Chronique

Percer le mystère de la Russie

Après plus de 20 ans de recherches et de travaux, Michel Roche n'a toujours pas terminé d'en apprendre sur la Russie. L'ex-Union soviétique demeure pour lui un champ de réflexion unique au monde. (Photo Michel Tremblay)
Michel Roche, professeur de sciences politiques à l’UQAC

CHICOUTIMI – « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », disait Winston Churchill. Une source intarissable de découvertes et de réflexions, ajouterait sans doute aujourd’hui le professeur en sciences politiques de l’Université du Québec à Chicoutimi, Michel Roche.

Monsieur Roche se penche sur le « mystère » de la Russie depuis maintenant plus de 20 ans. En fait, le début de ses travaux remonte à l’année 1986. À l’époque étudiant à la maîtrise en sciences politiques, il a consacré son mémoire à l’ex-Union soviétique.

« Ce qui m’avait toujours intéressé, c’est le changement social, alors j’ai jeté un coup d’oeil du côté de l’URSS. Je voyais l’arrivée au pouvoir d’un homme comme Gorbatchev et je me suis dit qu’il y avait des chances qu’il se passe quelque chose là-bas », raconte monsieur Roche.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a vu juste. Depuis, le mur de Berlin est tombé, la Russie a amorcé une transition vers le capitalisme – ce qui fut d’ailleurs le sujet de sa thèse de doctorat – et les mentalités du pays n’ont cessé d’évoluer. Bref, pour du changement social, il est tombé dans le mille.

Partager son expérience

Devenu, au fil des ans, un véritable spécialiste de la Russie, Michel Roche ne se contente toutefois pas d’assouvir son appétit de connaissance en poursuivant ses recherches personnelles. En tant que professeur, il se fait également un devoir de partager son savoir, son expérience et sa passion avec ses étudiants.

Il offrira encore une fois, la session prochaine, des cours théoriques sur la Russie et sur le marxisme aux étudiants en sciences politiques de l’UQAC. Et surtout, il organisera un voyage de 17 jours en Russie, au printemps. Une initiative lancée au début des années 2000, alors qu’il enseignait à l’UQAM, et qui se poursuit depuis son arrivée à Chicoutimi en 2006. Entre huit et dix étudiants devraient vivre l’expérience russe encore cette année.

« Ils ont l’occasion d’assister à une foule de conférences et ainsi de valider l’enseignement donné dans mon cours. La plupart ne verront plus le pays de la même manière par la suite. L’expérience leur permet de se forger un point de vue critique sur la Russie, ce qui, je pense, ne se fait pas en suivant l’actualité quotidienne », indique monsieur Roche.

D’autres projets

Enfin, si l’enseignement et l’organisation de ce voyage accaparent beaucoup de son temps et de son énergie, le professeur natif de Saint-Félicien caresse néanmoins bien d’autres projets. Il suffit de voir son bureau, couvert de bouquins sur la Russie, pour constater que sa tête de chercheur bouillonne sans arrêt.

« Mes recherches portent présentement sur la montée de l’extrême droite en Russie, un phénomène préoccupant qui fait déjà des dégâts et qui pourrait en faire davantage. Je devrais éventuellement écrire des articles scientifiques de même qu’un livre sur le sujet », explique-t-il.

Ensuite, gageons que le politologue trouvera un autre aspect sur lequel s’attarder. « La Russie est un pays unique qu’il faut continuer d’étudier. On peut la voir comme une sorte d’immense laboratoire pour les sciences politiques et les sciences sociales. Elle permet de tester et de valider bien des théories », conclut-il.

Le Quotidien, 19 décembre 2009
Un texte de Samuel Tremblay