La parcelle «Z»

[Desmaisons] approcha un fauteuil du cadre Z comme il eût fait d’une Cécile idéale, de celle qu’il avait cru aimer. Maintenant qu’elle se trouvait réduite à cette dernière tranche infime et immobile, vivant encore d’une vie artificielle certes, mais d’une vie qui avait tenu à la Cécile vivante, il lui semblait pouvoir entrer avec elle en plus parfaite communication. Sublimée, cette particule de Cécile, de la Cécile qui n’avait pas encore péché, se prêtait à une rêverie dépouillée de souvenirs pénibles. Relique pure, presque aussi réduite que le premier germe d’avant la vie d’où s’était épanouie la Cécile qu’il avait aimée, elle subsistait encore au-delà de la mort pour fournir un dernier thème à la méditation funèbre. Méditation qui ne s’attachait plus aux pensées, aux agissements possibles de la créature mêlée au train boueux du monde, mais au mystère de sa seule existence…

Il rêvait, les yeux fixés sur le cadre. Le connaissait-il ce plan de Paris que, durant des jours et des jours, il s’était penché sur lui pour des manipulations presque ininterrompues! La ville avait pris pour lui un visage, un visage qu’il haïssait, car il avait lu dans ses traits trop de choses cruelles.

(La parcelle « Z », p. 114-115)