Chronique

La variété phonétique, une partie de l’identité

Photo : Sylvain Dufour
Vincent Arnaud, Professeur à l’Unité d’enseignement en linguistique et en langues modernes

CHICOUTIMI – « Il n’y a pas que les fromages qui soient du terroir. La variété phonétique, c’est aussi une partie de l’identité d’une société. Nous n’avons pas le droit de la mettre de côté. La différence n’est pas négative. Il est important de la mettre en valeur. Il y a beaucoup de stéréotypes concernant les accents régionaux. Mon objectif est d’étudier les variations phonétiques sans émettre de commentaires négatifs », explique Vincent Arnaud, professeur à l’Unité d’enseignement en linguistique et en langues modernes de l’UQAC.

Monsieur Arnaud considère que les langues méritent d’être valorisées, et non stigmatisées. Ainsi, il souligne que tout le monde peut affirmer que les accents du Saguenay et ceux de Montréal sont dissemblables, mais que son objectif est d’analyser et de quantifier cette variation.

« Il n’existe pas une bonne prononciation. Ce n’est pas ce que je recherche. Toutes les prononciations sont correctes. Je travaille beaucoup en sociophonétique. Je combine le profil social, l’âge, l’occupation, l’origine et je tente de voir s’il existe un lien entre tous ces facteurs. Je combine le profil social des gens avec leur prononciation pour voir les différences. On peut ainsi parvenir à les quantifier », souligne le Français d’origine.

Il est possible d’étudier les sons en les écoutant ou grâce à des instruments de mesure. « On valide ce que l’on entend grâce à des instruments spécialisés, dont le spectrogramme. Grâce à ses mesures, on peut caractériser le son. »

Le tout est réalisé avec des fréquences hertz.

Parcours

Monsieur Arnaud a commencé ses études supérieures dans son pays natal. Il y a complété un baccalauréat en sciences du langage.

« J’ai eu un professeur en phonétique qui m’a réellement accroché. Je voulais en faire dix fois plus. Je lui ai demandé de faire une maîtrise dans ce domaine. J’ai obtenu des résultats intéressants, que je suis venu présenter à l’Université Laval. Là, j’ai rencontré le professeur Claude Paradis, pour qui j’avais déjà beaucoup de respect, ayant lu ses résultats de recherche. Je lui ai donné mon mémoire de maîtrise. De fil en aiguille, je suis parvenu à obtenir une bourse pour ma thèse de doctorat. J’ai fait une année à l’Université Laval. Je suis, par la suite, retourné en France pour mieux revenir au Québec. Je compte rester ici, ma conjointe habitant au Québec. Elle est professeure dans le même domaine que moi. »

Une région intéressante au plan linguistique

CHICOUTIMI (KBM) – Plusieurs étudiants au baccalauréat en linguistique optent pour une maîtrise en orthophonie. « La région est intéressante au plan de la linguistique et l’on souhaiterait que davantage de personnes poursuivent à la maîtrise en linguistique. On essaie de recruter des étudiants », souligne Vincent Arnaud.

Monsieur Arnaud estime que le baccalauréat de l’UQAC est de très bonne qualité.

« Il y a eu une légère baisse du côté des étudiants en linguistique, dans l’est du Québec, depuis environ 15 ans. Lorsque Jean Dolbec a pris sa retraite de l’UQAC, et que Claude Paradis est devenu vice-recteur à l’Université Laval, les études en linguistique ont perdu deux gros morceaux. Moins d’étudiants se sont inscrits. On essaie maintenant de redynamiser le tout. Il y a plusieurs bons professeurs à l’UQAC. »

Vincent Arnaud possède son propre site web : http://vincent.smithware.ca/.

Le Quotidien, 12 décembre 2009
Un texte de Katerine Belley-Murray