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« Un capital régional de créativité considérable en danger d’effritement »

Saguenay, le 25 janvier 2006 – À l’aube de l’économie du savoir, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean n’est aucunement dépourvue en matière de « capital de créativité » tout à fait nécessaire à son positionnement favorable dans le nouveau cycle économique. Il représente 16,7 % de la main-d’œuvre à Ville Saguenay, 11,4 % à Dolbeau et 15,6 % à Alma. Essentiel au processus d’innovation, le capital régional de créativité s’avère clairement en danger réel d’affaiblissement. Une intervention vigoureuse et bien ciblée de la part des acteurs locaux et régionaux nous apparaît impérative pour sauvegarder et même rehausser ce capital de créativité afin d’atteindre celui de Trois-Rivières (17,7 %), de Sherbrooke (19,5 %) ou de Québec (24,2 %).

À travers le vaste bassin de main-d’œuvre qualifié du Saguenay–Lac-Saint-Jean, le CRDT de l’UQAC identifie près de 16 000 experts qui, par leurs tâches quotidiennes reliées au processus d’innovation, représentent le « capital régional de créativité ». Les experts concernés par cette créativité appartiennent à plusieurs domaines d’activité que voici : les arts et la culture; les services aux entreprises; la santé; l’enseignement supérieur; la finance; la recherche et la R&D. On y retrouve aussi les entrepreneurs et promoteurs divers, les leaders communautaires ainsi que les élus locaux, québécois et fédéraux.

Cet important « capital de créativité » participe directement au processus d’innovation par l’entremise de la fertilisation de nouvelles idées, la conception de nouveaux projets, la mise en œuvre de nouveaux produits et de nouvelles méthodes de production, l’ouverture de nouveaux marchés. Il représente la véritable capacité de repositionnement continental et mondial du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Malgré l’accroissement de la R&D dans la région avec de nouveaux centres comme le CTA (Centre des technologies de l’aluminium), le CIDEL (Centre d’innovation et de développement expérimental du Lac-Saint-Jean), le CURAL (Centre universitaire de recherche sur l’aluminium), l’affaiblissement du capital de créativité représente un danger évident. D’abord, parce que les jeunes talents quittent massivement la région en devenant non seulement un effet, mais aussi une cause des difficultés économiques vécues. Ensuite, l’intégration accentuée des activités économiques par des firmes extérieures, notamment dans les services spécialisés, rend de moins en moins nécessaire la présence régionale d’expertise pointue désormais desservie, selon les besoins ponctuels, par les sièges sociaux de Montréal ou de Toronto. L’érosion de la propriété locale et régionale des activités économiques génère aussi des effets pervers sur le bassin d’entrepreneurs actifs qui se rétrécit comme peau de chagrin. En matière de danger pour le capital de créativité finalement, le déclin démographique et le vieillissement de la population régionale affectent négativement la demande actuelle de services en général, notamment dans la culture, bientôt dans l’enseignement supérieur et éventuellement dans la santé.

Dans un esprit de réponse à ce danger évident, le CRDT de l’UQAC a identifié quatre mécanismes qui agissent sur le dynamisme du capital régional de créativité et, en conséquence, sur la capacité d’innovation. Il s’agit des regroupements et associations, des activités de réseautage, des petits événements d’interaction ainsi que des catalyseurs.

Ces mécanismes de soutien à l’innovation au sein du capital de créativité méritent une attention particulière afin d’amplifier leurs effets de fertilisation. À cet effet, le CRDT développe actuellement un outil d’observation et de mesure dans le cadre de son opération de visionnement prospectif 2025. L’objectif est très clair : sensibiliser les acteurs locaux et régionaux à la nécessité de sauvegarder le capital de créativité si nécessaire, sinon essentiel, au repositionnement de l’économie régionale sur l’échiquier continental et mondial.

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Source :
Marc-Urbain Proulx, professeur-chercheur
Département des sciences économiques et administratives
Téléphone : (418) 545-5011, poste 5243
Centre de recherche sur le développement territorial – Université du Québec à Chicoutimi