À la suite de l’article de Monsieur Richard Desjardins, intitulé « Les mesures d’atténuation », paru dans Le Journal de Québec le 1er février dernier, le recteur, Monsieur Michel Belley, a transmis la lettre suivante à l’auteur de l’article.
Monsieur Desjardins,
L’une des principales richesses de la société dans laquelle nous vivons est d’avoir le privilège d’exprimer ses opinions en tout temps et même de les publier, d’avoir le plaisir de les partager avec qui nous le voulons et aussi la possibilité de les défendre si nous y croyons. Tout cela peut même être fait sans aucune obligation envers qui que ce soit, si ce n’est que d’assumer ce que l’on affirme.
Ce privilège est donné à tout citoyen sans égard à son statut social, au poste qu’il occupe dans la société ou encore aux responsabilités qui lui sont conférées. Ce privilège, selon le statut et la notoriété du citoyen, peut avoir une influence importante, je dirais même déterminante sur le devenir d’une société. C’est à ce moment que la notion de responsabilité doit intervenir. C’est une valeur capitale dans le monde où j’ai choisi d’œuvrer.
Le milieu universitaire a ceci de merveilleux qu’il nous offre la liberté de pensée et d’expression et l’accès à des ressources pour nous appuyer dans nos démarches scientifiques. Nous sommes conscients de ces privilèges qui nous sont offerts, mais également des responsabilités qui s’y rattachent.
Nous avons un rôle important à jouer dans le devenir de cette société. Nos enseignements et nos recherches influencent le futur de la génération actuelle et quiconque voudra s’aventurer dans la facilité, la démagogie ou le pamphlétaire sera rapidement ramené à l’ordre.
Ce milieu qui est le mien a aussi ses exigences. Il nous invite constamment à nous valider et à nous confronter avec nos pairs afin de pousser plus loin la réflexion et se rapprocher, le plus possible, de la vérité. Mais cette vérité doit régulièrement être remise en question puisque la connaissance d’hier ne doit pas suffire au savoir de demain.
Ce milieu exige également rigueur, intégrité et humilité car il arrive parfois que la quête de la vérité nous conduise à des déceptions, voire à des échecs. C’est à ce moment qu’intervient la capacité du chercheur de se remettre en question, de reprendre le travail et de refaire ses devoirs. Tout cela, il le fait avec l’unique objectif de faire avancer la science et de partager avec ses collègues le résultat de ses travaux.
Colloques, communications, débats publics et articles scientifiques sont autant de moyens qu’utilise le chercheur pour diffuser son savoir et confronter ses résultats. Quiconque veut interroger, remettre en question et même contester les avancées scientifiques de ce dernier a la liberté et le privilège de le faire. Mais nous devons nous attendre, de sa part, à autant de rigueur et d’honnêteté.
Le débat qui nous concerne aujourd’hui est beaucoup trop sérieux pour laisser place à l’improvisation et à la démagogie. Lorsque, Monsieur Desjardins, dans un article intitulé «Les mesures d’atténuation», paru dans le Journal de Québec le 1er février dernier, vous associez à une « fraude intellectuelle » le travail des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi, sans même accepter de débattre des résultats et, par surcroît de confronter vos idées, cela relève de la malhonnêteté intellectuelle.
Vous venez, Monsieur Desjardins, de vous attaquer à l’intégrité de nos chercheurs et par conséquent à leur crédibilité devant toute la communauté. On ne peut passer sous silence cette faute grave. À titre de recteur de cet établissement pour lequel j’éprouve une grande fierté et dans le respect de nos étudiants et de nos partenaires, sachez qu’en aucun temps, je n’accepterai ce genre d’affirmation sans fondement.
Je vous demande de faire appel à votre sens des valeurs et d’utiliser votre notoriété pour réparer tout le tort que vous avez pu causer par cette affirmation gratuite et mensongère. Il s’impose donc que vous présentiez des excuses aux chercheurs de l’UQAC qui oeuvrent avec rigueur, depuis plus de vingt ans, à mieux comprendre notre forêt boréale afin d’en assurer la pérennité.
Michel Belley,
Recteur