Chronique

Le baccalauréat en arts renouveléConstanza Camelo souhaite relever le défi

On voit ici Constanza Camelo durant une activité nommée
Chicoutimi – Après dix ans d’enseignement en arts visuels à l’UQAM, Constanza Camelo a rejoint les rangs de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) avec un objectif clair en tête : donner une renommée au Baccalauréat interdisciplinaire en arts (BIA).

Tout dernièrement, le module des arts a renouvelé la majorité des professeurs. Un rajeunissement de vision nécessaire à l’actualisation du programme, selon madame Camelo.

« La nouvelle équipe cherche une façon de démontrer que le BIA se démarque des autres programmes d’arts universitaires. Qu’il s’actualise. De plus, nous avons tous une renommée internationale. Par le biais de nos contacts, nous voulons créer des ponts directs avec le milieu ».
Le grand défi, selon elle, réside dans la capacité de « rester local, tout en étant global ».

D’origine colombienne, Constanza Camelo considère que « les échanges avec d’autres cultures changent les individus. Ça te transforme et te fait grandir ». Elle entretient d’ailleurs d’excellentes relations avec des collectifs d’artistes d’Amérique latine. L’enseignante espère que ces relations puissent inciter des jeunes du Sud à venir étudier dans notre région.

En plus de l’enseignement, Constanza Camelo se concentre également sur la recherche. Depuis peu, les professeurs peuvent bénéficier de subventions afin d’effectuer des recherches-créations au sein même de l’Université. « Avant, l’artiste-enseignante avait son atelier à l’extérieur de l’Université. Sa recherche n’était pas reliée au milieu de l’enseignement. Maintenant, nos recherches se déroulent au sein même de l’institution. Notre lieu de recherche fait partie intégrante du processus créatif. Ce lieu d’art au sein de l’UQAC la fait rayonner ».

Faire l’art différemment

Madame Camelo évolue dans l’art-action. Sous forme de performance, l’artiste se sert de son corps comme matériel d’art. Le processus de création et le contexte font partie de l’oeuvre. « Je travaille dans le domaine de l’éphémère. Lorsque la performance se termine, l’oeuvre disparaît ».

Afin de mieux comprendre ce domaine méconnu de l’art, expliquons une de ses performances. L’artiste voulait faire vivre l’émotion ressentie par un nouvel arrivant, au moment où il attend l’arrivée de son passeport canadien, symbole officiel de son intégration, et le moment où l’immigrant doit composer avec l’abandon de son identité d’origine. Elle a donc réuni plusieurs nouveaux arrivants, en leur demandant de porter un passeport en ornière, afin de symboliser l’aveuglement que l’attente du passeport provoque, alors que le nouvel arrivant ne prend pas la peine d’observer son nouveau milieu d’accueil.

Saguenay, un milieu favorable

Le Saguenay est un bassin important en art performance. Madame Camelo est venue s’installer dans la région en partie parce que plusieurs artistes renommés sont ici. Chicoutimi a d’ailleurs impressionné l’enseignante.

« On retrouve six galeries d’artistes pour une population aussi petite. C’est une très grande concentration. Mais ce qui m’impressionne le plus, c’est la participation du public. Souvent, à des pièces ou performances artistiques très peu accessibles au grand public, on retrouve une foule considérable. Les premières fois, je me demandais pourquoi Monsieur ou Madame Tout-le-monde va voir tel ou tel spectacle. Je me pose encore la question. Ce serait un sujet de recherche très intéressant d’ailleurs », souligne madame Camelo, sourire aux lèvres.

Elle considère d’ailleurs que les jeunes de la région devraient profiter de la chance unique d’étudier dans sa région et même d’y vivre, considérant l’importance du milieu culturel de la région. « Surtout, rappelle-t-elle, que le BIA se développe rapidement et représente une occasion unique pour tous ».

Le Quotidien, samedi, 25 septembre 2010, p. 12
Un texte de Jimmy Trottier