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Le besoin d’articulation

Ghislain Bourque
Vice-recteur à l'enseignement et à la recherche
Université du Québec à Chicoutimi
Pour toute initiative qui finit par s’imposer, on peut dire qu’on ne voit pas toujours où cela nous mène tant on a trop souvent le nez collé dessus.

C’est pourquoi il est parfois utile de prendre du recul, histoire de se donner un peu de perspective. Je n’étonnerai personne en disant que le CEE évolue. Et qu’il évolue à une vitesse peu commune. D’activité, disons, menée en bordure, développée sur la frange académique, le CEE a gagné progressivement du terrain, raffermissant à chaque année la portion d’espace sur laquelle il se faisait fort d’évoluer.

En 1998-1999, son mandat en est un d’entrepreneuriat et le CEE dispose d’une enveloppe de 190 000 $ pour le remplir… En 1999-2000, le mandat prend de l’ampleur, le centre ajoute à ses activités les midis-conférences, les ateliers de perfectionnement et la gestion-conseil. En 2001-2002, on assiste à une expansion territoriale (Sept-Îles), ainsi qu’à la venue de projets nouveaux : Concours Mentorat, Bourses aux étudiants (150 000 $) et stages technologiques…

Tant et si bien qu’on se retrouve en 2002-2003 avec un renforcement d’envergure à opérer, le tout fondé sur un appui financier des plus généreux. Pensez qu’on est passé d’un budget d’opération de 190 000 $ à un de 600 000 $ en moins de cinq ans.

Je peux dire que, d’un strict point de vue académique, le CEE est devenu un véhicule indispensable. Cela en raison du fait qu’il sert de lieu d’articulation entre la formation universitaire et le marché du travail. Un lieu d’articulation où se jouent, d’un bord, des stages technologiques, de l’autre, l’incubation d’affaires.

À cet effet, on peut considérer le CEE comme une double entreprise, au sens où, par ses stratégies d’affaires, il touche le marché, et par ses stratégies d’apprentissage, il touche la formation académique.

Dans la perspective universitaire, cette double entreprise s’avère des plus précieuses. Pour bien comprendre ce que cela veut dire, il faut faire un détour du côté de l’étudiant. Plus précisément, il faut s’arrêter sur le concept même d’étudiant. Et se demander ce qu’il recouvre à la fois comme personne, comme travail et comme investissement. Je ne ferai pas dans le détail l’exercice devant vous. Permettez toutefois que je soumette à votre réflexion quelques éléments qui orientent nos objectifs et nos pratiques de formation : d’abord, le concept d’étudiant évolue : de strictement académique, il a pris une tangente clientéliste, puis partenariale. Se perdant dans l’aventure l’idée qu’il pouvait être le produit ou, si l’on préfère, l’œuvre du travail universitaire ; ensuite, il réfère à une formation de moins en moins aseptisée : au sens où le lieu de formation classe a éclaté, faisant une place plus grande à des stratégies d’apprentissage adaptées aux objets et aux pratiques disciplinaires. Pensons ici aux environnements de formation associés aux secteurs tels : le plein-air, Okikam, éco-conseil, la formation des maîtres; enfin, il se définit de plus en plus selon un amalgame complémentaire de capacités et de compétences, où la place occupée par la connaissance doit sans cesse se moduler en raison des besoins et des exigences de la société.

D’un point de vue qui n’est ni autoritaire ni dogmatique, je me risque à avancer que les capacités se gagnent à l’étude et que les compétences se gagnent à l’action. Qu’en fait l’Université met tout en œuvre pour rendre les étudiants capables, et qu’elle compte sur la société pour les rendre compétents.

Ce sont là deux rôles tout à fait complémentaires, mais ô combien distincts. Et pour lesquels il n’est pas fécond de penser que tout revient à l’un, ou réfère à l’autre.

Sous cet angle, vous comprendrez que le CEE n’est plus en bordure. La frange qu’il occupe devient un espace essentiel à la formation des étudiants. À l’instar d’autres organismes intégrés à l’Université (Clinique de psychologie, Galerie l’Oeuvre de l’Autre), le CEE s’affaire à définir nos étudiants en termes de compétences.

Pour cela, il doit convaincre les entrepreneurs, les associer à son action, en faire des partenaires. Ce que, il me semble, il est arrivé à faire, de plus en plus, de mieux en mieux.

Dans un délai si court, on peut dire que le CEE offre tous les signes d’une réussite. Et c’est sur cette base qu’il me revient à la fois de féliciter le directeur, Monsieur Louis Dussault, et son équipe ainsi que de remercier tous les entrepreneurs (hommes et femmes d’affaire) pour leur collaboration et leur implication dans le projet global de formation des étudiants.