie ni distinction, participent à la même table divine et boivent à la même coupe céleste. C'est la riante fête de la fraternité que nous pouvons faire durer toujours. Que Jésus-Christ soit donc loué d'avoir laissé à son Épouse, non pas un portrait, mais tout lui-même! Sachons apprécier et goûter cet aliment. »

« Interpellé par l'ignorance et l'indifférence religieu­ses, saint Pierre-Julien Eymard a cherché la réponse aux besoins de son temps. Il l'a trouvée dans l'amour de Dieu manifesté de façon spéciale dans le don du Christ en son Eucharistie. Il a été saisi par cet amour et il l'a révélé à ses contemporains. » (Règle de Vie de la Congrégation du Saint-Sacrement.)