Chronique

Saint-Félicien apprivoise le développement durable

Professeure spécialisée en développement durable à l'UQAC, Christiane Gagnon souligne que les élus québécois commencent lentement à changer leur façon de faire. « Ils sont mieux informés, plus conscientisés, plus ouverts au développement durable », dit-elle. (Photo : Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI (FSTG) – «Le développement durable comporte un important aspect d’équité sociale que les collectivités doivent se réapproprier. Nous n’avons pas de temps à perdre pour y parvenir, mais je crois que nous allons dans la bonne direction.»
Professeure-chercheure spécialisée en aménagement et en développement durable à l’Université du Québec à Chicoutimi, Christiane Gagnon et ses partenaires travaillent justement afin que les municipalités et les collectivités du Québec rattrapent leur retard en ce domaine. Comment ? En favorisant la mise en place d’Agendas 21, locaux conçus et adaptés aux réalités de chaque communauté québécoise. Dans la région, le fruit de ces efforts commence à prendre forme à Saint-Félicien, où l’application d’un tel modèle a débuté il y a un peu plus d’un an.

«Un Agenda 21 local, c’est un outil intégré d’application des concepts du développement durable qui tient compte des particularités et des réalités d’une communauté, de ses points forts et de ses points faibles. Il s’agit d’une politique mise en place après que des études et des analyses précises aient été réalisées sur le terrain. Cette première étape est incontournable parce que le but de l’Agenda 21 est de faire durer des concepts dans le temps. Donc, il faut déterminer quels modèles il faut faire durer. Cette politique laisse beaucoup de place aux citoyens. Elle implique aussi que les élus doivent adapter leur façon de faire les choses et que l’ensemble des services publics fasse de même», précise Christiane Gagnon.

La professeure explique que grâce à la mise en place d’Agenda 21 locaux, les collectivités québécoises peuvent réconcilier et mettre en œuvre plus facilement et plus efficacement l’ensemble des concepts de développement durable, de la protection de l’environnement au concept d’équité sociale.

Mme Gagnon affirme que les citoyens de Saint-Félicien n’ont pas hésité à embarquer avec enthousiasme dans l’élaboration du projet. Les études sur le terrain étant complétées, tous les intervenants du milieu local planchent actuellement à dégager les grandes lignes du plan d’action qui sera ensuite adopté par les élus félicinois au cours des prochains mois.

Retard

Christiane Gagnon souligne qu’à l’heure actuelle, le Québec et le Canada accusent un énorme retard sur l’Europe en terme de développement durable et de mise en application d’Agenda 21. Le nom « Agenda 21 » provient du vaste sommet de la Terre tenu au Brésil en 1992, où 173 pays s’étaient engagés vers de nouvelles pratiques économiques, écologiques et sociales en vue du 21e siècle.

Plus de 6500 collectivités et états à travers le monde se sont engagés dans cette voie depuis. Au Québec cependant, seule une poignée de localités, dont Sorel-Tracy, Saint-Félicien, Asbestos et Lavaltrie ont amorcé des réflexions en ce sens. Christiane Gagnon se veut tout de même optimiste.

«Les pratiques des gouvernements et des citoyens changent. Ils sont mieux informés, plus conscientisés, plus ouverts au développement durable. Québec met la touche finale à de nouvelles politiques cadres sur l’eau, l’environnement et l’énergie. Ce sont de bons signes», croit-elle.