Chronique

Les effets du tabagisme à l’étude – Recherche effectuée dans la région sur des jeunes

Le professeur du Département des sciences humaines à l'UQAC et titulaire de la Chaire UQAC-Cégep de Jonquière sur les conditions de vie, la santé et les aspirations des jeunes (VISAJ), Michel Perron, publie les résultats de la recherche sur les effets du tabagisme maternel sur le développement cérébral dans de nombreuses revues médicales internationales. Les chercheurs ont eu l'autorisation de recevoir les notes des élèves étudiés. Ils pourront ainsi établir des liens entre les effets du tabagisme lors de la grossesse et le rendement scolaire. (Photo Rocket Lavoie)
CHICOUTIMI – L’importante recherche concernant les effets du tabagisme maternel sur le développement des enfants, dont la collecte des données se fait entièrement dans la région, aura permis aux chercheurs d’apporter des conclusions sur bien d’autres sujets comme le rendement scolaire des adolescents ou le développement cérébral de ceux-ci.

La recherche, intitulée « Les effets du tabagisme maternel sur le développement cérébral, l’apprentissage, la santé cardiovasculaire et métabolique des jeunes », a débuté il y a huit ans. Elle a été initiée par Thomas Paus et Zdenka Pausova, deux docteurs de Montréal qui ont décidé de procéder à l’échantillonnage au Saguenay–Lac-Saint-Jean en raison de l’homogénéité de la population.

C’est Michel Perron, l’ancien directeur du groupe d’études du Cégep de Jonquière, soit ÉCOBES recherche et transfert, qui a été l’un des instigateurs du projet, avec Suzanne Veillette, qui lui a succédé.

Aujourd’hui, le projet rassemble des chercheurs du Centre de santé et de services sociaux de Chicoutimi et des Universités de Chicoutimi, McGill, Montréal et Toronto. Il est financé par l’Institut de recherche en santé du Canada à la hauteur de plus de 1 500 000 $.

Quant à ÉCOBES, il se charge de la collecte des données. M. Perron, devenu professeur au Département des sciences humaines à l’UQAC et titulaire de la Chaire UQAC-Cégep de Jonquière sur les conditions de vie, la santé et les aspirations des jeunes (VISAJ), a décidé de continuer sa contribution au projet. Il publie les résultats de la recherche dans de nombreuses revues médicales internationales.

« C’est le deuxième projet sur lequel je travaille depuis le plus longtemps. On a décidé de cibler 500 jeunes de 12 à 18 ans dont la mère a fumé durant la grossesse et 500 autres dont la mère n’a pas fumé », explique-t-il.

À la fin de l’année 2011, la collecte des données sera terminée. « On a débuté en 2003. On a visité trois commissions scolaires. Il s’agit de 16 heures de participation pour les jeunes. Cette collaboration est assez exceptionnelle. Ce n’est pas habituel », mentionne l’actuelle directrice d’ÉCOBES, Nadine Arbour.

Collecte des données

Afin de collecter les données des adolescents, les membres du groupe d’étude procèdent d’abord au recrutement et font ensuite une visite à domicile.

Les jeunes passent donc une batterie d’examens dont des tests cardiovasculaires, psychométriques ainsi qu’une résonance magnétique à l’abdomen et au cerveau.

« C’est une belle contribution à la recherche, mais c’est aussi un bilan de santé complet pour les jeunes. Il nous reste 260 jeunes à aller chercher », ajoute Mme Arbour.

Le professeur tient pour sa part à souligner qu’ils ne procèdent pas à une campagne de recrutement. « On n’a jamais fait de publicité. Les gens sont libres de collaborer. On veut s’assurer qu’il n’y ait pas de pression. »

Résultats

Jusqu’à maintenant, la recherche a permis de démontrer que le corps calleux, c’est-à-dire le lien entre les deux hémisphères du cerveau, est plus petit chez les filles dont la mère a fumé durant la grossesse. « Avant, on savait seulement que les nouveau-nés avaient un poids plus petit. On commence à voir les effets sur les autres sphères de la vie », soutient Michel Perron.

En effet, les chercheurs ont eu l’autorisation de recevoir les notes des élèves étudiés. Ils pourront ainsi établir des liens entre les effets du tabagisme lors de la grossesse et le rendement scolaire.

De plus, la vaste étude aura permis de connaître d’autres faits. Par exemple, 13,8 % des garçons et 8,3 % des filles avaient du gras abdominal, ce qui peut être un annonciateur de problèmes de diabète ou de maladies cardiovasculaires.

Dans le même ordre d’idée, la recherche a permis de découvrir que le développement cérébral n’est pas achevé à l’adolescence. « Ce n’était pas clairement établi avant. Nos études permettent de fournir une base de références aux hôpitaux afin qu’ils voient si un cerveau est normal, car parmi l’ensemble des organes du corps humain, c’est l’organe le moins connu », conclut-il.

Le Quotidien, samedi, 18 décembre 2010, p. 12
Un texte de Audrey Pouliot