Chronique

Un cours d’initiation à l’ilnu débutera en janvier

Une volonté d’intégrer la communauté autochtone

CHICOUTIMI – Un cours d’initiation à l’ilnu sera donné à l’UQAC dès janvier. Ainsi, les étudiants francophones pourront se familiariser avec cette langue, alors que ceux qui la parlent déjà auront l’opportunité de suivre ce cours dans leur propre langue, sous forme d’ateliers, une première au Québec.

« Nous avons le souci que nos étudiants continuent de parler leur langue à l’extérieur de leur communauté. Le fait que des francophones apprennent l’ilnu est un point très positif. De plus, il y a des gens des Premières Nations qui ne la parlent pas, ce sera donc une belle occasion pour eux aussi », affirme le directeur du Centre des Premières Nations Nikanite « prononcer Ni-Kan-Té », Marco Bacon.

Monsieur Bacon est également fort heureux de constater la volonté de la direction de l’UQAC d’intégrer la communauté autochtone. « Un cours en ilnu permettra de diffuser et de promouvoir la culture des Premières Nations. Présentement, il n’y a pas d’université qui donne des cours de langue autochtone. L’UQAC sera la seule, et ce, dès janvier 2010 ».

Sans vouloir trop s’avancer, monsieur Bacon avoue qu’il est dans ses plans de mettre sur pied un baccalauréat complètement donné en langue autochtone. « On doit travailler pour revitaliser notre langue. Il faut contrecarrer la déperdition et l’un des moyens pour le faire est de donner des cours dans notre langue. Un baccalauréat entièrement en ilnu serait une bonne chose ».

Lors des journées de sensibilisation, une table ronde portant sur l’éducation chez les Premières Nations a réuni plusieurs personnalités autochtones.

« Nous avons touché à de nombreux éléments concernant la difficulté au niveau de l’école. Plusieurs points en sont ressortis, dont le fait que parfois, les parents n’ont pas eux-mêmes les connaissances pour aider leurs enfants, constate-t-il. De plus, on ne peut pas faire asseoir un Autochtone pendant cinq heures et lui demander d’écouter. C’est contre sa nature. On a également parlé du fait que l’école est sous-financée dans les communautés. Nous avons aussi tiré plusieurs points positifs, dont le fait que nous avons la volonté de travailler tous ensemble ».

Sensibilisation

Les Journées de sensibilisation à la culture autochtone ont eu lieu cette semaine, à l’UQAC. « Il y a toujours eu des préjugés et il va toujours y en avoir, explique le directeur du Centre des Premières Nations Nikanite. Ils en résultent de la désinformation. Ces journées permettent à tous de connaître et de comprendre les réalités des Autochtones ».

Les Autochtones font partie intégrante de la communauté universitaire à l’UQAC, avec plus de 135 étudiants.

« On tient à ce qu’ils soient fiers de leur culture, qu’ils la partagent. Les journées de sensibilisation se déroulent sur une période précise, mais doivent continuer tout au long de l’année. On veut entendre leur langue. Ils doivent être eux-mêmes et briser l’isolement. Nos jeunes étudiants ne sont pas obligés de laisser leur culture et leur identité à la porte d’entrée, de l’UQAC ».

Jeudi soir a eu lieu le lancement de la nouvelle désignation du Centre des Premières Nations Nikanite « Va de l’avant », anciennement nommé Centre d’études amérindiennes. Un logo inédit a été dévoilé au public. Il a été réalisé par Annick Ouellet, de Mashteuiatsh, qui a gagné le concours lancé par le Centre.

« Ce dévoilement a été un moment fort pour moi, explique monsieur Bacon. Le nouveau Centre des Premières Nations Nikanite va aller de l’avant. C’était un moment empreint d’espoir. Nous allons voir dans les communautés pour observer les besoins. Nous traitons avec respect les recommandations des gens. La conception de futurs programmes se fait en lien avec les communautés, ce qui est un plus pour les Autochtones. Nous avons commencé à agir de cette manière depuis deux mois », explique monsieur Bacon, qui habite à Mashteuiatsh.

INFO

Le Consortium de recherches amérindiennes a été mis sur pied conjointement par Le Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean et l’Université du Québec à Chicoutimi pour favoriser la réalisation de projets de recherche orientés vers la culture innue et les préoccupations amérindiennes.

Le Laboratoire d’archéologie de l’UQAC réalise des travaux sur les sites de peuplement de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean à l’époque du Sylvicole. Des chercheurs de l’UQAC s’intéressent à l’entrepreneuriat autochtone.

Le Quotidien, 31 octobre 2009
Un texte de Katerine Belley-Murray