Chronique

La création de classes multiâges à l’étude

RECHERCHE - Nadia Cody, Christine Couture, Stéphane Allaire, Pascale Thériault et Manon Doucet (absente) travaillent sur ce projet. (Photo Jeannot Lévesque)
GROUPE - Christine Couture souligne que l'on doit trouver une nouvelle façon d'aborder l'enseignement primaire en raison du mouvement démographique qui vide les classes. (Photo Jeannot Lévesque)
CHICOUTIMI – Les écoles se vident, les classes rétrécissent et il est grand temps de repenser le fonctionnement du système scolaire. Présentement, plusieurs classes pourraient se retrouver avec moins de 10 élèves d’un même niveau dans les écoles primaires de la région.
Doit-on revenir vers les classes multiâges comme au temps de nos grands-parents, au temps des écoles de rangs? C’est du moins ce qu’expérimentent présentement des chercheurs de l’UQAC en collaboration avec des enseignants et des stagiaires du Saguenay, le tout dans une formule renouvelée.

« On revient un peu à l’organisation des écoles de rang où plusieurs degrés se retrouvaient dans la même classe. Par contre, nous parlons plutôt d’avoir deux degrés par classe. Bien entendu, la formule que nous utilisons est adaptée à l’enseignement d’aujourd’hui », assure Christine Couture, chercheuse et enseignante en didactique des sciences et de la technologie à l’UQAC. D’ailleurs, cela cadre parfaitement avec l’enseignement de la réforme scolaire.

L’utilisation des classes multiâges est déjà répandue depuis plusieurs années dans les écoles primaires des villages de la région. Toutefois, l’ampleur du mouvement démographique fait en sorte que plusieurs établissements songent à adopter cette pratique, mais tous les enseignants ne sont pas prêts à affronter cette réalité. « À partir de la pratique, nous voulons trouver des pistes d’intervention et des manières de concilier deux degrés différents tout en rendant l’expérience enrichissante pour les enfants », précise Mme Couture. Partager leurs bons coups et mettre à contribution leurs forces, c’est ce que font plusieurs enseignants et stagiaires de la région. « Il s’agit de construire un savoir partagé entre les enseignants et les chercheurs de l’UQAC », relate la chercheuse.

Un gros défi

Bien que les classes multiâges permettent de respecter le rythme des enfants et de mettre à contribution les forces différentes, elles sont un réel défi pour les enseignants. « Le plus grand défi, c’est de gérer les écarts entre les élèves », raconte Mme Couture. De plus, enseigner à deux degrés scolaires à la fois nécessite énormément de travail et d’organisation. Il est difficile de présenter deux années de suite le même enseignement et les mêmes volumes.

Plutot que de travailler en alternance une piste serait de concevoir des projets communs pour tous les élèves. Selon Mme Couture, faire des activités communes mais avec des attentes différentes est une alternative que les enseignants considèrent prometteuse. Elle ajoute que pour les enfants, c’est un excellent contexte d’apprentissage scolaire mais également d’apprentissage de la vie.

Des résultats concrets

Ce que les chercheurs et les collaborateurs espèrent retirer de cette expérience ne se limite pas à des théories. « Ce n’est pas seulement une collecte de données. Nous voulons dégager des exemples de pratiques, des idées et des principes d’action. Nous aimerions également que cela débouche sur de la formation et que les jeunes diplômés soient formés en conséquence », précise Mme Couture. Le projet de recherche actuel concerne uniquement les écoles du Saguenay mais la deuxième phase du projet de recherche pourrait bien s’étendre du côté du Lac- Saint-Jean.

Écoles qui travaillent au projet :

– École du Vallon de Petit-Saguenay
– École Sainte-Marie-Médiatrice de Jonquière
– École de la Pulperie de Chicoutimi
– École La Source de Saint-Honoré
– École Saint-Joseph de Saint-Ambroise

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Un texte de Catherine Bergeron