Monsieur Denis Doré, originaire d’Alma au Lac-Saint-Jean, un étudiant au doctorat en développement régional à l’Université du Québec à Chicoutimi, a reçu la prestigieuse Bourse Alcan 2003. La bourse d’une valeur de 10 000 $ lui a été remise par le directeur de l’Usine Saguenay, M. Camil Couillard.
Monsieur Doré devient ainsi le dix-huitième récipiendaire de cette bourse qui est offerte annuellement à la clientèle des programmes d’études avancées à l’UQAC. Les critères de sélection sont toujours fondés sur la base du dossier scolaire et sur la qualité d’un projet d’étude favorisant le développement régional. C’est la toute première fois que la Bourse Alcan est remise à un étudiant provenant du programme de doctorat en développement régional.
Détenteur d’un baccalauréat en géographie de l’Université Laval, d’une maîtrise en géographie de l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg et d’une maîtrise en études régionales de l’UQAC, son projet de recherche, mené sous la direction du professeur Jules Dufour, est orienté vers la mise en œuvre d’un développement régional plus durable, mené en collaboration avec le Centre québécois de développement durable (CQDD).
Description du projet — À l’heure de la mondialisation, pour tirer son épingle du jeu face à la concurrence internationale, une région comme le Saguenay – Lac-Saint-Jean doit pouvoir appuyer son développement sur des consensus forts permettant aux projets en démarrage de tirer pleinement profit du support de la collectivité au sein de laquelle ils prennent naissance.
Or, cet appui n’est pas toujours gagné d’avance. Pour qu’ils soient porteurs d’avenir au sein des collectivités, les projets de développement qui comportent des éléments «sensibles» (ou controversés) doivent désormais passer le test de l’acceptabilité sociale. Sans cette étape cruciale, leur démarrage risque d’engendrer frustrations et déchirements au sein des collectivités. Ces projets sont ainsi condamnés à ne pouvoir s’inscrire dans la durabilité car ils ne bénéficient pas du nécessaire support de l’ensemble de la communauté. De plus, dans certains cas, les mésententes créées peuvent entraîner des conséquences indirectes extrêmement néfastes, ébranlant les processus de concertation souvent déjà fort précaires. Les efforts de développement se transforment ainsi en vecteurs de « contre développement » qui font reculer les collectivités plutôt que de les mener en avant.
L’implantation d’une usine de traitement des sols contaminés à Saint-Ambroise (Récupère-sol) et, plus récemment, le projet d’implantation d’une filière porcine par la coopérative Nutrinor (pour n’en nommer que deux), ont clairement mis en évidence les risques associés au démarrage de tels projets en l’absence d’un processus visant leur acceptabilité, en amont, par la collectivité.
Pour s’assurer que les projets de développement plus « sensibles » passent le test de l’acceptabilité sociale et que, par conséquent, la région puisse placer son développement sous le signe de la durabilité, des outils efficaces sont nécessaires. Ces outils doivent être en mesure d’une part, d’assurer aux différents acteurs un libre accès à une information de qualité ainsi qu’un lieu de dialogue et de débat constructif permettant l’atteinte d’un compromis acceptable pour le promoteur et la communauté et, d’autre part, d’asseoir ce dialogue sur une base analytique transparente et partagée par tous, fondée sur les principes d’un développement collectif durable.
Un Bureau régional de développement durable (BRDD), s’appuyant sur une grille d’analyse et de bonification de projet, pourrait s’avérer un outil efficace pour atteindre ce double objectif. Le projet de recherche que je mène actuellement vise donc à développer cet outil et à vérifier sa réceptivité et son applicabilité sur le terrain. La démarche s’effectue en cinq étapes :
- Élaboration d’un modèle de Bureau régional de développement durable (BRDD) s’appuyant sur une grille d’analyse et de bonification de projet ;
- Vérification de la réceptivité du BRDD et de la grille d’analyse et de bonification de projet sur laquelle il repose, auprès de la population, des décideurs régionaux et des entrepreneurs (sondages) ;
- Vérification de l’applicabilité du modèle proposé par un test en situation réelle (cas concrets) ;
- Compilation des données et évaluation de la réceptivité et de l’applicabilité de l’idée proposée pour en tirer les conclusions qui s’imposent ;
- Rédaction de la thèse.
La première étape est complétée depuis quelques mois déjà alors que les étapes 2 et 3 sont entamées depuis le début de l’automne 2003 et se poursuivront au cours de l’hiver 2004. L’étape 4 devrait débuter dès l’hiver 2004 et se poursuive jusqu’au printemps alors que l’étape 5 devrait être complétée au cours de l’été 2004.
Il est à noter que mes recherches sont menées en étroite collaboration avec le Centre québécois de développement durable (CQDD). Ce partenariat s’avère une occasion d’enrichissement mutuel extrêmement positive permettant d’ancrer les recherches au cœur des réalités du milieu régional tout en jouissant d’un partage d’expertise des plus efficaces.