Chronique

L’Île d’Orléans du Saguenay? Majella Gauthier et Bruno Girard scrutent Saint-Fulgence avec intérêt

Professeur émérite et chercheur de l'UQAC, Majella J. Gauthier a présenté, jeudi dernier, l'étude sur le potentiel microclimatique de Saint-Fulgence qu'il a réalisée avec son étudiant finissant en géographie, Bruno Girard. (Photo Sylvain Dufour)
CHICOUTIMI – « Ce qu’il y a de particulier avec Saint-Fulgence, c’est qu’il s’agit du lieu idéal pour monter notre modèle puisque c’est une banlieue d’une ville de 150 000 habitants. Avec son potentiel microclimatique, la municipalité pourrait devenir l’île d’Orléans du Saguenay. »

Professeur émérite de l’Université du Québec à Chicoutimi et chercheur au laboratoire d’expertise et de recherche en géographie appliquée (LERGA), Majella J. Gauthier a présenté, jeudi dernier, l’étude sur le potentiel microclimatique de Saint-Fulgence qu’il a réalisée avec son étudiant finissant en géographie, Bruno Girard. Ce potentiel pourrait permettre de cultiver notamment des fruits qui ne peuvent pousser normalement dans la région en raison du climat.

C’est dans cette perspective qu’ils ont abordé ensemble le territoire avec une approche cartographique, particulièrement en utilisant les moyens fournis par les systèmes d’information géographique (SIG). Et il a été facile pour les acolytes d’avoir accès à ces informations puisque M. Girard est spécialiste en géomatique pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

« La géographie est une science qui permet d’avoir une connaissance sur le territoire. Les informations ne sont pas seulement factuelles, mais elles permettent de s’imaginer le territoire de l’avenir. Si l’on regarde l’agriculture de la région, on constate que le potentiel est relativement moyen si on compare avec d’autres régions en raison du climat », constate M. Gauthier.

Grâce aux témoignages de certains agriculteurs de Saint-Fulgence qui cultivent des produits peu communs dans la région tels que des fraises, des framboises d’automne ou des pommes, les deux chercheurs ont pu remarquer que ce secteur comportait effectivement des conditions particulières de terrain qui pourraient favoriser une agriculture plus sophistiquée.

La végétation plus luxuriante et l’absence de gel à l’automne, à certains endroits, ont également été des pistes importantes laissant présager la présence de microclimats.

« En utilisant des systèmes d’information géographique, on a été capable de regrouper plusieurs données et de les analyser ensemble. Il faut dire qu’on a travaillé seulement sur des données géographiques. On a déterminé des endroits potentiellement énergétiques, mais ils peuvent être exposés à d’autres facteurs comme le vent, les haies d’arbres ou les murs de réchauffement », précise le futur géographe.

Ainsi, les deux chercheurs ont pris en compte cinq paramètres fondamentaux, dont l’altitude, la pente (degrés et orientations), les sols et la proximité de l’eau, afin de déterminer les endroits clés.

« À certains endroits, les pentes sont orientées vers le sud et la texture de sols plus sableux et plus secs fait en sorte qu’ils se réchauffent plus vite. L’argile a de meilleures qualités agronomiques, mais le sable a l’avantage sur le plan thermique ajoute Majella J. Gauthier. C’est sûr qu’il y a d’autres endroits comme ça dans la région. D’ailleurs, notre modèle est exportable. »

Le Quotidien
UQAC, samedi, 26 février 2011, p. 12
Audrey Pouliot