CHICOUTIMI – « Il faut favoriser la recherche afin de mieux gérer les gisements. Il y a une limite à tout ce que l’on peut exploiter et consommer. Si nous ne trouvons pas d’autres sites d’exploitation, ce sera dangereux pour l’avenir. En tant que géologues, nous sommes là pour mieux comprendre divers phénomènes naturels. La base du développement d’un pays, c’est ses ressources naturelles », affirment trois étudiants de la Chaire de recherche du Canada en métallogénie magmatique, située à l’UQAC.

Le Français Clifford Patten et le Camerounais Lionnel Ngue étudient à la maîtrise, alors que Matthias Queffurus, qui provient lui aussi du pays présidé par Nicolas Sarkozy, complète un doctorat. Tous trois considèrent le Canada comme un chef de file en matière de géologie. Plus spécifiquement, l’UQAC est reconnue mondialement pour ses recherches sur les minéraux du groupe platine, qui regroupe six éléments chimiques (platine, palladium, osmium, iridium, rhénium et ruthénium). Les minéraux de ce groupe sont de puissants catalyseurs qui possèdent un point de fusion élevé et une grande résistance à la corrosion et à l’oxydation à haute température, entre autres propriétés.

On s’en sert en outre pour les catalyseurs des voitures, les boîtiers électroniques, les appareils dentaires, les radiographies, l’aviation, l’informatique…

« Les minéraux du groupe platine sont très rares. L’UQAC est la seule université, au Québec, à faire de la recherche les concernant. Sarah-Jane Barnes, la titulaire de la Chaire de recherche, est une spécialiste reconnue mondialement », explique Matthias Queffurus.

« Nous souhaitons comprendre de quelle manière les gisements se forment, poursuit Lionnel Ngue. Cela favorisera ensuite l’exploitation. Si on sait que le platine se retrouve dans une telle phase, où on le trouve exactement, on peut créer des modèles qui permettront aux compagnies de cibler plus facilement la matière. » Lionnel espère pouvoir favoriser le développement de son pays.

Le Canada est considéré comme un chef de file mondial dans ce domaine. Selon les deux Français qui étudient présentement à l’UQAC, leur pays n’est guère aussi avancé que le nôtre en géologie.

« On retrouve tous les contextes favorables ici. Les minéraux sont donc présents en très grand nombre, il y a tellement de terres inexplorées; ce qui est tout le contraire en Europe. »

Environnement

Plusieurs personnes pourraient rester perplexes quant au fait que ces trois éminents étudiants sont susceptibles de travailler pour de grandes compagnies minières, parfois mal perçues par la population.

Clifford Patten, dont le père est originaire de la Colombie-Britannique, mais qui a été élevé en France, estime que l’exploitation minière est nécessaire.

« On a besoin des métaux pour vivre. Maintenant, il faut bien faire l’exploitation. Les miniers cherchent d’ailleurs à redorer leur image. En moyenne, une exploitation minière dure 30 ans. Les miniers réhabilitent le site ensuite, pensent au côté environnemental et à la population de l’endroit. »

« La géologie est partout, croit pour sa part Lionnel Ngue. Même les conflits internationaux sont en grande partie reliés aux minéraux et aux matières premières. »

Qu’est-ce que la géologie?

La géologie est la science qui traite de la composition, de la structure, de l’histoire et de l’évolution des couches internes et externes de la Terre, et des processus qui la façonnent. La géologie est une discipline importante parmi les sciences de la Terre. Associée à des méthodes de datation radiochronologique et des études de météorites, elle a permis de déterminer l’âge de la Terre, que l’on estime actuellement à 4,57 milliards d’années. Elle intervient, en même temps que la géophysique appliquée, dans la recherche ou l’exploitation des ressources naturelles notamment le pétrole, le charbon, les minerais, les pierres précieuses et semi-précieuses et l’eau. Source : Wikipédia

Saviez-vous que…

L’UQAC possède l’un des rares laboratoires dans le monde à faire l’analyse du platine dans le minerai, et ce, jusqu’au niveau du nanogramme (0.000 000 001 ng).

Les chercheurs de l’UQAC développent, présentement, une nouvelle technique pour l’exploration diamantifère qui utilise le nickel dans les grenats.

Des chercheurs en hydrogéologie de l’UQAC ont réalisé une étude sur les eaux souterraines et leur gestion environnementale dans la province de Guizhou, en Chine.

Des chercheurs en géologie de l’UQAC ont raffiné une méthode de géochronologie à l’aide d’un spectromètre de masse au laser.

L’UQAC est en voie de devenir un des principaux centres d’analyse en éléments traces des minerais au Canada, voire au monde.

Les travaux réalisés par les chercheurs en géologie de l’UQAC contribuent, de façon importante, à une meilleure évaluation du potentiel minier des gisements de métaux précieux dans le nord du Québec et ailleurs dans le monde.

Le Quotidien, Samedi, 19 septembre 2009
Un texte de Katerine Belley-Murray