Chronique

De l’histoire au développement régional
Sabrina Tremblay étudie au doctorat en développement régional. (Photo Rocket Lavoie)

Sabrina Tremblay : « Ce sont les individus qui m’intéressent

CHICOUTIMI – Lorsque l’on regarde froidement le parcours de Sabrina Tremblay, on peut croire qu’il s’agit d’une étudiante ne sachant guère ce qu’elle veut. La jeune femme a tout d’abord fait ses études collégiales en histoire et civilisations pour ensuite entreprendre un baccalauréat en psychologie à l’UQAC. Puis, elle s’est inscrite à la maîtrise en travail social et elle est présentement étudiante au doctorat en développement régional.

« Ce sont les individus qui m’intéressent. Il s’agit pour moi d’un cheminement très logique. Grâce à mes cours d’histoire, je sais d’où l’on vient. En psycho, j’ai appris ce qui se passe entre nos deux oreilles. J’ai su, en travail social, comment les individus interagissent, en tenant compte de leurs défauts et qualités, avec la communauté et l’environnement. Présentement, en développement régional, j’apprends surtout de quelle manière les politiques publiques ont une influence sur la personne. »

Depuis le tout début de ses études, Sabrina Tremblay, qui est originaire de Chicoutimi, sait que l’enseignement est sa voie d’avenir. Elle aimerait être professeure au cégep ou à l’université, probablement en travail social.

« Il est certain que d’être étudiante au doctorat m’oblige à faire quelques sacrifices. Par exemple, à 29 ans, je n’ai pas encore d’emploi stable, de caisse de retraite et je suis loin d’être établie. J’accepte cependant cela parce que je sais que c’est ce que je veux faire. J’ai toujours souhaité aller à l’université. Étant jeune, je voulais être vétérinaire. De toute façon, je suis tellement peu manuelle que je n’avais pas vraiment le choix d’étudier et de me concentrer davantage sur des concepts théoriques! », conclut celle dont le frère est étudiant au doctorat en psychologie à l’UQAC.

Une question de discipline

CHICOUTIMI (KBM) – Être étudiante au doctorat et ne pas être une « super bollée », c’est possible! Sabrina Tremblay assure que oui. « J’ai toujours été parmi les meilleures de ma classe, mais ce sont d’abord et avant tout ma discipline et le fait que je sois bien entourée qui me permettent d’étudier au doctorat en développement régional. »

Sabrina Tremblay assure que c’est uniquement à la maîtrise qu’elle a commencé à avoir d’excellentes notes. Jamais auparavant elle n’avait été la plus douée de sa classe.

« Je n’avais pas une bonne discipline. À partir du bac, comme je travaillais dans deux endroits en plus d’ëtre aux études, je n’ai pas eu le choix d’être disciplinée. Puis, à la maîtrise, j’ai travaillé pour des professeurs et ça m’a beaucoup aidée. »

Aujourd’hui, Sabrina peut se concentrer sur ses études. Elle a obtenu une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Ainsi, pendant trois ans, elle recevra annuellement 35 000 $. « J’ai fait la danse de la victoire quand je l’ai su, lance madame Tremblay. J’avais auparavant obtenu une bourse du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture. Cela me donnait 20 000 $ par année. J’ai donc refusé cette bourse afin de pouvoir profiter de celle du CRSH. »

Première étape

La première étape du doctorat de Sabrina, qui devrait s’échelonner sur quatre ans, est de se préparer en vue de son examen doctoral. Trois questions lui seront alors posées. Elles concerneront la déstructuration et la restructuration du développement régional, l’utilisation des ressources et le développement durable et les mouvements sociaux. Elle lit environ 70 articles et 30 livres pour chaque sujet. Elle aura ensuite un mois pour répondre à chacune des questions.

Sabrina Tremblay est sérieuse lorsqu’elle parle de la « discipline de fer » que doivent posséder les étudiants au doctorat.

Tous les matins de la semaine, elle se lève à 5 h 30. Elle arrive à l’UQAC vers 7 h 15. Chaque tranche de 15 minutes est calculée. Elle connaît son programme. Lorsqu’elle s’est aperçue qu’elle n’était pas très productive en après-midi, elle a décidé que c’est à ce moment qu’elle effectuerait les différentes tâches de sa vie quotidienne. En soirée, elle se replonge dans ses bouquins.

Sabrina Tremblay insiste sur le fait qu’il est possible de faire des études supérieures en région. « La classe est plus petite et nous avons accès au professeur plus rapidement. Ici, si je veux un rendez-vous avec mon prof, je l’obtiens dans la semaine. J’ai des amis qui étudient à l’extérieur et qui doivent se prendre trois semaines à l’avance pour parler quinze minutes avec leur prof! »

Le Quotidien, Samedi, 3 octobre 2009
Un texte de Katerine Belley-Murray