CHICOUTIMI (FSTG) – À regarder l’équipement et le matériel qui se trouvent dans les laboratoires des professeurs-chercheurs Damien Gaboury et Richard Cox, on a du mal à se convaincre que l’on se retrouve bel et bien dans des espaces réservés à la recherche en géologie. Avec la présence du « Bubble Blaster » (Destructeur de bulles) et la perceuse au laser fonctionnant sous vide, on se croirait plutôt dans des laboratoires destinés aux fans de Star Wars et autres adeptes des conquêtes spatiales!
Il faut dire que les travaux menés par les deux professeurs dans les locaux de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) sortent de l’ordinaire. Ils se sont en effet donnés comme mandat d’analyser et d’identifier jusqu’au plus petit élément composant les minéraux. En fait, les deux scientifiques essaient de décoder l’ADN des minéraux, histoire de mieux en comprendre la structure et la composition.
« Nous analysons les éléments les plus infimes des minéraux. Nous faisons cela dans le but de pouvoir mieux les identifier et aussi afin de pouvoir créer des outils permettant de retracer certains éléments composant les minéraux, et donc de retrouver plus facilement par le fait même des gisements de toutes sortes », explique Damien Gaboury.
De son côté, en utilisant des équipements au laser très moderne, Richard Cox cherche à dater certains minéraux et à trouver des moyens plus faciles pour ce faire. En connaissant l’âge des minéraux, on peut en déduire plus facilement l’évolution, ce qui peut aussi s’avérer fort utile dans la recherche de gisement précis de métaux de base courant au Canada, comme le cuivre ou le zinc.
Tout ceci peut sembler facile en théorie, mais pas dans les faits. C’est donc à ce moment que les talents de « patenteux » de Damien Gaboury entre en ligne de compte. Afin de faciliter ses recherches, ce dernier a bricolé, entre autres en se procurant pour 50 000 $ de pièces sur E-Bay, un instrument unique au monde appelé Bubble Blaster, instrument qui sert à isoler des inclusions fluides coincées dans les pyrites que l’on retrouve très souvent à proximité de gisements minéraux importants. En chauffant la pyrite, le Bubble Blaster parvient à dégager et à briser la bulle fluide, permettant ainsi d’en isoler les composantes et de les étudier.
« Cela nous permet de travailler à mieux comprendre comment la pyrite s’est formée, ce qui nous permet de mieux comprendre le processus de fabrication des gisements et ainsi de pouvoir les trouver et de pouvoir développer des outils pour le faire plus facilement », indique Damien Gaboury.
Décidément, on est bien loin de l’image traditionnelle du géologue penché sur un tas de roches avec un marteau…
Un projet risque de faire des étincelles
CHICOUTIMI (FSTG) – « C’est un projet qui n’est pas sans risque parce que nous allons aller au bout de nos connaissances techniques sur certains métaux comme le titane. Il y aura des dangers d’explosions ».
Non content d’avoir mis au point une machine innovatrice capable de faire l’analyse des fluides à l’origine de la formation de certains minéraux, pas encore satisfait de travailler sur le décodage de l’ADN original des minéraux, Damien Gaboury veut faire plus. Il veut créer en laboratoire des minéraux et des pyrites synthétiques. Il veut tenter de fabriquer dans les laboratoires de l’UQAC des minéraux traditionnels comme le cuivre et le zinc dans un environnement contrôlé. Le but de l’exercice : identifier et comment et sous quelles conditions les minéraux et donc les métaux de chaque type se sont formés.
« Nous aurons en laboratoire le contrôle sur tous les paramètres du processus de création, comme la température et la pression. Ce n’est pas sans risque. Nous n’avons pas toutes les connaissances de certains matériaux », dit-il.
Le nouveau projet du professeur Gaboury, de l’ordre de 400 000 $, devrait être lancé d’ici un an.
« Actuellement, une partie des composantes de l’équipement nécessaire est en cours de fabrication chez un fabricant spécialisé de la région de Toronto », relate Damien Gaboury.
Le financement lui est complété, alors que Québec et Ottawa ont versé chacun 40 % du coût total du projet.